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Et pourquoi pas Legault et la CAQ ?

Publié le 31 août 2012 par Jclauded
Il a fondé Air Transat, il a été ministre de la santé et ministre de l’éducation du Québec, il a démissionné du Parti Québécois (PQ) et a créé un nouveau parti politique : la Coalition Avenir Québec (CAQ), il réussi à convaincre le parti de l’Action Démocratique (ADQ) de se faire hara-kiri et de joindre sa coalition, il a convaincu des péquistes et des libéraux à s’unir à lui. Voilà quelques grandes lignes du cheminement de François Legault, chef de la CAQ, et aspirant premier ministre du Québec.
Un très grand nombre de Québécois et de Québécoises furent impressionnés par lui. Durant des mois, il occupa la place d’honneur dans les sondages et son parti semblait assuré de la victoire, s’il y avait élection. Normalement, je n’aime pas les vires-capot sauf ceux qui bougent sur des questions de principes. Je me méfie des opportunistes politiques. Je crois en la sincérité de ceux qui oeuvrent pour un parti politique.

Puis, les choses ont changé. L’image de Legault devint moins enivrante et il s’exprimait mal. J’ai cru qu’il était politiquement terrassé. J’ai eu tort. L’élection a été déclenchée et il a présenté un programme politique audacieux de 94 engagements précis, une « bouffée d’air frais » qui s’adresse aux vrais problèmes du Québec et à son avenir. Son équipe de candidats a beaucoup de classe. Depuis, le vrai Legault se dévoile et il surprend tous les jours.
Excellent lors des « débats des chefs », Legault grimpe à nouveau dans l’opinion publique. À ce jour, il est deuxième et la première place est à sa portée. Sa franchise perce l’écran et son approche est pragmatique et rafraîchissante.
En rapport avec les finances publiques, Legault veut récupérer de l’argent en améliorant l’efficacité dans la santé, l’éducation et l’Hydro-Québec (HQ) qui représentent 90% des dépenses gouvernementales. Il veut aussi que cesse cette habitude de politiciens de dire « oui » à tout le monde et d’utiliser « la carte de crédit des enfants » pour payer la réalisation de promesses électorales qui ne sont pas prioritaires pour le bien du Québec.
Profitant des retraites de fonctionnaires pour les cinq prochaines années, Legault ne veut remplacer que 12 000 des 15 000 qui quitteront le gouvernement et 2 000 des 6 000 à l’HQ. Il veut aussi faire « bouger les structures » du gouvernement pour s’adapter au temps présent comme le fit avec succès le gouvernement canadien. Pour justifier ces changements, il applique la méthodologie du « benchmarking » qui consiste à comparer statistiquement nos ministères et nos sociétés publiques avec d’autres semblables dans le monde.. « C’est en regardant ce qui se fait ailleurs qu’on peut comprendre que nous sommes inefficaces dans plusieurs domaines » dit Legault. C’est le cas d’Hydro-Québec vis-à-vis BC Hydro de la Colombie Britannique.
Il veut assurer que chaque Québécois ait enfin un médecin de famille. Alors qu’en Allemagne et au Royaume-Uni la moyenne annuelle des patients par médecin est de 1 600, elle n’est que de 700 au Québec. Pour atteindre son objectif, Legault propose de fixer le seuil de patients par médecin à 1 000 et d’augmenter les rémunérations des omnipraticiens pour les motiver à travailler plus pour gagner plus. De son côté, le Dr. F-P. Gladu, président de l’Association des Jeunes Médecins du Québec, confirme clairement son accord en ajoutant « il ne manque pas de médecins au Québec ».
Legault propose d’éliminer les 72 Commissions Scolaires (69 francophones et trois anglophones) qui assurent les services éducatifs au primaire, au secondaire, en formation professionnelle et à l’éducation des adultes et de les remplacer par trente « Centre des Services » pour subvenir aux besoins des écoles. Pour l’ACQ, c’est à l’école et à son maître de décider et de prendre les décisions en rapport avec l’éducation de ses élèves, avec les budgets qu’on lui alloue. Il veut diminuer le roulement des enseignants dans les écoles, actuellement de 40%, en imposant des contrats de 3-5 ans à la même école afin qu’ils demeurent dans la même institution. Il réclame des écoles autonomes comme celles qui fonctionnent très bien en Europe et veut qu’elles soient évaluées sur la base de leurs résultats et de leur performance comme on fait en France. De même pour les hôpitaux et les sociétés d’État dont l’HQ.
Legault déplore qu’au Québec le décrochage soit de plus de 20%, alors que pour les écoles juives du Québec et de nombreux autres établissements scolaires dans le monde, seul 1% d’étudiants lâchent leurs études. C’est un drame pour notre société et Legault dit avoir la solution. Il veut inculquer à notre jeunesse des valeurs de base comme viser la meilleure éducation possible, l’effort et le dépassement de soi afin qu’elles deviennent son mode de vie.

