Déshumanisation. C’est vrai de beaucoup de rapports humains et sociaux. Faut-il ajouter des robots ? Deux articles sur le sujet pour le prix d’un. Après les robots chinois coupeurs de nouilles en quatre (23 août 2012) je découvre - toujours sur le blog Big browser - un article non moins intéressant sur Affeto, le robot japonais qui ressemble à un bébé humain (22 août 2012). « Affeto ». Le nom ne doit rien au hasard : il évoquerait l’affection ou l’affect en italien.
Car il ne s’agit nullement d’une poupée plus sophistiquée et autrement ressemblante que les baigneurs en celluloïd de ma tendre et lointaine enfance. « On pourrait presque le prendre pour un vrai bébé » écrit Sylvain Chatelain Un bébé robot d'un réalisme troublant développé au Japon (Le Figaro 21 août 2012). Son apparence est calquée sur celle d’un enfant d’environ deux ans. Ses bras, le cou et la colonne vertébrale sont animés par vingt mécanismes pneumatiques tandis que son visage reproduirait des expressions humaines.
Nulle fonction ludique donc - à moins que son usage fût par la suite détourné. « L’objectif scientifique des chercheurs est en effet de parvenir à créer un robot suffisamment «vivant» pour étudier les interactions et l'attachement qui se créent entre un enfant et les adultes qui s'en occupent ».
Je ne suis nullement convaincue de la pertinence d’une telle recherche. D’abord parce que la psychanalyse nous apprend que beaucoup de choses se jouent dans les tous premiers mois sinon in utero et qu’ensuite à deux ans un jeune enfant a commencé à parler et qu’il est donc capable de verbaliser ce qu’il ressent des relations avec son entourage. Enfin et surtout, s’il s’agit d’analyser les interactions entre les adultes et les enfants, ce « modèle » fait fi de ce qui se passe dans la « vraie vie ». Comment penser un seul instant qu’un robot aussi ressemblant puisse-t-il être sur le plan morpho-logique et gestuel pourra rendre compte des sentiments d’un enfant lors même qu’aucun ne réagit consciemment ou incons-ciemment de la même façon face à des situations similaires ?
L’article du Figaro conclut que « Nul doute que le projet, financé au moins jusqu’en 2016, trouvera des champs d’application en psycho-logie ainsi qu’en robotique ». Soit. Mais restant dans la veine de « l’anticipation » et comme j'ai tojours fort mauvais esprit : s’il s’agissait au contraire de chercher à créer un moule destiné à rendre les enfants « parfaits » ? Bien sages. Non contestataires.