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"Sécu: comment faire mieux" de Patrick de Casanove

Publié le 01 septembre 2012 par Francisrichard @francisrichard
Patrick de Casanove est un médecin de famille français. Dans sa pratique il est confronté à ce monstre étatique qu'est la Sécu. Ce qui l'a poussé à écrire un livre où il montre comment il est posssible de faire mieux qu'actuellement. Il est difficile de faire plus mal... Son ambition n'est pas de proposer des solutions à tous les problèmes de santé, mais de fournir la clé susceptible de débloquer la situation, ce qu'il appelle le passe, fondé sur ces trois piliers que sont la liberté, la responsabilité et la confiance. Patrick de Casanove commence par reproduire un texte de Frédéric Bastiat, tiré des Harmonies économiques , où l'économiste landais dépeint dans le détail, en 1848 - vous avez bien lu, en 1848 ! -, ce que seront un siècle plus tard la Sécu et son échec annoncé. Puis l'auteur dresse le constat de cet échec, qui est celui d'un Etat qui s'occupe de tout - il capte toutes les ressources et décide de toutes les prestations - et dont les commis justifient le monopole public de la Sécurité Sociale par le fait que les gens sont "des irresponsables, incapables de la moindre prévoyance et inaptes à se prendre en charge". On n'est pas plus méprisant! Cet échec est la conséquence d'une faute de conception que Frédéric Bastiat, encore lui, avait relevé dès 1850 dans La Loi : "La chimère du jour est d'enrichir toutes les classes aux dépens les unes des autres; c'est de généraliser la Spoliation sous prétexte de l'organiser." Le résultat mirifique de cette chimère est que le système de sécurité sociale français, présenté comme un modèle exceptionnel à nul autre pareil dans le monde, "prend de plus en plus, rembourse de moins en moins, personne ne sait s'il sera soigné, personne ne sait s'il bénéficiera d'une retraite de qualité". En fait c'est plutôt à l'individu de décider: "Les professionnels de santé, les patients, sont chacun en ce qui les concerne, confrontés à des ennuis de santé inhérents à la vie. Ils affrontent également des problèmes de protection sociale, la solution est de les laisser régler cela à leur niveau." Comment? Par l'échange, plus précisément, en matière de protection sociale, par l'échange de services. Le secteur de la Santé est un secteur économique comme un autre, n'en déplaise aux utopistes. Il obéit à la loi de l'offre et de la demande. Comme dans tous les secteurs économiques, les besoins - ici, besoins de soins - ne peuvent être satisfaits que dans une société d'abondance, où les nouvelles technologies s'épanouissent et où les innovations se multiplient sans être bridées par l'Etat. Dans un échange librement consenti, qui repose donc sur la confiance, chaque partie trouve son compte en poursuivant son intérêt personnel. En France, en matière de santé, la liberté de choix est pourtant refusée au profit de la coercition exercée par l'Etat: "L'Etat prend aux uns pour donner aux autres et les sommes prélevées sont immédiatement dépensées. Il n'y a pas d'épargne, ni de trésorerie. C'est de la cavalerie. Il ne peut y avoir d'équilibre et encore moins d'excédent." Le contraire de ce qui se passe dans une économie libre où l'épargne générée est massive, ce qui est bénéfique non seulement pour le domaine de la santé, mais aussi pour l'économie toute entière. La Sécu est en définitive un système de solidarité publique bien moins efficace que la charité privée, parce qu'elle déresponsabilise: "La solidarité forcée n'a aucune valeur. Elle est destructrice de richesses matérielles et de richesse morale, parce qu'elle crée l'indifférence et détruit la responsabilité personnelle." A contrario, dans le cas de la charité privée, qui, par exemple, est très développée aux Etats-Unis, où les grandes fortunes créent des fondations: "Les personnes aidées sont rigoureuses car elles savent qu'en cas de gaspillage, corruption, absence de résultat, l'aide sera suspendue. Elles n'ont pas de pouvoir de chantage sur le donateur privé parce qu'elles ne l'ont pas élu, il ne dépend pas de leurs voix pour survivre." Certes le monde est imparfait et la malhonnêteté existera toujours, mais il n'en est pas moins vrai que la malhonnêteté est intrinsèque à toute forme de collectivisation, telle que la Sécu: "Tout règlement engendre une fraude, plus il y a de règlements plus il y a de fraude. Plus la contrainte est grande, plus il y a de fraude parce que cela s'oppose au naturel. C'est plus facile d'obtenir un bien ou un avantage du pouvoir politique que par son mérite et son travail." Quant aux gaspillages ils proviennent du détournement de sommes gigantesques qui sont enlevées au libre choix des gens et livrées à l'arbitraire des politiciens. La spoliation légale, la contrainte légale sont-elles morales? Evidemment que non. Seule est morale la liberté de faire ce que l'on veut avec ce que l'on a, dans le respect, bien entendu, de tous les droits naturels d'autrui. L'auteur sait bien qu'en France la Sécu est un sujet tabou. Pourtant la Sécu n'atteint pas son objectif de "permettre à tous de rester en bonne santé et de bénéficier de soins de qualité en cas de besoin", parce que l'Etat décide arbitrairement "qui sera soigné, comment et pour quoi". Il faut libéraliser, privatiser, tourner le dos à l'Etat providence, qui se traduit par des lois et des règlements envahissants, des prélèvements obligatoires écrasants, des dettes massives, des déficits, des dépenses publiques sans cesse accrues. Il faut en conséquence permettre le libre-échange entre individus responsables de leurs soins. L'auteur propose donc: - de réduire l'Etat au minimum, celui des fonctions régaliennes: en France, où les prélèvements obligatoires représentent 56% du PIB, elles ne représentent qu'à peine 3% du PIB (1,5% défense, 1% intérieur, 0,4% justice)... - de rendre aux Français leur salaire complet, c'est-à-dire sans être amputé des cotisations sociales, salariales ou patronales: ils choisissent alors en matière d'assurance maladie et de retraite leurs prestataires mis en concurrence - de libérer la propriété foncière et immobilière: les règlements de toutes sortes engendrent pénurie et cherté - de réduire les prélèvements obligatoires au strict minimum: contribution unique et proportionnelle, c'est-à-dire "une fiscalité faible, proportionnelle, fiable, simple et claire", pour financer les fonctions régaliennes et un filet de sécurité, dont "bien peu de personnes auront besoin" dans une société libre. Ces éléments réunis il sera possible de privatiser la protection sociale, de la mettre en concurrence avec le secteur privé et de rembourser pendant une période de transition la phénoménale dette sociale. Patrick de Casanove propose concrètement dans le dernier quart de son livre l'adoption d'une charte, "panier de soins, de prestations, socle de la protection sociale", la création d'un compte épargne santé. Il souligne les bienfaits de la concurrence non seulement dans le choix des couvertures de risques et des différentes médecines, mais aussi dans le choix des médicaments et des médecins, dont les prix doivent pouvoir être fixés librement. Est-ce utopique que de vouloir libérer les Français de leur culte séculaire rendu à l'Etat? "Leur étatisme est héréditaire, il n'est en aucun cas génétique." répond Patrick de Casanove. De par son impact, une telle réforme du système de santé, mise en oeuvre rapidement, pourrait bien lui porter un coup fatal. C'est pourquoi le livre de Patrick de Casanove est à diffuser largement, sans modération. Francis Richard Sécu: comment faire mieux, Patrick de Casanove, 176 pages, Tatamis ici 

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