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Les enfants de Jessica T2 – Jours de deuils

Publié le 27 août 2012 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Dans cette suite du “pouvoir des innocents”, Jessica Ruppert, Maire de New-york et politicienne engagée, va proposer une série de mesures sociales qui changeront la politique de l’Amérique et du monde. Mais son propre camp ne la soutient plus…

Scénario de Luc Brunschwig, dessin et couleur de Laurent Hirn

Public conseillé : Adulte et adolescent

L’histoire

Les enfants de Jessica est la suite de la série culte “Le pouvoir des innocents” de Luc Brunschwig et Laurent Hirn. Ces 2 auteurs se replongent dans leur fiction politique en développant le monde imaginé 10 ans après la fin de la série. En 2007, (année du récit) ils nous plongent dans le monde dans lequel Jessica Ruppert, emblématique politicienne aux idées sociales radicales, s’est imposée au poste de Maire de New York.
Dans sa ville, suite à son élection, les choses ont bougé. Grâce à sa politique ultra-sociale d’entraide aux défavorisés, la population de New York a dans un moindre mesure subi les conséquences de la politique globale de l’Amérique. Après 3 guerres successives, l’économie du pays est exsangue et la population en a fait les frais. Voyant dans les mesures sociales new-yorkaises une possible solution à leurs problèmes, tous les laissés pour compte ont afflué vers l’état, bien au delà des possibilités. A défaut de logement social promis par les mesures de Jessica, cette population de migrants s’entasse dans un bidon-ville à l’extérieur de la ville.

Dans le premier tome, nous retrouvons Jessica, Ministre aux Affaires Sociales du nouveau gouvernement démocrate. Appelée en renfort par le président Mac Arthur, elle s’apprête à proposer 200 mesures pour engager le pays dans une profonde mutation sociale. Mais ses détracteurs sont résolus à agir. Sous le nom de “Logans”, ses ennemis les plus redoutables (de tendance extrême droite) n’hésitent pas à effrayer la population des migrants en multipliant les actions répressives d’une extrême violence (meurtres, ratonnade…). Dans ce contexte dangereux et tendu, Jessica semble plus déterminée que jamais, faisant passer ses idéaux politiques avant tout autre considération.
Le second tome débute sur le discours de Jessica devant le Congrès. Contre toute attente, elle est l’objet d’une “procédure d’impeachment” de la part de son propre camp… Ce soudain revirement est dû aux lobbying que les banques étrangères (prêteurs des fonds de guerres au gouvernement précédent) exercent sur le président. Décidé à protéger les intérêts de son parti, ce dernier a cédé devant la menace, faisant de Jessica la responsable désignée. Cette attaque lui interdira de mettre en œuvre les réformes proposées mais risque aussi de lui coûter son poste et son avenir politique.

Dans ce second tome, Brunschwig et Hirn nous emmènent suivre le combat personnel et politique de Jessica et les destins parallèles d’autres personnages liés à elle : Sa fille Emy, Salim un enfant orphelin dont le père fut assassiné par des “Logans”, le sergent Joshua Logan emprisonné depuis 10 ans, ou encore le jeune noir américain Colin Strongstone, un “Logan” fier de l’être.

Engagé et profondément humain !

C’est l’impression qu’il vous restera après une lecture d’un album de Brunschwig et Hirn. Depuis le début de leur collaboration (1992, avec le pouvoir des innocents), ce duo d’auteur nous divertit en nous faisant réfléchir. Pour y arriver, Brunschwig a choisi l’Uchronie. Avec ce principe scénaristique, il pousse (à peine) une tendance lourde de notre société (en l’occurrence, la volonté guerrière de certains gouvernements) et imagine les conséquences de ce choix politique sur l’économie du pays et la population. Pourquoi choisir l’Amérique pour cet essai ? Peut-être pour garder un peu de distance, certainement pour la proportion à servir d’exemple au reste du monde. De plus, ce pays semble être celui de tous les excès et  erreurs à grande échelle sociétale, le parfait terrain de jeu pour notre duo d’agitateurs.

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Humaniste, pas politique

Brunschwig et Hirn ne militent pas en faveur d’un mouvement. Ils questionnent (et nous avec)  les choix d’une société. Leur but est simple en fait : s’intéresser aux hommes au centre du système et regarder comment ils réagissent.
En posant un regard humaniste sur la race humaine, le duo d’auteur choisit de montrer les situations et les hommes en finesse et sensibilité . En observateurs conscients de la force du contexte, ils évitent de juger trop sommairement. Pas naïfs non plus, il n’y a pas de “bons” ou de “mauvais” hommes dans leurs récits. Tout est question de point de vue. Certains de leurs personnages commettent des actions abominables, mais ce n’est que par erreur d’endoctrinement ou par bêtise. Ils se trompent de colère…

Lisez leurs albums. Vous passerez un agréable moment de lecture sur les intrigues de leurs polars tentaculaires. Mais surtout, surtout, vous apprécierez le regard que Brunschwig pose sur ses personnages : humain et juste, sans misérabilisme, ni simplification à outrance.

Une suite ?

Les enfants de Jessica s’inscrivent dans la suite du pouvoir des innocents, mais il n’est pas obligatoire d’en connaître tous les rouages pour apprécier. 10 ans se sont passés depuis la série mère. Certains personnages sont redondants (Jessica, Joshua, Emy) mais les faits ont évolué. L’intérêt de cette “nouvelle saison” est justement de voir comment le système a fonctionné ou s’est emballé sur les principes de société posé dans le “pouvoir des innocents”. Brunschwig et Hirn ne sont pas des enfants de cœur. 10 ans plus tard, ils ne nous promettent pas un New York juste et équitable. Sous l’égide de Jessica, ses habitants ont l’air de s’en sortir mieux que le reste du pays, mais ils ne sont pas protégés du système pour autant. Complication inattendue, New York s’étouffe sous le poids des migrants attirés par les principes d’égalité sociale de Jessica Ruppert.

Un duo cohérent au service du récit

Dans cette chronique, volontairement, je n’ai pas traité séparément scénario et dessin car j’ai rarement ressenti une telle cohérence. A n’en pas douter, Hirn partage les mêmes envies de récits et les mêmes valeurs que Brunschwig. Dans Les enfants de Jessica, le dessin et le découpage sont d’une formidable efficacité. Tous les plans servent l’histoire. Le dessin, expressif et réaliste à la fois permet de sentir les émotions des personnages. Avec le temps, le dessin d’Hirn s’est affiné. Entre simplicité et efficacité, son trait est nerveux et toujours plus expressif.

Pour résumer

Avec Brunschwig et Hirn aux manettes, plongez dans un polar politique et uchronique. Jessica Ruppert, Maire de New-York et politicienne engagée va réformer socialement l’Amérique. Mais avant d’y arriver, elle est trahie par le gouvernement. Qui sert ses intérêts ? D’où vient le coup bas ? Plus qu’un polar politique, Brunchwig et Hirn nous montrent leur vision d’une société en pleine dérive…

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