Magazine Journal intime

De l'eau dans la cave

Par Eric Mccomber
Depuis quelque temps, il y a un tuyau qui fuit au plafond de la cave où j'entrepose la Gaxuxa. Par le plus grand des hasards, la goutte tombe droit dans une baignoire qui traîne là. Et ça se remplit lentement, goutte à goutte.
L'autre matin, je viens prendre mon vélo et je remarque une forme que je n'avais pas vu auparavant, un truc qui frémit dans la noirceur. J'ouvre la porte toute grande pour faire de la lumière. Ne voilà-ty pas que j'aperçois une plante, arrivée d'on ne sait où, qui a poussé dans la baignoire. Mais ce n'est pas tout ! Cette plante est en pleine floraison. On dirait un bégonia, ou un truc du genre. Enfin, je ne connais rien aux plantes, faut m'excuser. Les bijoux et les fleurs, vlà deux domaines pour lesquels je n'ai jamais consacré la moindre parcelle de ma cervelle.
Je sors le vélo tout émerveillé. Je regarde encore une dernière fois le petit miracle avant de refermer la porte de la cave. Puis j'enfourche ma vieille Gachou. Click-clic-tac-clac. Je glisse sous les voutes vertes des grands feuillus qui se dandinent dans le mistral. Je songe à cette fleur inouïe. Je me dis que c'est pas pour rien qu'elle est apparue comme ça, à cet instant de ma vie. Je me dis qu'elle a grandi là, loin du soleil, loin des regards, loin des pisses de chien, aussi, loin des imbéciles qui ne peuvent s'empêcher de foutre un coup de pied à tout ce qui a plus de grâce que le splashscreen du dernier Mario Bros.
Je reviens de ma balade avec un chaud sourire planté entre les joues. Quel cadeau de la vie. Quelle leçon de l'univers ! Je rentre à la maison et je croise mon ami P., coloc et ami. Vite, je redescends à la cave en l'entraînant par le bras. Faut que je lui montre ce petit miracle.
— Regarde, je glapis, vois ce message de survivance de la nature, qui croît simplement parce que c'est sa nature, contemple cette petite vie qui nous adjure par son exemple de nous enfoncer plus avant dans nos œuvres, toi dans ta photo, moi dans ma littérature ! N'est-ce pas là une de ces petites magies ordinaires dont notre village a le secret !?
— Moui, fait P. Tu as raison, mais…
— Mais quoi, quoi, quoi !? Au travail ! Suivons le guide ! Déployons nous ! épanouissons-nous ! Fructifions-nous !
— Mais Éric, euh… c'est que j'ai descendu ce truc à la cave avant-hier. Ça traînait dans le débarras. Elle bien belle, très colorée, mais c'est… C'est une plante en plastique.
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© Éric McComber

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