Magazine Humeur

Les trop longues et dispendieuses vacances de « Monsieur H. » sommé de payer un loyer pour son séjour à Brégançon (acte3)

Publié le 22 août 2012 par Kamizole

Les trop longues et dispendieuses vacances de « Monsieur H. » sommé de payer un loyer pour son séjour à Brégançon (acte3)

Polémique sur les « coussins de Brégançon » suivie d’une attaque contre le voyage en TGV menée notamment par Henri Guaino, l’UMP ne pouvait en rester là. Il leur fallait continuer à battre le fer tant qu’il était chaud - cela leur permettant de surcroît de faire diversion concernant la guerre intestine au sein de l’UMP pour la prise de contrôle du parti à l’occasion du congrès qui doit se tenir cet automne, les seconds couteaux se mettant désormais sur les rangs.

Acte 3 - François Hollande doit payer un loyer pour son séjour à Brégançon

Nous eûmes donc droit selon ce que rapporte Geoffrey Bonnefoy sur le Lab d’Europe 1 à une offensive de Geoffroy Didier secrétaire national à l'UMP qui veut que François Hollande paye ses vacan-ces  (3 août 2012). Je ne saurais dire s’il est monté au créneau de sa seule initiative ou poussé par Copé et consorts.

Toujours est-il que cette nouvelle charge de la cavalerie - lourde - ne brille guère par son intelligence. Ce qui ne me surprend guère venant de Geoffroy Didier. J’ai déjà eu l’occasion de dire qu’il était plutôt beau gosse - mais le sachant et en jouant, ce qui gâte tout ! - et que cela m’évoquait furieusement la fable de La Fontaine « Le renard et le buste ». Le premier concluant après un examen attentif « Belle tête, mais de cervelle point ».

Or donc, il ne craint pas d’affirmer que « Lorsqu'on est un président véritablement normal, on paie aussi ses vacances privées » ce qui paraît bien évidemment normal si son séjour avait eu lieu dans une quelconque villégiature privée. Mais par tradition, il en va tout différemment lorsque le président de la République passe ses vacances dans une résidence officielle telle que le Fort de Brégançon.

Ce proche de Brice Hortefeux - une sacrée référence ! - ne l’ignorant quand même pas « Je sais bien que les prédécesseurs de François Hollande ont utilisé aussi Brégançon. Mais quand on donne comme lui des leçons à tout le monde en faisant de la normalité une vertu cardinale, il faut aller jusqu'au bout, et payer les factures » et d’instituer une « jurisprudence Geoffrey Didier » aussi confon-dante de stupidité que de malignité : « François Hollande s'y rendant en famille pour des raisons privées et non professionnelles ni officielles, il n'y a strictement aucune raison que le contribuable soit sollicité ». A ceci près qu’à ma connaissance aucun des prédécesseurs de François Hollande n’a séjourné à Brégançon pour des raison professionnelles ou officielles.

Si François Hollande en se posant en « président normal » et en exigeant de ses ministres - sans même parler des hauts fonction-naires - une conduite vertueuse eu égard aux avantages auxquels leur fonction ne leur donne aucun droit défrise si fort Nicolas Sarkozy et sa meute de l’UMP c’est précisément qu’en moult occasions ils nous ont donné la preuve que leur fonction était l’occasion de « se servir » plutôt que « servir » la France et les Français. Népotisme et clientélisme à la clef.

Le pauvre ânon récidivant sur son compte Twitter : « Hollande, président « normal » doit payer à l’Etat, propriétaire de Brégan-çon, ses vacances strictement privées »… Ce petit galapiat sans envergure mérite une correction : je la lui donne bien volontiers ici, faute de lui asséner les bonnes baffes qu’il mériterait.

Je me demanderais bien plutôt si François Hollande a restitué à Jean-Marc Ayrault l’usage de la résidence de la Lanterne - rési-dence officielle de vacances et de week-end du Première ministre que Nicolas Sarkozy avait chouravée dès 2007 à François Fillon demandant cette faveur à Dominique de Villepin - 1er ministre sortant qui n’osa la lui refuser, pensant probablement l’amadouer au sujet de l’affaire Clearstream ?

Sur le sujet, je ne saurais trop vous conseiller la lecture d’un article fort intéressant de Charles Jaigu À la Lanterne, la Républi-que se met à l'ombre des rois  (Le Figaro 18 août 2011) qui relate cet épisode de la geste sarkoïdale - qui prouve une fois de plus le peu de cas que fit Nicolas Sarkozy fit du « pôv Fillon » et qu’il entendait bien cumuler les deux résidences - Elysée et Lanterne - au même titre que les deux fonctions - mais il y relate surtout l’histoire de cette ancien relais de chasse bâti en 1787 par le prince de Poix, capitaine et chasses et gouverneur de Versailles;

Cet article nous apprenant de surcroît que ce fut le général de Gaulle qui dès 1959 décida que La Lanterne serait attribuée au Premier ministre (Michel Debré à l’époque). Une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy aura eu beau prétendre « qu’il mettait ses pas dans celui du Général » en appeler aux mannes gaullistes et se poser en héritier à chaque fois que cela lui parut utile, ses actes furent toujours contraires à la façon dont Charles de Gaulle aura agi.

