Comme d’autres blogueurs l’ont déjà fait sur ce blogue, je vous propose aujourd’hui de vous faire partager un billet de Mehdi, l’un de mes plus fidèle lecteur, qui s’interroge sur l’ouverture du Tri Nations Series à l’Argentine. Notre internaute milite pour une ouverture plus grande de ce championnat.
Bryan Habana contre l’Argentine, premièr match des Pumas dans le “Championship”
Nous nous sommes tous dit, un jour au fond de nous-mêmes sans réellement l’avouer : avec trois équipes de rugby dans l’Hémisphère Sud, c’est difficile d’en faire un tournoi de rugby d’envergure. Avec des affiches aussi alléchantes opposant l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande- le Tri-Nations, on reste toujours sur notre faim, soif de plus de rugby de cette qualité. Mais non, juste trois équipes, pas plus.
Le rugby de l’Hémisphère Sud, réputé pour être plus spectaculaire et plus rapide que son cousin du Nord, reste très limité par le nombre de rencontres dussent-elles être dédoublées dans le même tournoi. A croire qu’il n’existe que trois pays en franchissant la ligne de l’équateur.
Sans rentrer dans les détails historiques qui perdraient de vue notre sujet, ces trois nations ont toujours souffert de leur isolement. C’est alors en 1906, Springboks, Wallabies et All Blacks partaient en Tournée disputer leur suprématie du rugby chez ceux qui étaient les alors les « Home-Nations », aux antipodes . Les spécificités de toutes ces équipes ce sont révélées, comme des épices exotiques que l’on rajoute à un plat national.
C’est grâce à ce mélange des genres que chaque Nation du rugby a vu progresser le niveau et la qualité du jeu, comme s’il s’agissait d’échanges.
Mais quand les trois Titans retournaient dans leur tanière dans le Sud, ils se retrouvaient bien seuls. Pourquoi le rugby ne s’est il pas développé avec le même essor que le football ? Nous n’avons pas le temps d’en parler aujourd’hui (peut être une autre fois), mais quelque soit la réponse cela est bien regrettable aujourd’hui.
Un Tournoi des 4, 5 puis 6 Nations dans le Nord. Un Tri-Nations seulement dans le Sud…ou du moins jusqu’à l’an dernier. Les Trois Titans, à force de se rencontrer tous les ans de la même manière, finissent par lasser voire ennuyer. On ne retiens que les deux premiers matchs…puis le vainqueur, à la fin…très souvent arborant un redoutable maillot noir frappé d’une fougère argentée (Stats Tri Nations : Nouvelle-Zélande : 10 victoires, Afrique du Sud : 3 et Australie 3).
Bien que chacun (des Trois Titans j’entends) ait déjà raflé deux coupes du monde sur sept au total, cela ne suffit pas à leur bonheur. Alors rien que pour les (télé)spectateurs le créateur du Tri-Nations, le magnat de la presse mondiale qu’on ne présente plus : Rupert Murdoch, créa ce qui commença par le « Super 6 » en 1996 et termina « Super Rugby » : un championnat entre les quinze provinces des trois Comtés de l’Empire Rupert.
Ce championnat apporte un nouveau format au rugby, comme s’il multipliait les ponts entre les Trois Totos. Rupert, et sa succursale, la SANZAR, à certes multiplié les rencontres, donnant un nouvel élan dans le Sud, mais ne compte toujours pas de ce qu’on pourrait appeler « Nation Rugbystique Majeure». Si bien qu’avec le Super Rugby , et le Tri-Nations, la consanguinité commence à se faire nettement sentir dans le jeu des Trois Ogres. Les différences s’aplanissent, laissant place à un seul et unique type de jeu , tout comme lau football américain.
