Cette recherche de la Michigan State University apporte de nouvelles preuves à une association surprenante. Celle du parasite Toxoplasma gondii, responsable de la toxoplasmose, et le taux de tentatives de suicide (TS) chez les personnes infectées. Explication, dans l'édition d'août du Journal of Clinical Psychiatry, le parasite serait aussi à l'origine de changements subtils dans le cerveau, entraînant une vulnérabilité particulière, estimée à un risque multiplié par 7 de TS.
T. gondii est un parasite membre de la famille des félidés et transmis aux humains principalement par le biais de l'eau et de l'ingestion d'aliments contaminés par les œufs du parasite. Il parasite peut être présent chez d'autres mammifères et peut ainsi se transmettre par la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite.
10 à 20% des personnes aux États-Unis portent une infection à Toxoplasma gondii, ou T. gondii, mais chez la plupart, l'infection est en latence et asymptomatique, explique Lena Brundin, professeur agrégé de psychiatrie expérimentale à la MSU. Mais, en réalité, le parasite pourrait provoquer une inflammation au fil du temps, produisant des métabolites nuisibles qui endommagent les cellules du cerveau. «Des études ont déjà identifié des signes d'inflammation dans le cerveau des victimes de suicide ou de personnes atteintes de dépression et certaines ont même déjà lié Toxoplasma gondii aux TS. Dans notre étude, nous constatons qu'être positif pour le parasite est associé à 7 fois plus de risque de TS. »
Être positif pour le parasite est associé à 7 fois plus de risque de TS : Ce travail a mesuré les scores sur une échelle d'évaluation du risque de suicide chez des personnes infectées par le parasite, dont certaines avaient déjà tenté de se suicider. Les scores des personnes infectées par T. gondii s'avèrent ainsi significativement plus élevés, ce qui indique un risque accru de tentatives de suicide à venir. Mais, rassurent les auteurs, la majorité des personnes infectées par le parasite n'ira pas jusque-là : «Certaines personnes semblent plus susceptibles de développer ces symptômes».
A la recherche d'un marqueur biologique : 90% des personnes qui tentent de se suicider ont un trouble psychiatrique diagnostiqué. La détection de l'infection permettrait donc d'identifier un groupe de personnes à risque plus élevé. Lena Brundin qui a étudié le lien entre la dépression, la maladie de Parkinson et l'inflammation dans le cerveau pendant une dizaine d'années, suggère, en particulier que l'inflammation pourrait être un symptôme plus qu'une cause de la dépression et des TS. L'inflammation liée à l'infection par T.gondii pourrait entraîner des changements dans la chimie du cerveau, conduisant à la dépression et, dans certains cas, à la TS. « Il est très positif que nous constations des changements biologiques chez les patients suicidaires », ajoute-t-elle, « cela signifie que nous pouvons développer de nouveaux modes de diagnostics et des traitements pour prévenir les suicides ».
Source: Journal of Clinical Psychiatry 2012;73(8):1069–107610.4088/JCP.11m07532 Toxoplasma gondii Immunoglobulin G Antibodies and Nonfatal Suicidal Self-Directed Violence(Vignette CDC “T.gondii”, visuel Stanford)
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