Acte 4 Les vacances de François Hollande furent trop longues

Cette fois c’est Hervé Gattegno, journaliste et chroniqueur au Point qui se pose en donneur de leçon : Hollande a pris trop de vacances  (20 août 2012). Je l’avais connu plus intelligent et moins sectaire mais apparemment Le Point est devenu un adversaire encore plus acharné de François Hollande et du gouvernement socialiste que Le Figaro. Nous n’avons donc pas fini de rigoler à décortiquer leurs articles, sans même parler de PhilippeTesson, chef de meute.

L’introduction de son intervention sur RMC donne le ton : « Ce n'est pas tant à moi qu'il a manqué, mais à ses devoirs - peut-être à ses engagements. Qu'on le veuille ou non, le présidentialisme français est ainsi fait que l'absence du président laisse forcément un grand vide. Dans l'apparence du pouvoir, mais aussi dans la réalité. S'il y avait eu des décisions importantes prises cet été, on en aurait entendu parler ! De ce point de vue, les longues, trop longues vacances de François Hollande ont prolongé une impression qui était déjà fâcheuse : celle d'un président peu pressé de régler des questions de plus en plus pressantes ».

C’est d’autant plus ridicule et mal venu sinon limite ignoble que pendant ces trois semaines François Hollande est loin d’être resté à barboter les pieds dans l’eau ou jouer les touristes. Qu’il est bien évident qu’il est resté en contact avec Jean-Marc Ayrault et d’autres ministres, notamment Laurent Fabius qui l’aura tenu informé sur la Syrie,

Hervé Gattegno - dont je me souviens qu’il fut naguère journaliste au Monde - tombe dans la mauvaise foi la plus absolue : « dans aucune entreprise un salarié "normal" qui arrive en mai n'a droit à trois semaines de congé en août. Surtout, la crise, les tensions autour de l'euro, les massacres en Syrie, les violences dans les cités..., ce sont des réalités qui ne prennent pas de vacances ». Jusqu’à présent, aucun des présidents de la République élu en mai n’a été privé de vacances comme un salarié lambda. Petite anecdote, quand je suis revenue définitivement à Orléans en 1972, j'ai été embauchée début mai. L'usine où j'étais infirmière fermant en août, j'ai des vacances mais... sans solde !

J’ai été au contraire frappée par la pertinence des propos tenus au moment de son départ par lesquels François Hollande justifiait qu’il eût besoin de vacances et s’il ne les avait prononcés j’aurais utilisé les mêmes mots que lui pour argumenter contre les chiens de garde de l’UMP et Hervé Gattegno qui jappe avec eux.

« Ce sont des vacances comme je les vis d'habitude mais nous sommes dans un contexte très difficile, il y a des turbulences sur les marchés européens (…) ce ne sont donc pas de vraies vacances mais un moment de pause (…) elles doivent être consacrées au repos, cela fait un an que je suis en campagne, puis après le 6 mai aux responsabilités, donc il y a nécessité de recharger les accus, mais dans cette période-là il n'y a pas véritablement de suspension, il y a toujours une vigilance ». J’ajouterais qu’il a annoncé sa candidature aux primaires socialistes en mars 2010 après les élections cantonales où il avait dû s’investir à fond plusieurs mois, sa nomination à la présidence du Conseil général de Corrèze étant un préalable obligatoire pour briguer l’investiture socialiste et qu’ensuite la campagne interne pour les primaires fut pendant sept mois loin d’être une promenade de santé. Là encore, il sillonna la France de réunions en meetings et rencontres d’électeurs. L’on pourrait être burned out pour beaucoup moins que cela…

Hervé Gattaigno aurait-il - comme Philippe Tesson - perdu toute mémoire ? En 2007 Nicolas Sarkozy n’attendit même pas la période estivale pour s’octroyer une semaine de vacances de luxe à Malte sur le yacht de Vincent Bolloré - un des commensaux de la Bande du Fouquet’s - alors qu’auparavant il avait affirmé - on ne lui demandait rien ! - vouloir faire une retraite spirituelle à l’abbaye de La Pierre-qui-Vire dans l’Yonne. Cela ne l’empêcha point de partir 15 jours en vacances aux Etats-Unis, à l’invitation d’amis. Sa seule prestation « politique » fut de passer une journée chez George W. Bush. S’il multiplia les interview (16 !) ce ne fut point pour traiter des problèmes politiques ou autres en France et dans le monde mais pour monopoliser les médias : « 36-15 j’existe » !

