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Saint Exupéry

Publié le 28 août 2012 par Toulouseweb
Saint ExupéryUne biographie définitive
C’est un pavé de plus de 550 pages et ce n’est que le premier tome : dans quelques semaines, la suite atterrira dans les bonnes librairies : une impressionnante biographie d’Antoine de Saint Exupéry signée Bernard Marck (1). Il s’agit lŕ du résultat de nombreuses années de patientes recherches, d’une quęte sans cesse prolongée de témoignages, de la consultation d’innombrables documents et, surtout, de la confrontation d’analyses, de commentaires souvent divergents.
S’il n’est pas possible d’approuver tout en bloc –- ce serait trop simple et reviendrait ŕ nier la complexité du personnage Saint Ex -—force est de constater que le lecteur averti ne sort pas indemne de cette lecture. Et, cela, bien sűr, sans préjuger des enseignements supplémentaires attendus du tome 2.
Bernard Marck a fait preuve de beaucoup d’audace en faisant entrer Saint Ex dans son panthéon personnel de biographe des grands aviateurs français. L’aviateur-écrivain (ŕ moins que ce ne soit le contraire) suscite en effet un intéręt que le temps qui passe n’altčre pas et ses ouvrages continuent d’ętre lus, en France et ŕ travers le monde, en ignorant les modes éphémčres, survolées de trčs haut. ŤLe Petit princeť bat tous les records de diffusion et il est hors concours. Mais il en va de męme des grands classiques, de ŤCourrier Sudť, ŤVol de nuitť et ŤTerre des hommesť jusqu’ŕ ŤPilote de guerreť et, bien sűr, ŤCitadelleť.
A propos de ce ultime ouvrage, dernier au propre et au figuré, nous attendons avec un intéręt particulier ce que nous en dira Bernard Marck. Saint Ex n’a pas achevé ce texte Ťlourdť qu’il aurait certainement revu et élagué avant publication. Mais qu’aurait-il retenu des centaines de feuillets qu’il avait déjŕ écrits ? Et l’analyse de cet ouvrage ne serait-elle pas surfaite ? Edmond Petit, sans doute l’un des plus fins connaisseurs de Saint Ex, de l’homme et de ses écrits, a estimé, il y a longtemps, qu’il conviendrait plutôt retenir ŤTerre des hommesť et le recueil intitulé ŤUn Sens ŕ la vieť (2). Aujourd’hui, on aimerait faire dialoguer Edmond Petit et Bernard Marck...
Quoi qu’il en soit, la parution de ce ŤSaint Exť constitue un événement. D’autant qu’il s’agit d’un récit d’une totale précision qui, au-delŕ des repčres historiques connus et trop souvent répétés, montre l’extręme complexité de l’homme. Il souffrait de points faibles encombrants dans les deux vies qu’il a menées en parallčle, pilote et écrivain. Il a longtemps fait partie d’un groupe de personnages vis-ŕ-vis desquels il fut par moments spectateur davantage qu’acteur, principalement pendant les années Aéropostale. Bernard Marck analyse brillamment cette période, ce qui vaut au lecteur des portraits vivants de grands personnages comme Mermoz et Daurat, et beaucoup d’autres.
La saga Aéropostale, précisément, est décrite avec savoir-faire et, surtout, un volonté de respect de grands repčres historiques trop souvent ignorés. Pierre-Georges Latécočre a donné le coup d’envoi mais c’est Marcel Bouilloux-Lafont qui a courageusement repris la flambeau en rachetant la compagnie au prix fort tandis que l’administration française était Ťcomme frappée de léthargieť.
Les pages consacrées ŕ Consuelo de Saint Exupéry figurent parmi les meilleures du livre, portrait fouillé, délicat, mais sans concessions, d’une jeune femme qui, dit l’auteur, arrive directement de la plančte Mars, épousée en 1931. Le couple est fantasque et plonge le lecteur dans la folie des années trente, tout au moins celles de la rive gauche parisienne oů se prépare la future génération des Germano-Pratins.

La précision du propos est chirurgicale, faute de révélations qui ne viendront plus. Les esprits chagrins risquent néanmoins de s’interroger sur la légitimité de Bernard Marck ŕ poser ce regard inquisiteur sur Saint Ex, les siens, ses collčgues, ses amis. Une premičre réponse est donnée par la liste de ses ouvrages précédents, pour la plupart de fortes biographies dont on a surtout retenu ŤIl était une fois Mermozť, un remarquable ŤLindberghť et, il y a 2 ans, ŤAmelia, le facinant destin de la plus grande aviatrice du mondeť. Il s’agit, bien sűr, d’Amelia Earhart.
L’autre réponse ŕ apporter aux lecteurs dubitatifs relčve de l’ampleur du travail préparatoire accompli. Les notes explicatives n’ont témoignent pas suffisamment et il faudrait peut-ętre en dire plus, mieux expliquer comment il est encore possible aujourd’hui de plonger au plus profond des années trente. Avec pour résultat ce livre que Saint Ex lui-męme aurait sans doute lu avec curiosité et plaisir.
Pierre Sparaco-AeroMorning
(1) ŤAntoine de Saint Exupéry, la soif d’exister, 1900-1936ť, L’Archipel, Paris.

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