Résistance aux traitements de première ligne, un phénomène connu depuis plusieurs années. Des souches de plus en plus résistantes avec les lignes de traitement, un phénomène en émergence. Après la TB, la MDR-TB, la XDR-TB, la TDR-TB (totally drug-resistant), une nouvelle forme totalement incurable émergente en Inde. Mais ce qui alerte, avec cette étude publiée dans le Lancet et relayée par Nature, c'est la proportion de cas résistants, soit 40 à 50% dans les zones endémiques.
La multirésistance (MDR) de certaines souches de la maladie est devenue le principal obstacle à surmonter car le plus fréquent avec les deux antibiotiques de première ligne, la rifampicine et l'isoniazide. S'il existe d'autres options de traitement, elles sont toxiques et coûteuses, pas forcément efficaces et doivent être observées sur des traitements de longue durée. L'observance devient elle-même un obstacle quand la majorité de ces cas de MDR surviennent dans les pays en développement. Dans des pays comme l'Afrique du Sud, les médicaments couramment utilisés pour traiter la tuberculose deviennent donc de moins en moins efficaces face aux souches de plus en plus résistantes, même, soulignent les auteurs, à certains médicaments de deuxième ligne comme les fluoroquinolones et les agents injectables (amikacine, capréomycine et kanamycine). En Afrique, la résistance atteint maintenant le « niveau » ultrarésistant (XDR).
Diagnostiquer, traiter et prévenir la tuberculose multirésistante avant qu'elle devienne ultrarésistante, c'est l'objectif, explique le Dr Peter Cegielski, des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) co-auteur de l'étude du Lancet. Car la prévalence de la résistance aux médicaments de seconde ligne, étudiée auprès de 1.278 personnes diagnostiquées avec la MDR dans 8 pays à forte charge atteint aujourd'hui 43,7% dont 6,7% pour la XDR.
Donner le traitement adapté à la forme de TB : C'est aussi l'enjeu, d'où l'importance d'un diagnostic précis, car un précédent traitement avec les mêmes médicaments, qui échoue, est justement le facteur majeur de résistance aux médicaments de seconde ligne. Le problème de fond est donc l'accès aux tests de diagnostic, aux traitements adaptés et de qualité, y compris de seconde ligne et le contrôle et la gestion rapide des bons protocoles. Adapter le traitement à chaque patient reste cependant aujourd'hui trop coûteux et impraticable pour les pays en développement. Ainsi, seuls 16% des personnes atteintes de tuberculose MDR recevraient aujourd'hui, selon l'OS, un diagnostic et un traitement adaptés. Nouveaux outils de diagnostic rapide, nouveaux antituberculeux en phase finale de développement, les humains ont les clés pour résoudre un problème créé par l'Homme (a manmade problem), commentent les auteurs.
Sources: The Lancet Online, 30 August 2012doi:10.1016/S0140-6736(12)60734-X Prevalence of and risk factors for resistance to second-line drugs in people with multidrug-resistant tuberculosis in eight countries: a prospective cohort study et Nature 30 August 2012 doi: 10.1038/nature.2012.11323 Resistance to backup tuberculosis drugs increases
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