Hervé Gattegno jappe donc comme Fillon, Copé et le reste de la meute : « Hollande, à la niche ! » comme si un retour prématuré et dans l’urgence à l’Elysée eût changé quoique ce soit au cours des évènements aussi bien en Syrie que dans la zone euro. Sans même parler de la violence dans les cités. Qu’aurait-il fait de plus que Manuel Valls s’il s’était déplacé à Amiens ? Si Gattegno regrette le temps où Sarkozy bondissait comme un beau diable dans tous les lieux où se produisait un fait-divers quelconque, tant pis pour lui.

Il est au demeurant tout à fait inexact de prétendre que François Hollande n’aurait rien fait et se serait totalement déconnecté de la politique pendant ses trois semaines de vacances comme le souligne Marianne Les vacances de M. Hollande  (Marianne 2, le 20 août 2012). Il s’est notamment rendu à la gendarmerie de Pierrefeu dans le Var en compagnie de Manuel Valls rendre un hommage aux deux gendarmes tuées le 17 juin 2012  (20 minutes 14 août 2012) par un homme au moment de son interpellation. Hommage que le père d’une des victimes considère trop tardif  (lci 14 août 2012) dénonçant une opération de communication.

Or, au moment des obsèques François Hollande - qui rentrait d’une réunion du G20 et devait présider le Conseil des ministres - s’y était fait représenter par son directeur de cabinet adjoint. Sans doute Nicolas Sarkozy qui se pourléchait les babines du sang des victimes de fait-divers comme une hyène eût-il bousculé son agenda pour y assister et afficher une fausse compassion. N’ayons garde qu’il est connu comme « l’homme qui rit dans les cimetières ». Je l’avais trouvé particulièrement abject quand, revenant de l’hôpital où le jeune policier d’Aix-en-Provence grièvement blessé à la tête par un tir d’arme lourde par des malfrats et qui luttait - sans guère d’espoir selon les réanimateurs - entre la vie et la mort venait de mourir, il annonça lui-même son décès à ses collègues. N’était-ce pas plutôt à ses supérieurs, dans l’intimité du commissariat ?

Les critiques d’Hervé Gattegno sont du parfait copié-collé des gimmicks de l’UMP. Le crime de François Hollande : « le gouvernement a surtout déconstruit la politique de Nicolas Sarkozy alors que la mise en œuvre de son propre programme est sans cesse différée ». Soit. Mais n’était-ce pas un préalable nécessaire ? « Ça finit par donner une impression d'irréalisme et/ou d'immodestie : comme si François Hollande considérait que les événements allaient s'aligner sur son tempo. On voit bien que ce n'est pas le cas »… Cette remarque est particulièrement stupide. Je ne pense pas qu’en agissant dans la plus totale impréparation comme le fit constamment Nicolas Sarkozy - pour le si peu de résultat que l’on sait - François Hollande aurait plus de prise sur les évènements - bien au contraire - qu’en prenant le temps de réfléchir, d’analyser les situations afin de trouver les meilleures réponses possibles à des situations très souvent complexes et difficiles à régler pour préserver tous les intérêts.

Sa réponse à la question de savoir si « François Hollande ne cherche pas encore et toujours à souligner le contraste entre son style et celui de Nicolas Sarkozy, qui était en effet beaucoup plus trépidant » achève de le faire sombrer dans le ridicule le plus absolu.

Il commence par répondre qu’il n’y a qu’en littérature que l’on puisse dire « Le style, c’est l’homme »… déjà à condition d’en avoir ! Peut-être s’y connaît-il en la matière, à moins que ce ne fût une banale formule de convenance mais dans les relations humaines et sociales le style de quelqu'un - sa façon « d’être au monde » - a non moins sinon plus d’importance pour les personnes qui le subissent. Mais Gattegno n’en a cure : « en politique, ce qui compte c’est la capacité d’action et de réaction (…) dans ce registre,Sarkozy en faisait trop. François Hollande n’en fait probablement pas assez ». L’action pour l’action est pur non sens si l’esprit ne la commande pas.

Et cette ultime connerie : « Son été paresseux aura pu donner le sentiment que - pendant que le président grossissait à vue d'œil (ah ! Bon… je n’avais rien vu mais il faut dire que je suis bigleuse, même avec mes lunettes) - ses ambitions réformistes, elles, avaient tendance à mincir... »


Retour à La Une de Logo Paperblog