Les Îles du Pacifique (Samoa, Tonga, Fiji), ont bien essayé de rejoindre le Triangle VIP, sans grand succès. Les Tri-Nations ne sont pas fair-play : en échange de la naturalisation, les meilleurs joueurs du Pacifique sont attirés dans une province soit Australienne, soit Néo Zélandaise. Une « fuite des cerveaux » qui ne fait pas avancer le problème. Dernier obstacle : ces minuscules Îles ne possèdent pas de fonds nécessaires pour intégrer le Tournoi organisé par la SANZAR. Un racket odieux j’en conviens. Pourtant les anglo-saxons auraient tout à gagner en mélangeant leur jeu à celui des Îliens, essentiellement basé sur l’attaque type Blitzkrieg (c’est carrément des Journées Portes Ouvertes en défense par contre, mais qu’importe, « seul le résultat compte »).
C’est le monde à l’envers. En faisant entrer les Îles du Pacifique dans le Tournoi : non seulement cela apporterait du sang neuf dans le bon vieux rugby anglo-saxon, mais aussi cela permettrait aux Îliens, de part ce mélange, d’améliorer leur niveau en défense. Ainsi, progressivement, sur une dizaine voire quinzaines d’années, le tournoi s’élargira en transformant le rugby du Sud, avec à terme, un équilibre des forces. Tout bénéf’ pour les chaines de Murdoch qui verront leur taux d’audience grimper comme jamais. On connaîtra plus de suspens, plus d’équipes, donc plus de matchs accrochés, de nouvelles équipes consacrées championnes…Bref : de la variété ! (Voilà l’origine du petit flash-back au début sur les historiques des Tournées qui ont méné au « mélange des genres).
Voilà l’Argentine !
Mais voilà : l’équipe d’Argentine de rugby, Los Pumas, fait partie des Nations situées sous l’équateur. Elle aussi connaît la « fuite des cerveaux » avec des joueurs évoluant dans les championnats Européens et Sud-Africains. Mais lors des rencontres internationales, ces mêmes joueurs savent se tourner vers la Mère-Patrie et se mettre en ordre de bataille. Historiquement « out-sider » comme les Îles du Pacifique, les Argentins ont réussi l’exploit lors de la coupe du monde en 2007 d’atteindre les demi finales, en battant -entre autre- l’Irlande, et – surtout – deux fois le XV de France sur leur propre sol.
Puisqu’on sait déjà qu’elle va rejoindre le Tri-Nations autant se pencher, cash , sur la relation de l’Argentine avec ses voisins du Sud.
L’Argentine, de toute son histoire rugbystique, c’est-à-dire depuis le début du siècle dernier, n’a remporté que quatre (4) matchs contre l’Australie (en 1979, 1983, 1987-en Australie !- et 1997) et attends toujours de d’abattre sa bête noire : non pas les All Blacks, mais les Springboks. Les All Blacks, eux, ont dû concéder qu’un seul nul (en 1985). Tout cela résumé avec les planches ci dessous :
Cette parenthèse statistiques pouvant être interprétés de mille façons, nous la refermons très vite pour voir comprendre comment l’Argentine a rejoint le concours du Tri-Nation.
Comme nous l’avons lu plus haut, la SANZAR avait un besoin impératif d’élargir ses membres, et Los Pumas a un très bon CV a faire valoir : c’est une équipe qui a la fois regroupe de très bons joueurs, un bon palmarès en coupe du monde et matchs internationaux. En plus de sa troisième place remportée (bis !) en coupe du monde de 2007, l’Argentine est capable de l’emporter contre n’importe quelle nation européenne : l’Irlande (3 fois), la France, le pays de Galles, l’Italie (par 2 fois), l’Angleterre, et l’Écosse.
Bien évidemment, tout cela ne serait rien sans la contribution financière de la fédération Argentine, l’UAR, à acheter à la SANZAR des droits de participer pour seulement quatre ans à ce qui va devenir le Rugby Championship. Une somme gardée secrète bien sûr, la révéler ôterait tout le charme sportif de la rencontre….
De notre envoyé spécial, Mehdi