Après seulement deux matches de championnat, voilà déjà la première pause. Ce qui n’est pas normal (mais malheureusement habituel), c’est qu’elle est accueillie avec plaisir à Milan. Condition physique à revoir, blessés à récupérer, équipe à construire, jeu à développer : quatre lacunes immédiates (et elles aussi malheureusement habituelles) difficilement colmatables en deux semaines. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Allegri mais plus généralement le staff technique et le staff médical ont du pain sur la planche.
Tout d’abord, il y la condition physique à améliorer. A première vue, cela semble normal que l’équipe ne soit pas en forme brillante en tout début de saison et que la condition s’améliorera au fil du temps. Mais c’est chaque année le même discours et la saison passée on a attendu toute la saison sans jamais voir une équipe dans une forme physique appréciable. L’année passée, l’excuse était la préparation interrompue par la Supercoupe, parfois c’est l’excuse des préliminaires de Champions League… mais cela fait très longtemps qu’on ne voit plus un beau Milan frais et bien en jambes. Or, il est absolument fondamental que la condition physique soit acceptable pour espérer voir un Milan plus brillant. Mais il y a pire. Les Rossoneri tombent comme des mouches et l’infirmerie est déjà remplie : Strasser, Didac Vilà, Muntari ont été rejoints par Ambrosini (maintenant récupéré), Abate (de retour le 15 septembre) et Pato avant même le début de la saison. A ceux-là, il faut ajouter Robinho (blessé dès la 1° journée) ainsi que Montolivo et Boateng (2° journée) : 9 Rossoneri (sans compter un Mexès complètement hors forme) ont déjà eu un bobo, c’est trop et inquiétant (effrayant?) pour la suite de la saison.
Malgré de nombreuses mesures prises cet été, notamment une modification partielle du staff médical et un changement total de l’équipe des préparateurs y compris le remplacement du responsable (Tognaccini out, Folleti in), les blessures musculaires continuent à se développer de manière spectaculaires. Galliani ne cache pas son inquiétude: « On poursuit un rythme d’une blessure musculaire par match : c’est le plus grand problème de Milan. L’entraineur, le préparateur athlétique et les médecins du club le savent. On va voir ce qu’on peut faire pour régler ce problème. » Un problème qui avait influencé fortement et négativement la saison passée (cause principale de la seconde place?) et qui ne semble pas résolu. L’effectif de la saison passée était nettement supérieur par rapport à l’actuel et si Milan continue à perdre ses joueurs sur blessure à ce rythme, la saison déjà difficile pour d’autres raisons, pourrait devenir infernale. Il n’y a aucun doute là dessus : le grand nombre de blessés est le plus gros problème de Milan. Malgré cela, on doute qu’il soit possible de l’enrayer en seulement deux semaines si après deux mois de travail il n’y a eu aucune amélioration… La saison commence très très mal sur le plan physique. Prions pour un miracle…
Ensuite, il y a l’équipe à construire et ça, c’est un problème assez typique à Milan puisque le club attend systématiquement les derniers jours de mercato pour acheter des joueurs pourtant fondamentaux. La seule solution est de travailler les automatismes à l’entrainement mais deux semaines ne suffisent pas, surtout avec un groupe qui ne peut pas compter sur les internationaux. Cela en va de même pour le jeu développé par l’équipe. Maintenant Allegri peut enfin compter sur son équipe complète et définitive. Il doit avant tout trouver son équipe type, ses 14-15 « titulaires » et les faire jouer ensemble, mais de manière générale, l’entraineur milanais doit motiver ses joueurs (mais ce n’est pas son point fort) car Milan peut manquer de qualité technique, certains joueurs peuvent être médiocres, mais l’équipe ne peut pas offrir des prestations comme celle vue contre la Sampdoria, sans queue ni tête, sans rage et sans enthousiasme. La force de cette équipe doit être dans l’attitude, la grinta. Face à Bologne, il y a eu une légère amélioration, probablement due à l’envie de réagir après la défaite initiale, mais toujours pas assez de rage et les trois buts (sans assists…) de Pazzini ne doivent pas tromper le jugement de sur la prestation de l’équipe.
