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Passons aux filles !

Publié le 02 septembre 2012 par Perce-Neige

Passons aux filles !De Jack Kerouac, tout le monde (ou presque), adolestent-e, a rêvé (plus que lu, d’ailleurs) « On the road »... Pour ma part, j’observe qu’il m’a fallu, ces dernières semaines, la chaleur paresseuse de l’été, les nuits étoilées, troublées parfois de lointains orages, pour me désaltérer soudain à d’autres sources, dont ces « Visions de Cody » (Ed. Folio) que beaucoup d’entre nous, finalement, un jour ou l’autre, semblent avoir partagé.  
Passons aux filles. La fameuse maison se trouvait près des voies de chemins de fer de la Union Pacific, sous un réservoir d'eau, à l'angle d'un groupe de bâtisses désolées, incluant une église aux planches verticales (les Angles septentrionaux et leurs Norvégiens délirants ont capturé Moby Dick! Ils l'ont capturée cent ans après l) et un énorme silo blanc crème qui se dresse vers le ciel et porte le nom de l'embranchement, un endroit désert, même pas digne de la pisse d'un serre-freins lorsque le train s'arrête pour s'approvisionner en eau, en charbon - des réservoirs, des plans à charbon. La maison était couverte de suie à cause des convois, et l'on avait peint exprès l'encadrement des fenêtres en rouge vif, - bardeaux marron passés au papier de verre au-dessus des murs et sur le toit, ceux du toit peints en vert pâle - vieille cheminée de briques grises, battue par le vent et les orages, dépassant du toit pointu - véranda de bois prolongée sur le devant, couverte de bicyclettes et de chaises, des portes solides pourvues de crochets et non de poignées - par-derrière, une succession d'ailes et d'appentis de plus en plus petits et délabrés, des endroits où ranger couvre-chaussures, caoutchoucs, parapluies, - des cabanes rajoutées, elles aussi en bois gris, et enfin un petit cabinet en plein air avec une lampe anglaise à deux sous suspendue au plafond. Dans la cour une vieille commode déglinguée, installée face à la maison, coincée contre elle, couronnée d'un seau et d'une corbeille à fruits renversée - planches appuyées contre la maison - des ordures dans la cour, dont un vieux cumulus de chauffe-eau dans l'herbe haute, des fragments de biscuits pour chien détrempés - et une vieille carcasse de voiture effondrée sur ses cales, comme exhibée là, décapitée, vidée de tout hormis quelques lanières de cuir, ressorts de banquette, bourre des sièges, vieux cadrans rouges tout rouillés, un volant si crevassé qu'on s'y couperait les doigts, deux phares aveugles, un coffre où les oiseaux ont installé leur nid, où la neige et le printemps se sont alliés pour faire pousser une petite moisson verte - vieilles pommes de terre dégringolées d'un sac, qui pourrissent près de l'enjoliveur de roue avant droite - terrain de jeux des gosses – pissoire des chiens - auge des vaches rêveuses dans la pluie estivale.

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