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J'ai écrit.

Publié le 29 août 2012 par Jean-Didier
Un billet qui ne sert à rien. Sauf à mon armée de psy imaginaires.
Dans quelques jours, cela fera un an que j'ai quitté la blouse. C'était le 3 septembre 2011. Elle est pliée sous un tas de vêtement dans ma penderie. En une année, jamais je n'ai eu envie de la ressortir.
J'ai regardé la date de publication du dernier billet: le 8 novembre 2011. Plusieurs fois cette remarque me fut faite: "pourquoi n'écris-tu plus?"
Pourquoi?
L'écriture me permettait d'exprimer toute ma frustration face à l'exercice de la pharmacie d'officine: cette pharmacie que j'aime, cette pharmacie que j'ai choisi. Cette pharmacie que j'ai fui. En quatre années d'exercice, j'ai pu observer le glissement des mentalités et des pratiques. J'ai vu des pharmaciens que j'estime changer. J'ai exercé en milieu rural, dans deux quartiers d'une métropole, en centre-ville de cette même métropole et pour une clinique mutualiste. A chaque fois, je fus confronté au même problème: je ne me reconnaissais pas dans l'exercice. Vous pouvez me rétorquer qu'autant d'expériences en si peu de temps ne permettent pas d'appréhender une nouvelle pratique liée à un nouveau lieu d'exercice. Peut-être. La seule que je regrette de ne pas avoir mener à terme est celle de la clinique mutualiste. J'ai mis 9 mois à développer une relation de confiance avec les médecins. Une collaboration naissait.
J'ai décroché la bourse de recherche ministérielle. J'ai fui.
J'ai pensé que m'investir dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche allait me permettre de concrétiser mes ambitions pour la pharmacie d'officine. Oui, je suis parfois très arrogant. Oui, j'y ai cherché, dans cette thèse, un accomplissement personnel. J'ai présenté mon sujet de recherche à une équipe. Je l'ai monté. J'ai répondu aux appels d'offre de financement de thèse. J'ai échoué. J'ai réussi, aussi.
Ma thèse en sciences devait être ce lieu d'accomplissement (mis à part mes problèmes identitaires personnels ne concernant que les petits lutins habitant mon encéphale).
C'était nier le bouleversement qu'une thèse engendre. J'ai quitté une ville dans laquelle j'ai aimé vivre pendant dix ans pour une terre inconnue. J'ai exercé quatre ans: j'ai perdu l'habitude de lire et celle d'écrire "scientifiquement". J'ai dû tout réapprendre.
J'ai eu à réactualiser le chapitre Iatrogénèse médicamenteuse d'un ouvrage de Pharmacie Clinique. Ce fut un accouchement douloureux. Je dois écrire un article sur mon master. Un simple reformatage de mon mémoire de recherche. Il est écrit pour moitié. Un autre accouchement douloureux.
Alors pourquoi cette difficulté à écrire?
J'ai choisi mon sujet. Je l'ai porté. J'ai choisi mon changement de vie. Et je n'ai plus rien reconnu. Mon sujet m'a échappé, il s'est transformé. Je n'étais plus pharmacien: quelle légitimité à parler de pharmacie?
Depuis quelques semaines, je reprends goût à mon sujet, il me plait de nouveau. Je me le suis réapproprié. Je suis ré-entré dans une officine comme patient. Je me suis accroché avec la pharmacienne sur les génériques. Oui, je suis pharmacien et MGEN: tout pour vous plaire mes chers confrères! Et mon indignation revient quand j'entends des confrères parler de leurs cas de comptoir. A-t-on à être fier d'avoir fait pleurer une adolescente qui vient chercher du Norlevo? Cela pose la question de la posture du pharmacien d'officine.
Voilà, tout remonte. J'ai écrit. Et çà fait du bien.

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