L’AC Milan n’a pas été construit selon un projet (il suffit de voir la gestion de l’affaire Thiago Silva) et Galliani a tenté de redresser la barre en toute fin d’un mercato incohérent et insensé. Le comble aurait été le retour de Kakà alors que la ligne directrice était le rajeunissement et la diminution drastique des couts. A certains moments, on a même eu l’impression que Milan était devenu l’AC Bilan tellement les dirigeants n’ont pensé qu’en terme économiques et non pas sportifs. L’équipe a été affaiblie, en pensant principalement aux finances. Comment penser autrement lorsqu’on remplace Thiago Silva et Nesta par Zapata et Acerbi; Van Bommel, Seedorf, Gattuso, Merkel et Aquilani par De Jong, Montolivo, Constant et Traoré; et Ibrahimovic, Cassano, et Maxi Lopez par Bojan, Pazzini et Niang? La différence de niveau est nette (et Milan ne peut donc pas viser le Scudetto), la défense et l’attaque sont affaiblies, le milieu non renforcé. Milan a perdu énormément en talent, classe, charisme, expérience et personnalité mais pourrait y gagner en fraicheur, jeunesse, enthousiasme et fougue. Ce sont sur ces éléments, sur les forces de ce groupe, qu’Allegri doit travailler en espérant que quelques leaders apparaitront naturellement. Les dirigeants ont peut-être sous estimé les conséquences d’une si grosse révolution car il manque maintenant un (ou plusieurs) joueur qui peut tirer l’équipe vers le haut, la prendre en main et la guider.
A défaut de voir un Milan immédiatement compétitif, l’objectif doit au moins être de voir du spectacle. Et c’est là qu’on ne comprend pas vraiment plusieurs opérations de mercato réalisées cet été, notamment au milieu de terrain où on peut noter la présence de nombreuses alternatives (Constant, Traoré, Flamini…) mais peu de titulaires et encore moins de qualité technique alors que celle-ci était accessible sans trop dépenser (Merkel, Sahin, Aquilani…). Bref, même avec peu de moyens mais un peu plus de créativité, il y avait probablement mieux à faire. On verra ce que donnera ce Milan, pour le moment on ne peut que juger le mercato lui même. C’est le terrain qui parlera mais les doutes sont permis.
Pour convaincre et combler ses lacunes techniques, Milan devra faire la différence tactiquement, collectivement et comportementalement. Si une équipe a peu de qualité technique, il faut la compenser avec une organisation efficace, une équipe soudée, un jeu harmonieux, une détermination sans faille, une agressivité et une intensité élevées. En d’autres termes, Allegri devra se surpasser. C’est à lui de construire une équipe, développer un jeu et faire la différence. La première année de sa gestion à Milan a plutôt été positive, avec le Scudetto à la clé, bien aidé par des individualités extraordinaires et une concurrence assez faible. L’année passée a été moins bonne même si de nombreuses circonstances externes (arbitres, blessés, vieux…) ont fait planer le doute quant aux responsabilités de l’échec. Cette saison nous sommes tous conscients que l’équipe est affaiblie. Cela n’empêche pas de mettre en place une tactique et un jeu efficaces et adaptés aux joueurs à disposition. Malheureusement tout ne dépend pas de lui non plus car tous éléments du clubs sont liés : si la condition physique n’est pas bonne, l’équipe ne court pas et ne peut pas développer un beau jeu. Cela devient alors difficile pour l’entraineur de travailler dans de bonnes conditions. La pause doit servir à améliorer la condition physique, trouver les meilleures solutions tactiques et développer l’entente entre les joueurs. Mais il ne faut pas imaginer non plus que deux semaines suffiront à régler tous les problèmes. Pourtant ça va redémarrer très fort : entre le 15 septembre et le 7 octbore, Milan jouera a un match tous les trois jours. Il faudra de la patience, on aura besoin de chance mais il faudra surtout travailler dur pour créer une vraie équipe. C’est la saison de vérité. Pour tout le monde.
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