The price of greatness
Saison 2, Episode 9 sur 10
Diffusion vo: TNT – 12 août 2012
Le 2nd Mass découvre le groupe de résistants formé dans la ville de Charleston, autour de Locke de Lost. Tout parait extraordinaire, mais l’est-ce ? Charleston, here they cooooome !
Deux jours après le visionnage de cet épisode, je n’arrive toujours pas à déterminer qui est le plus à plaindre à l’issue de cet épisode: Charleston qui voit toutes ces certitudes remises en cause par le 2nd Mass, le 2nd Mass qui n’a pas trouvé le refuge tant espéré ou bien moi, simple téléspectateur qui enrage à l’idée du raté dans l’exécution d’une très bonne idée.
En effet, l’idée d’opposer une autre conception de la survie est une bonne idée. Une très bonne idée qui, si elle est bien traitée, peut livrer une formidable réflexion sur les pours et les contres des deuxcamps et laisser le téléspectateur devoir faire son choix, aucun ne paraissant bon ou mauvais. C’est un peu l’utopie de ce type d’histoire et certaines séries parviennent à bien l’exploiter. Mais là, il est impossible d’adhérer à l’intrigue pour ma part tant elle verse dans le cliché et le raté. Voilà les raisons:
- Tout place Charleston comme le mauvais choix dès le début de l’épisode.
Et l’épisode va insister lourdement là-dessus. Rien qu’en arrivant, on a droit à la banderole à la cafet’ : Nation, Family, Community … Des termes très souvent repris par des régimes dictatoriaux si on associe « one » ou « un » avec: Une nation, un peuple, une famille … Par ce biais, on unit le groupe en le refermant sur lui-même et l’extérieur apparait alors comme l’ennemi, ce qui va encore plus enfermé sur lui-même le groupe etl e rendre dépendant de la bonne volonté ou non de son leader. Et d’ailleurs, rapidement, Locke de Lost ou Joe de Hawaii 5-0, se place en méchant. Déjà parce qu’il se qualifie lui-même de « leader de la majorité » et non de chef ou de président. Le leader est celui qui conduit, qui guide. Il apparait alors en sauveur. Le chef dirige et organise. On a deux points très différents làOn suit sans réfléchir le leader, on délègue le pouvoir au chef. Dans le premier cas, on l’abandonne, dans le second, on peut le reprendre à tout moment. Ici, on est clairement dans le premier cas comme la suite le confirmera et le choix du mot leader n’était donc pas innocent. Et puis en plus, Locke de Lost a un bouc. Et le bouc/barbe en fiction, c’est le méchant ‘pas tout le temps non plus, mais 9 fois sur 10). A peine 5 minutes d’épisodes et on est déjà donc poussé consciemment et inconsciemment à ne pas aimer et se méfier de Charleston. Ils sont les méchants.
- Les discours vont confirmer tout cela.
Pourquoi la série se sent obligée de lancer ses personnages dans de longs discours patriotiques ? Et cet épisode nous en livre à la pelle. Des grands sur l’avenir et tout ça, des plus petits sur le plan personnel (« j’ai été médecin de guerre ! »). Et là encore, dans les termes choisis, le contexte où ils sont déclamés et la tonalité globale, on retrouve la distinction 2nd Mass gentille / Charleston méchant. Les 2nd Mass sont dans l’argumentation et les grandes idées (liberté, résistance, victoire) là où Charleston est dans la justification peu convaincante d’un plan personnel.
- Rien ne va remettre e ncause ou faire vasciller les convictions.
Tous les discours de la 2nd Mass font mouche. A aucun moment, il y a une remise en question des valeurs de Tom et ses amis. Ils ont raison et pis c’est tout. Ils sont les héros, ils en ont bavé, donc ils ont raison. Logique étrange. Et encore, l’épisode aurait pu faire tout cela, tout ce que je lui reproche jusque là et être formidable, si il avait twisté à la fin et que l’épisode sous entende que le 2nd Mass ne vaut pas mieux que Locke de Lost. Après tout, eux aussi imposent sans réfléchir et consulter les autres. Leur point de vue est le bon et juste. Je suis sûr que n’importe quel dictateur, y compris Arthur (Locke de Lost, oui, j’ai enfin été cherché son nom dans la série) dans cet épisode, disent la même chose. Sauf que là, on ne peut pas dire que ce sont des enfoirés de dictateurs puisque ce qu’ils cherchent à imposer, ce sont les valeurs clichés américaines (courage, liberté, résistance …). Malheureusement, on n’a pas ce twist. On reste sur du : ce sont les héros, ils défendent les valeurs américaines donc ils sont les meilleurs et ont raison.
