Comme nombre d’internautes, je ne m’étais pas privée d’ironiser sur les talents « d’artiste » de Cécilia Gimenez puisque ce serait le nom de la « barbouilleuse » que j’avais épinglée On ne s’improvise pas « restauratrice » (12 août 2012). Or, il semble que si l’art n’y a rien gagné, la ville de Saragosse n’a pas - tout - perdu au change car Le Point nous apprend qu’en Espagne le tableau du Christ attire des centaines de visiteurs (25 août 2012) et en effet, certains s’en réjouissent, tel cet organisateur de la fête patronale qui se tenait samedi : « soutenir celle qui a fait que notre ville soit connue partout dans le monde », un autre participant s’en amusant « La dame aurait pu se décider à le faire avant ! Sa commune va devenir célèbre » !
Les images de la télévision publique montraient une longue file d’attente pour s’approcher de l’œuvre peinte sur une colonne de l‘église et désormais protégée par un cordon de sécurité. Une femme venue spécialement pour l’occasion affirmait que « La peinture précédente était aussi très jolie, mais celle-là je l'aime bien »… Des goûts et des couleurs l’on ne devrait point discuter selon la sagesse populaire qui ajoute très souvent : « tous les goûts sont dans la nature ».
Admettons. Mais une pétition signée par 18.000 personnes vise à s’opposer à un tentative de restauration dans sa version d’origine - une équipe de professionnels étant attendue lundi qui doit évaluer ce qu’il est possible de faire- de cette œuvre représentant le visage du Christ en croix, réalisée au XIXe siècle par Elias Garcia Martinez, un artiste local. Comment osent-ils comparer cette horreur - et je souscris totalement à la description : « La chevelure aux allures de pelage de singe, la bouche effacée et le nez maladroitement stylisé nés sous son pinceau n'ont plus rien à voir avec l'original : un "Ecce Homo" aux traits fins coiffé d'une couronne d'épines » - avec les œuvres de… Goya, Munch ou Modigliani. Bigre ! Il doit y avoir quelque chose comme un "trou d'air" dans mon éducation artistique.
Leurs élucubrations ne pouvant s’arrêter en si bon chemin : « L’intervention de l’artiste en herbe - quand même 85 ans ! - serait le reflet intelligent de la situation politique et sociale de notre temps (…) une critique subtile des théories créationnistes de l’Eglise »… Cela me fait bien évidemment pouffer de rire. Je croyais pourtant avoir entendu pas mal de conneries du même tonneau en Mai 68 mais ces imbéciles les surpassent largement !