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Le gang des sachets noirs - 2

Par Yoyolajolie
(Suite et fin)Ma copine Perpétue et moi, étions à la cérémonie de distinction pour les quinze années de carrière de sa maman. L'ambiance était sympa jusqu'au moment où le buffet fut ouvert. Une escouade de Mamies bobaraba a investi les lieux. C'était gâté!
Elles ont profité d'un moment d'inattention, lorsque tout le monde était servi et concentré sur son assiette, pour passer à l'offensive. A ce moment précis, j'me suis dis que l'espèce humaine était en totale perdition. Elles avaient s'étaient préparées en conséquence. Tous les petits fours ont disparus en un tour de main. Dans l'effervescence, l'une des dames a jugé bon de stopper son élan. Elle analysait un grave dilemme: Faut-il aller jusqu'au bout et oser s'emparer des vrais plats (attieké, poissons, sauce, viandes...) ou s'arrêter aux amuses-bouches et garder le peu de dignité qu'elle avait? La réponse n'a pas eu le temps d'être formulée qu'il y a eu un court-circuit dans ses synapses: une de ses camarades à dégainé son sac à main, a sorti de gros sachets noirs et y a introduit des brochettes.
Moi qui ai suivi l'affaire, j'ai entendu le méchant bruit du "zip" de la fermeture éclaire, ouverte avec tellement d'enthousiasme et de fracas, que la dame qui se triturait l'esprit avec sa question existentielle a failli se faire un claquage au cou. Au son du zip, elle a tourné la tête tellement rapidement que ça a failli lui être fatal. Elle a dindin* sa camarade, esquissé une moue renfrognée, lancé un "tchrououou" phénoménal et s'est jetée en une demi seconde, sans réfléchir sur le premier plat devant elle. Il fallait qu'elle la prenne de vitesse. Une question d'honneur! Son sachet noir déjà rempli à ras-bord, je ne sais quelle partie de son cerveau lui a suggéré d'utiliser l'espace qui se trouve dans son corsage pour réceptionner le reste de son butin. Manque de pot, les choses sont allé trop vite. Son cerveau n'a pas eu le temps de traiter l'information. Ses capacités motrices, malgré l'embonpoint généreux du tireur d'élite qu'elle fut, ont fait preuve d'une grande souplesse. Malheureusement, le plat visé ne se prêtait nullement à la circonstance.

Le gang des sachets noirs - 2

Une oeuvre de Augustin Kassi, peintre ivoirien


La seconde qui a suivi, tout le monde avait les yeux rivés sur le fameux buffet, alerté par un bruit de casseroles, de cuvettes... La Tantie s'est retrouvée par terre, les quatre fers en l'air, un gros crabe sur la tête, son complet maxi recouvert de sauce gombo toute gluante. Penaude, elle est resté trois longues minutes à regarder l'assemblée l'air hagard.
La partie qui m'a le plus fait rire, c'est lorsque j'ai vu qu'elle a laissé tombé de son corsage, sa main qui avait emprisonné une grosse boule de placali qu'elle avaitpaumé dans sa précipitation. Sa camarade lui a lancé :"Hummm Jeanne! Jusqu'à tu voulais mettre placali là dans tes seins, toi aussi, quand tu te regardes là, ya place là bas?!" Suivi d'une autre: "Voilà! Dans tonwèlèwèlè*là, tu t'es honni comme ça. Tu fais comme si tu manges chez toi aussi! Ôkpô!"
Le DG, indigné. Les convives, gênés. L'ambiance, gaou!Perpétue et moi, (bien entendu), mortes de rire!

Le gang des sachets noirs - 2

La boule de placali qui a mit le drap de la tantie 

Le gang des sachets noirs - 2

La fameuse sauce gombo


*dindin: regarder
*wèlèwèlè: attitude dégingandée

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