Les succès de Starbucks dans le paiement par mobile n'ont jusqu'à maintenant pas suscité beaucoup d'émulation, mais l'effervescence qui règne actuellement dans le secteur pourrait bien déclencher un tsunami sous peu. Premier indice, la chaine de restauration rapide McDonald's a lancé une expérimentation en mars dernier et, surprise, elle se déroule en France !
Pour être tout à fait précis, le service "GoMcDo" est avant tout une solution de commande en ligne, dont le paiement n'est qu'une des composantes. Disponible sur un site web dédié comme dans l'application McDonald's pour iPhone, il propose aux clients de la marque de composer leur menu à distance, de le régler en ligne, et, enfin, de retirer leur achat à une caisse spéciale (rapide) du restaurant. Pour l'instant, seuls 30 points de vente sont concernés, mais la généralisation aux 1 200 implantations hexagonales est envisagée rapidement.
En pratique, après sélection des produits dans le catalogue, le paiement est enregistré de manière tout à fait classique pour une boutique en ligne : le consommateur peut choisir de régler par carte (Visa, MasterCard ou American Express) ou par PayPal. Lors de la première utilisation, il doit fournir ses informations de paiement mais, les fois suivantes, celles-ci seront pré-enregistrées (par le prestataire spécialisé PayBox) et la transaction pourra alors être validée en un clic. Enfin, la commande est matérialisée par un code barre 2D (apparemment au standard Aztec, le QR code n'a pas le monopole du genre), qu'il suffit de présenter en caisse.
L'objectif de McDonald's avec GoMcDo est, bien évidemment, d'accélérer et de rationaliser ses processus de vente. Dans ce sens, la fonction de paiement intégrée est aussi importante que la prise de commande elle-même. Et il est intéressant de voir là un exemple d'approche du paiement mobile par le besoin (celui d'une transaction réellement rapide), ce qui est trop rarement la préoccupation des fournisseurs de solutions. En espérant convertir à ce modèle 15% de ses encaissements, la chaîne de restaurants devrait effectivement pouvoir en mesurer les bénéfices directs.
Le cas de McDonald's (comme celui de Starbucks) confirme une tendance de plus en plus sensible dans le monde du commerce de détail : la popularité du paiement sur mobile est en forte hausse mais, lassées d'attendre la concrétisation des promesses du sans contact (NFC), les entreprises choisissent des solutions beaucoup plus simples, disponibles immédiatement et accessibles au plus grand nombre de consommateurs. Même la vision futuriste de PayPal, à laquelle McDonald's s'intéresse (démonstrations à l'appui), est écartée (provisoirement ?) pour laisser place au modèle éprouvé du règlement en ligne.
C'est donc le pragmatisme qui l'emporte aujourd'hui, ce qui ne doit pas surprendre dans le secteur de la distribution. Une fois les consommateurs familiarisés à l'utilisation de leur téléphone pour "payer" (entre autres fonctions) et les bénéfices engrangés par les commerçants, il sera toujours temps d'évaluer d'autres solutions, si du moins elles apportent une valeur supplémentaire.
Et là est la leçon à tirer de cette nouvelle expérience : pour basiques qu'ils soient, les systèmes qui se déploient actuellement semblent largement suffisants pour combler les attentes des principaux intéressés (marchands et clients). S'ils se généralisent rapidement, les autres technologies (NFC en tête) auront fort à faire pour convaincre leurs utilisateurs cibles, car leur valeur ajoutée devient marginale, en comparaison.
En attendant, bien que je juge cet aspect de l'expérimentation moins important, PayPal pourrait en sortir gagnant, si sa présence dans GoMcDo devait se généraliser aux 30 000 restaurants de la chaîne (dans le monde). Cependant, comme dans le cas de Square et son partenariat récent avec Starbucks, un tel accord ne marquerait pas pour autant, dans l'immédiat, une avancée majeure de l'innovation dans les paiements, puisque les modèles retenus reposent toujours sur de "vieilles" technologies (les cartes, notamment).
Information repérée grâce à D.Vacher (merci !)