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Le muscle drain un autre enjeu des pays en développement

Publié le 21 août 2012 par Robindebrousse @robindebrousse

Le muscle drain un autre enjeu des pays en développement

Dans un précédent article, je vous ai présenté brièvement le scandale de la disparition de 7 athlètes camerounais lors des J.O. de Londres. On a aussi vu que ce phénomène n’est pas isolé. Bien au contraire, il est plutôt devenu une tradition lors de compétitions sportives internationales. Quelles sont les répercussions de telles actions pour les pays en développement ? Quel avenir attend les fugitifs ?

Les répercussions

Anéantir  les chances de compatriotes

La désertion des athlètes du Sud n’aide pas à améliorer l’image des pays en développement. De tels actes portent aussi préjudice à d’autres athlètes. Un boxeur camerounais qui a été accusé d’avoir lui aussi fait la malle lors des J.O. de Londres s’est exprimé dans un journal local pour expliquer comment l’attitude de ses compatriotes a tué ses chances de devenir lui aussi un champion.

Quand j’étais à Londres, plusieurs sponsors mon contactés et il était question que je rentre au pays leur donner mon programme. Alors, le fait pour eux d’entendre cette fausse information sur ma fuite les a poussés à annuler tout ce qu’on devait faire ensemble, y compris les contrats. D’autre part, sur le plan sentimental, j’ai aussi ma petite amie qui m’a lâché parce qu’elle savait que je ne pouvais plus revenir. Donc, voilà sensiblement où je me retrouve aujourd’hui. Sur le plan des ressources financières, des gens se sont désengagés vis-à-vis de moi et c’est un peu regrettable. Et même sur le plan du respect de ma personne, ce n’est plus la même chose, étant donné qu’on me considère comme ceux qui ont terni l’image du Cameroun. Ca fait très mal en réalité.

Source : L’actu

Le Muscle drain

Comme si la fuite des cerveaux ne suffisait pas, plusieurs d’athlètes talentueux déplore le fait que le manque d’appréciation de leur talent dans leur pays d’origine. C’est sans doute la combinaison de plusieurs des causes que qui explique pourquoi tant de talents du Sud décident tôt ou tard de porter les couleurs d’autres pays. Le Cameroun a dit au revoir à une chance d’avoir une nouvelle médaille quand Françoise Mbango, l’ancienne double championne olympique du triple saut, est devenue française en 2010. La Sierra Léone perdait Eunice Barber en 1999 encore au profit de la France. Et des cas comme ceux-ci sont très courants. Même s’il est possible de devenir un champion tout en s’entrainant chez soi, il semble qu’à long terme ce ne soit pas payant en termes de rémunération et en développement de potentiel.

Briser les espoirs des plus jeunes

Dans les pays du Sud, le sport représente pour beaucoup une échappatoire à la délinquance. C’est une discipline pour laquelle il suffit d’avoir du talent. Un talent qui est indépendant de l’appartenance sociale, du niveau d’éducation. Certes, certains sports nécessitent des investissements importants pour s’entrainer à haut niveau mais en général, les pays du Sud excellent dans des disciplines qui demandent moins d’investissement comme le football (le vrai J), le marathon etc…  Les équipes nationales de football sont la fierté de beaucoup de ces pays qui considèrent leurs joueurs comme des héros nationaux, des modèles pour les plus jeunes. C’est grâce au succès de ces athlètes que beaucoup de jeunes défavorisés gardent l’espoir et se donnent les moyens de eux aussi faire quelque chose de leur vie. Si les pays du Sud ne peuvent plus se distinguer au moins dans le sport, que leur reste-t-il ?

Des réactions mitigées

Alors la communauté internationale condamne la fuite des athlètes qui se retrouveront bientôt sans papier, les populations locales ont une attitude plus compréhensive (voir réactions à un article local ici). Je discutais avec un ami jeudi dernier qui m’expliquait qu’il comprend l’attitude des athlètes fugitifs. Selon lui, il s’agit de personnes qui recherchent un avenir meilleur pour eux et leur famille. Ceci montre à quel point les gens sont résignés, en ont ras le bol. C’est un peu comme si de nos jours, la moindre de chance de réussir vaut mieux que de rester dans le statu quo et ce, malgré les risques que cela entraine.

Quel avenir pour les athlètes sans papier ?

L’expérience de beaucoup de gens dans les pays du Nord démontre qu’il est possible de vivre toute une vie à l’étranger en étant sans papier. Il suffit de ne pas être très ambitieux parce que ce choix de vie (est-ce vraiment un choix ?) revient à accepter de ne pas exister. On n’a pas accès à une propriété à son nom, on doit travailler au noir, subir toute forme d’abus sans pouvoir se plaindre aux autorités par peur d’être déporté etc. C’est vivre avec la peur de tout perdre du jour au lendemain.

Oui c’est vrai, certains arrivent à régulariser leur situation après coup en embauchant des avocats ou en faisant des mariages blancs. Mais quel pourcentage cela représente-t-il vraiment ? Pour beaucoup de personnes, la recherche de l’Eldorado Européen a une fin plus tragique qu’heureuse.

Il y a donc de fortes chances que la fuite des athlètes du Sud représente une situation loose-loose à la fois pour les athlètes que pour leur pays d’origine.


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