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Chine : le Tibet, mais pas que...

Publié le 26 mars 2008 par Cecile Berthelon @walinette

C'est Ze actualité du moment : que faire face à la montée de la répression chinoise au Tibet et doit-on se servir des JO comme levier comme le préconise Reporters sans Frontière ?? Que faire fasse à la censure chinoise ? Cette dernière interrompant la diffusion de la cérémonie de la flamme olympique lors de l'intervention de RSF.

Je ne pense pas pour ma part qu'il faille envisager un quelconque boycott, l'ouverture de la Chine au monde et son interaction avec les JOs étant positifs. L'idée d'un sportif français suggérant que les participants portent un signe distinctif pour protester lors de la cérémonie d'ouverture me semblent plus juste (faut juste que ce ne soit pas "trop" subtil). Devant l'afflux de reporters - sportifs - touristes étrangers, la censure chinoise aura plus de mal à s'exercer et on ne peut qu'encourager l'échange entre chinois et occidentaux. Par contre, il faut en parler à cette occasion, la Chine voulant jouer sur les places mondiales, il faut qu'elle en accepte les règles du jeu et bien se rendre compte de l'image qu'elle donne. La Chine est sensible à son image, elle y travaille d'ailleurs beaucoup pour ces jeux, et je suis curieuse du rendu qu'on va avoir (cours d'anglais pour les chauffeurs de taxi, apprentissage des règles de base de la courtoisie : faire la queue, ne pas cracher...)

Les JOs sont un évèvements d'une importance capitale pour la majorité des jeunes chinois. Cela signifie que "ca y est" la Chine est sortie du tiers monde et à toute sa place sur la scène mondiale, elle retrouve sa grandeur d'antan. Les chinois éprouvent une fierté sans borne concernant ces JOs. Avant que je ne quitte Beilun, mon petit collègue chinois m'avait offert toute la série des peluches mascottes (ce qui devait représenter pas loin du quart de son salaire...) en m'assurant qu'on se reverrait en aout 2008 : il était absolument impensable pour lui que je ne sois pas de retour en Chine à cette date pour assister à l'évènement. Le monde entier se devant d'être à Pekin, pour assister à l'avènement chinois.

Le délicat problème du Tibet donc.. il ne faut pas se leurrer, le Tibet ne deviendra JAMAIS indépendant. Pour deux raisons :
- si il représente 40% ( province du Tibet mais également provinces alentours : Gansu, Sichuan, etc... où on trouve destibétains) de la Chine, la population tibétaine ne représente qu'un pouillième de la population chinoise (genre 1%, je n'ai plus les chiffres en tête), et ceci jusqu'à la province même du Tibet : les tibétains ne sont plus majoritaires chez eux : les chinois han (l'ethnie principale chinoise) sont plus nombreux
- le Tibet a des ressources : minerais divers, sources des grands fleuves.. indispensables à la Chine
Ce que les tibétains réclament, c'est une liberté de culte et d'expression qui leur est refusée par le rouleau compresseur chinois. Et ça on est d'accord, c'est absolument inadmissible.

Seulement voilà, il y a quelque chose qui me chagrine dans cette histoire. C'est que les tibétains ne sont pas et de loin les seuls opprimés dans cette histoire. On omet systématiquement de mentionner une autre province à la problèmatique identique (minorité, ressources - en gaz cette fois) : le Xinjiang. Le Xinjiang est la plus grande province chinoise et la plus à l'ouest puisqu'elle fait la frontière avec l'Asie centrale. Il y a nombre de minorités musulmanes dans cette province. Minorités qui ont autant en commun que moi avec les chinois Han. Les plus nombreux, ce sont les Ouighours. Population complètement muselée par Pékin et complètement oubliée par les occidentaux. Pourtant ce peuple est réparti majoritairement en Chine, mais également dans les pays voisins, compte de la même manière que les tibétains un gouvernement en exil et possède sa propre langue (l'arabe) et culture.

J'ai eu la chance de m'y rendre lors d'un voyage et il est choquant de constater la force avec laquelle les chinois s'efforcent de gommer ces cultures : transformation totale de la ville, laminage des maisons traditionnelles cantonnées à un territoire de plus en plus étroit, déni de la langue maternelle au profit du chinois, le tout ayant un effet d'uniformisation : Kashgar, ville musulmane sur la route de la soie, ressemble désormais à n'importe quelle ville chinoise - exception faite d'une petite médina - avec son cortège de statues de Mao et d'immeubles laids en carreaux blancs. Lors d'une promenade, nous avions été invité dans une maison, une jeune fille venant de donner naissance. On nous a offert une pastèque et nous avions promis de leur envoyer une photo de la famille. Le cadet de la famille nous ayant donné l'adresse.. écrite en arabe ! et la jeune accouchée parlant chinois pas mieux que moi même.
Une autre fois, à Shanghai, nous avons bavardé avec une jeune ouighoure, médecin, diplomée de la ville d'Urumqi et qui nous a vite avoué que son rêve le plus cher était de partir immigrer au Canada, ne se trouvant aucun avenir en Chine populaire...

La Chine est un patchwork de minorités incroyable, toutes plus ou moins brimées ou regardées de haut par les chinois Han. Donc OK, parlons du Tibet, c'est bien. C'est indispensable.
Mais n'oublions pas les autres.
Même si ils n'ont pas de leader charismatique.
Même si ils sont musulmans et taxés de terroristes et d'extrémistes à la moindre action. Ne confondons pas tout.

Edit : après écriture de cet article, j'ai entendu que les autorités chinoises prévoyaient un léger différé lors de la retransmission des épreuves. Là je pense en effet comme les dirigeants de France Television que c'est inadmissible et qu'il faut envisager le boycott des images télé.


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