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Quand la France baisse le prix de ses carburants, la Suisse prévoit de les augmenter

Publié le 31 août 2012 par David Talerman

La même semaine, la Suisse et la France ont fait 2 annonces qui vont impacter le prix des carburants dans les 2 pays. Tant la manière de communiquer que les fondements sont très différents, et cela illustre de manière assez nette, pour ne pas dire caricaturale, les différences culturelles entre les 2 pays. Explications.

La France baisse les prix des carburants pour des raisons politiques, la Suisse les augmente pour des raisons écologiques

Le gouvernement français a pris hier une décision forte (…) : il baisse de 6 centimes par litre le prix du carburant, pour une durée de 3 mois. La moitié de cette baisse sera prise en charge par les professionnels, l’autre moitié par l’Etat.

Vu de Suisse (et probablement de France d’ailleurs), cette mesure a tout d’une mesure politique : si je calcule bien, la baisse représente une baisse effective de 1,50 euros pour un plein de 25 litres. Une somme qui va incontestablement alléger le budget des ménages français…

Cette annonce était nécessaire et indispensable sur le plan politique : demandée (et peut-être promise d’ailleurs) par un hypo-Président de la République, cette annonce arrive à point nommé pour une rentrée qui s’annonce compliqué pour un Chef de l’Etat malmené par les sondages. Et puis pendant qu’on parle de ceci, on ne parle pas du reste.

Côté Suisse, on parle au contraire d’augmenter le prix de l’essence. Une réforme a en effet été proposée par la Conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, réforme qui doit faire passer le prix de l’essence à 5 francs le litre d’ici à 2050 (il est aujourd’hui compris entre 1,5 et 2 francs environ). Les motivations de ces hausses sont écologiques, et visent à responsabiliser les automobilistes (plus vous consommez, plus vous payez).

2 méthodes très différentes

A travers ces 2 annonces qui ont des fondements très différents, et au-delà de l’aspect politique, je remarques des méthodes également très différentes.

L’annonce

La France, fidèle a ses habitudes, prend ses mesures dans l’urgence (et probablement au pied du mur).  C’est un peu la blitzkrieg économique, en moins efficace. Côté suisse, c’est pratiquement l’inverse : on fait en 2012 une annonce pour 2050… C’est, pour le coup, peut être un peu trop tôt.

L’intérêt collectif

En France, alors que le pays est au bord de la faillite, et que l’Etat est à la recherche de bonnes idées pour trouver des fonds, on n’hésite pas à amputer de quelques centaines de millions le budget de l’Etat, afin de jeter un peu de poudre aux yeux. C’est mal pensé, brouillon, et probablement inefficace. Pis, les seuls qui risquent de profiter significativement de ces mesures, ce sont les professionnels de la route. Les Français seront ravis de réaliser qu’ils financent également indirectement les finances de sociétés de transports (qu’on ferait mieux, au passage, de mettre sur les rails en France). En Suisse, c’est précisément l’intérêt collectif qui guide le choix d’augmenter progressivement le prix du pétrole.

La concertation

Avec une supposée concertation de 48  heures (…) avec les professionnels de l’énergie pétrolière, le ministre Moscovici a surpris tout le monde avec cette annonce. La Suisse, se donne la possibilité quant à elle d’un débat probablement long et difficile avec de nombreux acteurs.

Le réalisme

Pour la France, lorsque vous regardez les impacts sur le budget d’une telle mesure, et notamment le rapport entre ce que coûte un plein et ce qu’elle vous permet d’économiser d’une part, et le trou budgétaire provoqué d’autre part, le manque de réalisme d’une telle mesure est criant. Le seul intérêt est clairement politique. Côté Suisse, on reste fidèle à un certain pragmatisme, et on verse d’ailleurs dans le quasi-excès inverse, tant une telle mesure pourrait être perçue comme peu populaire.

Pour ma part, je suis surtout scandalisé que les politiques français osent présenter une telle mesure comme permettant d’aider les ménages à réduire leurs dépenses : on se moque du monde ouvertement, ce qui viendra ternir une fois de plus la confiance du peuple envers les politiques.

Il suffit de regarder l’état de l’économie de chacun des 2 pays pour voir qui semble avoir la bonne méthode…

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