Legault réclame un nouveau contrat social au Québec. Il veut que nous ayons les meilleures écoles, les meilleurs enseignants, etc. En somme, il refuse le dicton « né pour un petit pain ». Comprenant les raisons de notre courte tradition d’affaires, il veut valoriser l’entrepreneurship et les créateurs. Il souligne que les jeunes Ontariens sont deux fois plus nombreux que les jeunes Québécois à être attirés par l’entrepreneurship. Il propose des cours d’entrepreneurship, avec des mentors venant du monde des affaires et du capital de risque disponible.
Legault croit que l’HQ peut réduire ses dépenses de 600 millions et cite le rapport de l’homme d’affaires montréalais Claude Garcia qui a évalué que des coupures d’un milliard six cent millions de dollars sont possibles. Legault considère, avec raison, que l’Hydro vit les problèmes d’un monopole. Il cite, par exemple, le dépassement de 26% des budgets de construction des barrages établis sur la base des plans et devis. Il s’assurera que l’HQ soit plus efficace.
Legault veut établir une enquête sur la vente par l’HQ des droits pétroliers sur les gisements sous l’ile d’Anticosti. De plus, il souligne que Terre-Neuve s’apprête à pomper le pétrole de l’important gisement « Old Harry » qui est à cheval sur le Québec et Terre-Neuve dans le golfe du Saint-Laurent. Il décrie le « tournage en rond » au Québec et blâme les individus au ton et aux arguments dogmatiques qui s’opposent à ce projet. Alors que le Québec a une dette de 350 milliards, ces mêmes personnes s’opposent à tout développement qui pourrait nous permettre de la rembourser.
En rapport avec les redevances perçues par le Québec sur le développement minier ou pétrolier, Legault est réaliste et affirme qu’un niveau de redevances trop haut éloignera les investisseurs. Il préconise des participations du Québec dans le capital-actions des compagnies minières pour les grands projets, car il reconnaît que « le gouvernement n’a pas d’expertise pour exploiter les ressources naturelles ».
Face au départ du Québec de 20% des sièges sociaux, durant les dix dernières années, Legault veut agir pour arrêter ce fléau. Il déplore la perte des emplois à bons salaires que ces sièges sociaux généraient. Il souligne les conséquences néfastes du départ des départements d’achats de ces compagnies puisqu’ils ne sont plus à proximité des sous-entrepreneurs ou fournisseurs québécois à qui ils donnaient des contrats ou de qui ils achetaient des produits.
Legault veut diminuer la dette du Québec de 13 milliards en cinq ans en lui attribuant toutes ses redevances minières. Il veut rétablir l’écart de richesse des Québécois qui est passé du quatrième au neuvième rang au Canada.
Le lendemain de son élection, il veut voter la « loi 1 sur l’Intégrité » et propose d’installer un « triumvirat d’incorruptibles », pour assurer que la collusion et la corruption ne prennent pas prise dans le futur. Il sera composé de Jacques Duchesneau, l’ex-chef de police de Montréal, de la députée Sylvie Roy et de Maud Cohen l’ex-présidente de l’Ordre des Ingénieurs. Pour Legault, l’élimination de la corruption est un préalable essentiel à tout développement.
Legault refusera à ses députés et ministres tout contact personnel avec ceux qui veulent oeuvrer pour le gouvernement et leur rappellera que « le bon jugement » est meilleur qu’une loi.
Pour Legault, les dix prochaines années doivent être dédiées à « faire le grand ménage » dans la structure gouvernementale et à relancer l’économie. Pour lui, il n’y a pas de place pour des débats stériles sur l’indépendance du Québec, ni sur la signature de la constitution canadienne pour corriger l’erreur de 1982. « Point final » dit-il, en ajoutant « On n’a pas de temps à perdre ! ». Les problèmes qui confrontent le Québec et ceux des jeunes sont trop importants et nécessitent tous les efforts.
Si le PQ gagne, Legault affirme qu’il fera tout pour combattre l’imposition d’un référendum. Il affirme que ce référendum serait la pire chose autant pour les fédéralistes que pour les séparatistes puisque les Québécois perdraient leur temps dans des débats stériles. Il veut garder un horizon ouvert pour permettre au Québec de se développer. Il dénonce les « purs et durs » séparatistes (les caribous) qui veulent, grâce à la formule du référendum d’initiative populaire déclencher un référendum sur la séparation du Québec.
On peut d’ailleurs trouver sur internet les opinions de ces caribous qui suggèrent aux souverainistes de se rallier momentanément à Pauline Marois pour faire élire le Parti Québécois, ajoutant qu’ils pourront après l’élection « reprendre leur liberté de manœuvre » afin d’imposer leurs points de vue au nouveau gouvernement et forcer un référendum.