C’est vraiment dommage parce que j’attendais vraiment la confrontation des conceptions de la survie. Pour moi, celle de Charleston se tient: comme le dit Arthur, rien ne peut pousser les aliens à revenir là et en se planquant, ils ne risquent plus rien. C’est une conception défaitiste mais sécuritaire de la survie qui s’oppose à la fleur au fusil du 2nd mass. C’est bien gentil de foncer dans le tas et de croire qu’ils peuvent reprendre la Terre à eux 10/12 combattants (les autres glandant au camp), mais c’est quand même un poil dangereux. Il y a eu suffisament de pertes pour le montrer. Et d’ailleurs, c’est vraiment dommage de ne pas s’en servir maintenant. Weaver a été bouleversé par la mort de Jimmy et la logique devrait imposer qu’il accroche aux valeurs de Charleston. Idem pour Lourdes la disparue de l’écran qui a perdu son grand amour. Mais non. Ils sont morts pour la liberté, il faut continuer, pour pas que leur mort soit inutile … Mais oui … Sauf que si vous aviez deux neurones pour faire des raisonnements, vous auriez constaté que leur morts n’ont rien de noble et sont juste le résultat de la connerie héréditaire de la famille Mason …
Et la connerie est vraiment le critère de la survie des humains. Ca doit éclater les overlords, je ne vois pas d’autre explication. Non parce que bon, Charleston ne relève pas le niveau moyen des survivants. Ils sont tout aussi cons que le 2nd mass. Déjà, Arthur qui croit qu’ils n’ont pas changé. Mais bien sûr. Gambader des mois, des années dans la nature, fuir et se battre contre les mechs, subir des pertes et des trahisons, ça vous laisse tout aussi gentil, optimiste et avec foi dans l’autre voyons … Mais bon, ce n’est pas le pire. Cela peut se justifier par leur enfermement et la joie de voir de nouvelles têtes, têtes issues de leur propre passé.
Nan, le pire, c’est que tout le plan de survie de Arthur repose sur le secrêt de leur planque en carton pâte. Les aliens ont tout détruit, ils n’ont aucune raison de revenir. Et ces cons envoyent un avion se ballader partout pour rechercher des survivants, hurlant partout que la résistance se trouve à Charleston. Et si cela ne suffit pas à avertir les aliens qui font des prisonniers et convertissent des enfants partout, il y a la famille Mason et le 2nd mass qui se charge de filer cartes, plans d’accès et localisateur GPS. J’exagère un peu mais bon, combien de fois ils ont dit à des harnachés qu’ils allaient à Charleston dès le début de la rencontre ?
Donc voilà, tout le contexte pousse à montrer Charleston comme l’ennemi et une connerie. Surtout à un épisode de la fin. Pas besoin de voir le trailer pour savoir que les aliens vont débarquer en force à Charleston la semaine prochaine. En plus, ils ont intérêt à le faire qu’on ne se soit pas farci des épisodes en mode hyper économies pour rien (le précédent et celui-là qui abrite des centaines de survivants dans une cantine, un bureau et deux couloirs, le tout en carton pâte.) Ce débarquement ne fera que renforcer la position défendue par le 2nd mass et l’inscrira comme la vérité absolue. J’attends la scène où Arthur avouera presqu’en pleurant qu’il a eu tort et que Tom avait raison, qu’il faut résister, se battre, les boutter hors de notre planète plutôt que de rester planqués. Et bien sûr, cette scène sera avec un drapeau américain flottant au fond.
Bref, 3/10
Un gros gachis, un énorme gachis. Il y avait matière à faire un superbe épisode de rélfexion sur la philosophie de survie possible. Au lieu de ça, on a un épisode qui nous impose une unique manière de faire comme la bonne, le tout au milieu d’un enchainement de conneries d’un niveau abyssal. Je suis très déçu. Et inquiêt par le teaser du final qui nous demande d’attendre les 5 dernières minutes. La façon dont c’est formulé, j’ai plus l’impression que les 35 premières minutes seront chiantes alors que la volonté à la base devait être de nous dire que les 35 premières minutes aller nous bouleverser et que les 5 dernières seraient encore plus retournantes.