Unilever fait partie de ces géants de l'agroalimentaire dont on connaît plus les marques que le nom. Et pourtant, ces derniers mois, les français ont pu découvrir ses méthodes, notamment au travers de l'affaire Fralib.
Affaire Fralib ?
Pour ceux qui l'auraient oublié, Fralib est une filiale française à 100%d'Unilever qui fabrique les infusion des marques Lipton et Elephant. Or, depuis septembre 2010, pour d'obscures raisons de rentabilité, Unilever a annoncé la fermeture de l’usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), afin de délocaliser la production à l’étranger.
Outre que le plan de sauvegarde de l'emploi a été rejeté par l'inspection du travail, Paul POLMAN, le PDG d'Unilever refuse mordicus de céder la marque aux employés qui envisagent de reprendre l’activité sous forme de société coopérative de production.
Il s'en est expliqué au Figaro dans une interview où il menace le gouvernement français, et nous gratifie d'une logorrhée bien patronale, par laquelle il réclame pèle mêle : La réduction des dépenses de l'état, la compétitivité qui serait obtenue, bien entendu, en augmentant la flexibilité des salariés, ... Et d'ajouter : « En Europe, les charges sur les salaires sont trop élevées »
Mais encore ?
« (...) L'Europe doit aussi s'attaquer au défi de la compétitivité de l'emploi, avec des charges sur les salaires souvent trop élevées. La crise monétaire est un symptôme des problèmes de l'Europe, elle n'en est pas la cause… La pression des charges sur le travail nous fait perdre du terrain en matière de compétitivité par rapport aux fabricants de marques de distributeurs (...) »
On notera au passage que monsieur POLMAN a une vision bien particulière de la concurrence ! Et une mauvaise foi totale, dans la mesure où les charges qu'il incrimine sont strictement les mêmes pour les industriels qui fabriquent les produits de marques des distributeurs.
Au passage ce grand humaniste explique : « (...) Notre défi, c'est l'Europe, où les coûts augmentent et où les consommateurs ont moins d'argent (...) » D'où cette idée de génie lancée aujourd'hui et reprise, entre autre par le Nouvel Obs : Tout simplement diminuer la taille des contenants !
Alors comment continuer à vendre aux pauvres tout en conservant des marges confortables ?
Jan Zijderveld : « Si un Espagnol ne dépense plus en moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget » Donc pourquoi ne pas proposer comme dans les pays asiatiques : « (...) des produits meilleur marché car en plus petit conditionnement (...) » Et Zijderveld de nous expliquer : « (...) En Indonésie nous vendons des échantillons individuels de shampoing pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant nous gagnons de l'argent (...) »
Le Financial Times Deutschland qui l'a interviewé nous explique d'ailleurs : « (...) qu'Unilever a par exemple commencé à vendre en Espagne de petits paquets de lessive ne permettant de faire que cinq machines »
Belle démonstration de cynisme que les consommateurs des produits et marques d'Unilever devraient apprécier à sa juste valeur ...
Crédit photo Cdiscount