Du plus haut ciel pour toi j’ai descendu,
Où je régnais, fils égal à mon Père ;
J’ai enduré tout mal et vitupère,
M’étant, pour l’homme, homme mortel rendu.
J’ai de mon gré vie et sang répandu
Pour délivrer ton âme prisonnière :
Je me suis vu, pour ta faute première,
Entre larrons comme un larron pendu.
Cœur endurci que j’ai seul détaché,
À si grand prix, des liens du péché,
Veux-tu rentrer en même servitude ?
À tout le moins, si en ton Dieu tu crois,
Lève les yeux pour voir en cette croix
Et ma bonté et ton ingratitude.
Jean PASSERAT (1534-1602).
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