La nouvelle a un peu surpris.
Le patron français réputé le plus riche de France aurait demandé sa naturalisation belge.
Pour raisons familiales soudaines.
C'était la meilleure nouvelle de la semaine.
Coup de foudre belge
Quand la nouvelle est tombée, elle a produit son effet. Le président fondateur du premier empire français du luxe poussait l'exil fiscal jusqu'à changer de nationalité. Assez
rapidement, samedi 9 septembre, les services de communication du PDG ont démenti une fraction de l'information publiée par le quotidien La Libre Belgique.
«Contrairement aux informations publiées ce jour, Bernard Arnault précise qu'il est et reste résident fiscal français. L'obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation, ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH et les créations d'emplois qui en sont la conséquence en France. (...) Le groupe LVMH embauche, chaque année, plusieurs milliers de personnes en France et ce depuis plus de 20 ans»
«Arnault, originaire du nord de la France, a de nombreux liens avec la Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel. Son groupe privé (Groupe Arnault) a de nombreux investissements en Belgique, et entend les développer. C'est dans cette perspective que Monsieur Bernard Arnault a sollicité la double nationalité franco-belge»
Prenons acte que cette décision serait familiale mais tardive et soudaine, et professionnelle sans être fiscale. On appellera
cela un coup de foudre belge.
En mai dernier, comme le rappelle mon excellent confrère Seb Musset, Bernard Arnault lui-même déclarait: « La France est un des pays les plus agréables à vivre, c'est d'ailleurs bien pour
cela que l'on accepte d'y rester en payant bien plus d’impôts qu'ailleurs.»
Du Fouquet's au Touquet
A droite, on préfère tacler la taxe à 75% de François Hollande. «Un taux d'imposition de 75%, ça n'existe nulle part ailleurs
!» s'indigna Jean-François Copé. Il oubliait que les Etats-Uniens subissaient un taux
maximal d'impôt de 80% avant que Ronald Reagan ne déclenche sa révolution ultra-libérale.
Interrogé sur le cas, François Fillon trouva cette décision effrayante, mais qualifia le projet Hollande de stupide. «
Le patron de l'une des plus belles entreprises au monde, qui symbolise le savoir-faire et la réussite français, connue dans le monde entier, pourrait être amené à changer de nationalité en
raison de la politique fiscale qui est menée dans notre pays » a déclaré Fillon au Touquet où les jeunes de
l'UMP tenaient leur université d'été. L'homme restait solidaire de la présidence du Fouquet's.
Triste sire.
Malgré sa béquille, héritée du sale accident de scooter cet été chez son ami le milliardaire patron de Ferrari (où Rachida
Dati l'avait précédé de quelques jours), l'ancien premier ministre s'était rendu ches les jeunes du parti dont il convoite la présidence.
Quand son ancien mentor renforça le bouclier fiscal - jusqu'à rembourser plus de 50% de l'impôt de quelques riches - Fillon
n'avait rien à dire. Bien au contraire.
Au Touquet, il appela à la constitution
d'une large coalition, des électeurs socialistes ... aux frontistes de la blonde Marine...
Fichtre !
Lobby fiscal
La semaine dernière, Bernard Arnault a rencontré le premier ministre durant quarante minutes. Le Monde rapporte qu'il
s'agissait de se plaindre du projet de taxation à 75% de la tranche de revenus excédant un million d'euro.
Le Figaro a convoqué Philippe Bruneau, président du
cercle des fiscalistes et directeur à l'OBC, pour défendre la cause de l'exil
patronal: « Il y a probablement de la part de Bernard Arnault la volonté d'envoyer un signal qui n'est pas anodin à l'heure où le débat parlementaire sur la loi de finances 2013 va s'engager.
Or, dans cette loi, figurera l'imposition à 75% des revenus supérieurs à 1 million. »
Envoyer un signe ? Certains jours, nous regrettons Hugo Chavez, une nationalisation vite fait bien fait.
Le dit Philippe Bruneau ajoute: « en Belgique, l'outil de travail, le capital et les transmissions d'entreprise sont
beaucoup moins taxés qu'en France, en revanche les revenus du travail le sont beaucoup plus.» Donc, si on comprend bien, l'intérêt fiscal de se réfugier en Belgique est de protéger la rente.
« Si le gouvernement persévère il y aura d'autres cas aussi emblématiques que celui de Bernard Arnault et beaucoup d'autres cas moins emblématiques mais tout aussi dramatique pour le
dynamisme économique français. »
Bravo, on applaudit.
Que les riches qui s'exilent enfin ne reviennent plus, ne se soignent plus chez nous, ne s'enterrent plus.
Quand c'est la guerre, fusse-t-elle économique, comment appeler celles et ceux qui désertent le territoire national
?
Ami sarkozyste, reviens !
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