Après l’avoir écouté attentivement et lu son programme qui touche toutes les facettes de la politique québécoise et que l’on peut retrouver sur internet, je crois que François Legault a bien fait ses devoirs puisqu’il propose des solutions originales pour aider le Québec à devenir plus efficace. Avec lui, un effort est requis de tous. Ses explications ont du sens. Legault veut, avant tout, que les jeunes Québécois soient prêts à prendre leur place dans un Québec vraiment renouvelé.
Son approche d’''homme d'affaires'' enchante et plait à la communauté d'affaires mais est-ce une philosophie efficace lorsqu'il est question de bien diriger le Québec ? Gérer un état et gérer une ''business'', ce sont deux « animaux » complètement différents. C’est vrai. Mais, il faut reconnaître que François Legault est pragmatique et réformateur. Il est un homme d’affaires doublé d’un homme politique (comme ministre) qui vise des résultats tangibles et positifs, osant même des propositions bien ciblées. Il a démontré qu’il est sensible à la realpolitik. S’il accède au pouvoir, on peut s’attendre à un grand coup de balai au Québec.
Plusieurs des adversaires de Legault estiment que son approche est irréaliste et inapplicable à cause du refus des syndicats de fonctionnaires qui voudront protéger leurs acquis. Il est certain que si on laisse tomber les bras, rien ne se fera alors que tout doit être fait. On ne peut sûrement pas laisser les syndicats décider de l’avenir du Québec. Contrairement à ses opposants qui émettent de tels arguments pour minimiser son enthousiasme et son réalisme dans l’opinion publique, je crois que les dirigeants syndicalistes sauront reconnaître que le Québec a de graves problèmes et qu’il doit évoluer rapidement. C’est dans l’intérêt de tous les Québécois et Québécoises, dont eux.
Comme dirigeant politique, j’aime ceux qui ont la foi et qui ont réussi dans la vie. En disant « Oui, on est capable », Legault est logique avec lui-même et offre aux Québécois, un avenir plein de lueurs d’espoir.
Est-il le bon choix dans les circonstances actuelles ?
Claude Dupras

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