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La semaine politique: "Nous sommes en état de guerre"

Publié le 26 août 2012 par Letombe
semaine politique:

François Hollande est donc rentré lundi, après un weekend de canicule sur l'essentiel de la métropole. On lui a promis une rentrée « dure », « difficile », « impossible », presque ratée d'avance.
Une rentrée socialo-fiscale agitée, puisque cet été nous n'avions encore rien vu malgré un plan d'urgence de plus de 7 milliards d'euros d'efforts.
Quand l'UMP au pouvoir économisait 10 milliards d'euros de niches fiscales, on nous expliquait que l'effort était gigantesque. Cette fois, 7 milliards était jugés chose négligeable par les mêmes qui nous avaient placé là.
En Italie, le président du Conseil Mario Monti n'a pas hésité sur les termes: «nous sommes en état de guerre contre l'évasion fiscale» a-t-il expliqué. Son pays, l'Italie, est à peine mieux lotie que la Sarkofrance dont a hérité François Hollande. La dette publique y est moins importante - en valeur absolue comme rapportée au PIB national - mais l'impôt rentre très mal, le chômage y est terrifiant, la confiance des prêteurs en presque chute libre. Mario Monti, le technocrate, a parfois des expressions pleines de bon sens: « Il y a un an, nous pensions moins que nous ne le faisons aujourd'hui que nous étions dans une crise mais je crois que nous y étions encore davantage  ».
François Hollande serait-il inspiré de vendre la Tour Eiffel ? Après tout, une chambre du Commerce italienne (celle Monza et Brianza), l'a évaluée à 434 milliards d'euros, un quart de notre endettement national. Vendre les joyaux du pays pour renflouer les caisses ? L'affront serait-il à ce point suprême ? En France, TRACFIN fait ce qu'elle peut. Parfois bizarrement, quand un ministre dénommé Woerth lui demande de traquer un élu socialiste. Dans son rapport 2011, enfin publié ce 22 août, on apprenait que l'organisme recevait un peu moins de 400 déclarations de suspicion relatives à des personnalités ...
Pour la zone euro, la Merk-Allemagne a prévenu: ne vous attendez à rien d'essentiel quand Hollande puis Samaras viendront à Berlin en fin de semaine... Sans rire ? Dans les milieux officiels, on se reprend à évoquer une sortie de la Grèce de l'eurozone.  Jeudi, Hollande n'est pas d'accord. Mais Merkel compatit sur la douleur des efforts à faire. Le premier ministre grec rêve d'un rééchelonnement des efforts (il lui manque encore 14 milliards d'euros!)... qui n'a pas été accepté par les deux leaders.
Dans les colonnes du Monde, il nous explique, sans haine ni remords, combien l'immigration clandestine causait de l'insécurité en période de crise. L'homme répétait une antienne xénophobe si facile. Ce sont pourtant les immigrés qui semblent être la cible des suppôts du Parti néonazi grec. En Les attaques racistes se multiplient. Le Haut commissariat des réfugiés des Nations unies (UNHCR)  exprime son inquiétude devant « l'aggravation » des attaques racistes en Grèce. Vendredi, des milliers d'immigrés manifestent.
Crise, chômage, xénophobie, faillite... quel cocktail!
En France, les critiques restent dérisoires. Il y a bien le sujet Roms, qui avait provoqué gêne, disputes voire colère. Mercredi, le premier ministre a reçu des représentants de Romeurope, pour annoncer ensuite la levée des interdictions et taxations de travail qui frappe la communauté Rom. L'association a salué le changement de ton.
Mais pour les commentateurs, le problème était ailleurs: la cote de François Hollande plonge dans les sondages.
Et alors ?
Quelle popularité ? Que fallait-il espérer après quatre années années de crise, trois millions de demandeurs d'emplois, un pouvoir d'achat en berne et des comptes publics plombés ?
Des danses de rue et des confettis sur les Champs Elysées pour célébrer la rentrée ?
Même Jean-Luc Mélenchon, sans surprise, fait sa rentrée sur le dos du président Hollande. Il l'accuse d'avoir briser l'élan révolutionnaire du printemps. Fichtre ! Nous l'avions raté celui-là... Comment Mélenchon espère-t-il peser sur le réel en taillant ainsi ses anciens camarades sans attendre ?
Cet été, la (petite) manipulation sarkozyenne avait consisté à clamer qu'Hollande ne faisait rien. C'était drôle. L'ancien monarque - qui souffla dans le vide sur le dossier syrien voici 15 jours - aimait tant les vacances, du Cap Nègre à Marrakech. Qui étaient-ils, ces Sarko-fans, pour nous livrer leurs leçons après cette décennie ratée ?
A Nice, l'Association des Amis de Sarkozy se réunissait pour la première fois. Les appels à son retour se multipliaient. Même la prétendue Sarko-résistante Nathalie Kosciusko-Morizet avouait « l'immense vide » causé par son absence. Cet aveuglement collectif sur l'ancien leader déchu et mystérieusement millionnaire était de mauvais augure pour la recomposition de la droite républicaine. Fillon livre ses mesures « choc » dans les colonnes du Point (que n'a-t-il fait pendant 5 ans alors qu'il se décrit plutôt comme prudent de nature ?) et se voit un destin à la Pompidou. Copé chute (aussi) dans les sondages.
semaine politique: Bien inspirés, les sondeurs ont demandé si Hollande en faisait assez pour l'emploi et la croissance.
Mercredi, comme pour mieux répondre à cette impatience, Jean-Marc Ayrault a joué à l'omni-premier ministre, 25 mesures, chantiers et projets de lois annoncés d'ici décembre, sans compter les conférences et missions connexes. On pouvait citer la réforme fiscale, le pacte européen, la banque publique d’investissement, les 80.000 emplois aidés supplémentaires, les « emplois d'avenir », le relèvement immédiat de 25% du plafond du livret A, la création d'un système de caution aidée, ou la tarification sociale et progressive de l'électricité et de l'eau.
Jean-Marc Ayrault promet aussi un rapprochement de l'ARCEP et du CSA, un chantier lancé la veille avec Aurélie Filippetti (Culture) et Fleur Pellerin (Numérique). Quelques grincheux hurlèrent à la censure du Net... Pourquoi tant de stress ? Le CSA est une institution fatiguée, l'ARCEP une tutelle parfois très légère des tuyaux numériques.
Après l'agitation immobile sarkozyenne, pouvait-on se donner le temps de travailler, réformer, corriger ?


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