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Les jeux olympiques de la honte

Publié le 16 août 2012 par Robindebrousse @robindebrousse

Je me souviens avoir été très fière de voir la délégation camerounaise défiler lors de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Londres. Depuis jeux de Sydney en 2000, le Cameroun avait réussi à récolter une médaille d’or à chaque fois. À ce jour, il compte trois médailles d’or, deux d’argent et trois de bronze. Il s’agit là d’un score respectable compte tenu de l’absence d’installations sportives et du manque de financement pour développer le talent local.

Mes espoirs se sont effondrés le matin du 8 août quand une collègue m’a demandé ce qu’étaient devenus les athlètes camerounais disparus. La honte sociale : 7 athlètes camerounais – 5 boxeurs, 1 nageur et 1 footballeuse -  ont préféré disparaitre dans la nature plutôt que de représenter leur pays lors d’une compétition internationale ! Résultat des courses : aucune médaille pour le Cameroun cette année. La «disparition d’athlètes» semble être devenue une tradition lors de compétitions internationales. Il se trouve que cette année, c’est la délégation camerounaise qui a attiré l’attention des médias internationaux.  En effet, selon RFI :

 En 1996, presque toute l’équipe féminine de basket de l’ex-Zaïre a profité de sa participation aux JO d’Atlanta pour rester aux Etats-Unis. […] à la fin des Jeux du Commonwealth organisés à Manchester, la délégation de la Sierra Leone est repartie avec seulement dix de ses trente représentants. Les sportifs cubains ont même fait de ces défections leur spécialité

Source : RFI

Les causes possibles

Qu’est ce que la Sierra Léone, ex-Zaire, Cuba, Cameroun et le Soudan ont en commun ? Ce n’est pas le manque de patriotisme mais des conditions de vie qui sont suffisamment oppressantes pour inciter certains (à tort ou à raison) à prendre le risque de devenir sans papier.

Les motivations économiques

Certains décident de tenter leur chance dans l’eldorado européen pour fuir des conditions de vie difficiles. En effet, l’économiste camerounais Flaubert Mbiekop pense que les raisons de telles fuites sont d’ordre économique :

Regardez les conditions économiques au Cameroun et voyez comment le système est difficile pour la plupart des gens, particulièrement pour les athlètes qui ne reçoivent aucune aide de la part du gouvernement. Londres représente une chance ; je ne suis pas du tout surpris qu’ils l’aient saisie

Source : RFI

 La situation politique

D’autres en l’occurrence accusent le système politique autoritaire de leur pays d’origine. C’est le cas notamment de trois athlètes soudanais qui ont demandé l’asile politique à la Grande Bretagne pendant la période d’entrainement préolympique.

Le manque d’appréciation des athlètes

Ce n’est un secret pour personne, les athlètes des pays du Sud ne sont pas incités à représenter leurs pays lors de compétitions internationales parce que leur gouvernement leur offre des primes qui ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Par ailleurs, les pays en développement ne disposent pas de suffisamment de moyens pour construire des infrastructures sportives dignes d’athlètes de haut niveau. Quand bien même les gouvernements octroieraient des sommes pour développer le talent local, plusieurs dénoncent la mauvaise gouvernance au sein du système sportif.

C’est cet argument que certains des fugitifs camerounais ont utilisé pour justifier leur fuite.

 […] les boxeurs camerounais auraient subi des menaces […] de ne pas pouvoir se rendre aux Jeux olympiques, puis une fois à Londres de se voir retirer leur passeport en cas de défaite. Quant à leur prime, elle aurait d’après les sportifs, été divisée par deux par l’encadrement. Autant de pressions qui les auraient conduits à déserter.

Source : RFI

Pourtant, plusieurs athlètes des pays du Sud ont réussi à se démarquer dans leur discipline respective tout en utilisant restant chez eux. C’est le cas de la camerounaise Françoise Mbango qui a été médaillée d’or au triple saut en 2004 et 2008 et de la multitude de champions du 5 000 et 10 000m qui viennent d’Éthiopie, de Somalie ou du Kenya.

Selon vous, quelles sont les chances que ces athlètes fugitifs régularisent leur situation et continuent leur carrière sportive dans leurs nouveaux pays d’accueil ?

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