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Afrique du sud: première comparution des mineurs grévistes, la foule salue des héros

Publié le 21 août 2012 par Micheltabanou

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La première comparution au tribunal des 259 mineurs sud-africains arrêtés après les violences à la mine de platine de Marikana (nord) a suscité lundi le soutien d'une foule de femmes, venues clamer l'innocence des prévenus, considérés comme des héros. L'une d'elles,Sindiswa Zazini, 51 ans, disait sa fierté, convaincue que son compagnon Maneli Mlothana, 46 ans, est un héros. "Il sera fort. C'est un homme car il se bat pour ses droits".

Rassemblées aux abords du tribunal de Ga-Rankuwa, une ancienne township à deux bonnes heures de route de la mine et à 40 km de Pretoria, elles ont copieusement hué la police convoyant les prévenus, acheminés à bord de camions escortés par des blindés…

Leur arrivée a déclenché selon le rapport des témoins des scènes frisant l'hystérie, épouses ou sœurs se mettant à pleurer, gémir et à prier, tentant d'apercevoir ou de saluer un proche, avant d'être évacuées vers une rue adjacente où elles ont continué à manifester, entonnant des chants de protestation de l'époque de la lutte contre l'apartheid.

"Libérez les travailleurs qui n'ont rien fait", "Laissez les dehors, ils sont innocents", "Leur place n'est pas en prison", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule campée sur une route poussiéreuse, sous haute surveillance policière.

Il faut rappeler la funèbre réalité : quarante-quatre personnes sont mortes à Marikana, d'où le groupe Lonmin, coté à Londres, extrait du platine. Nous en sommes dans nos sociétés occidentales, européennes à effacer puis aller jusqu’à nier le principe de «  lutte de classe » ou du moins lui trouver un côté de désuet, d'archaïque même! L’actuell conflit ouvrier sud-africain est bien le révélateur de la persistance de cette friction permanente entre une main d’œuvre surexploitée et une entreprise sur-exploitante avec le regard de ses dirigeants, de ses actionnaires, fixé sur sa cotation boursière. Seule obsession de ce patronat, de cet actionnariat sans un regard pour la désolation, la déshumanisation de la main d'oeuvre. Le prix de la contestation légitime d’un réajustement salarial se paie cash par une réponse policière criminelle et d’une brutalité outrancière. J’ai vu ces images terribles où ces mineurs semblent être invisibles pour ceux qui tirent… Au regard de ces évènements je me pose quelques questions fondamentales sur la douceur ou la candeur de notre social-démocratie qui est bien impuissante à envisager que le rapport de force est bien toujours pour nombre de groupes multinationaux la seule méthode a employer pour maintenir les objectifs de productions… D’aucuns pourraient croire à la résurgence d’un vieux langage mais je vous l’assure la réalité dépasse parfois la fiction et c’est bien dans ce conflit social sud-africain dix hommes, dont deux policiers, ont été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux, avant que la police n'ouvre le feu jeudi contre les grévistes faisant 34 morts et 78 blessés, dans la plus sanglante intervention policière depuis la fin de l'apartheid.


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