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Voici un livre (de Laurent Aknin, Vendémiaire, 2012), qui psychanalyse l’Amérique au travers de ses films de « fantasy » - science fiction, horreur, péplum et superhéro.
On y voit, effectivement, qu'ils évoluent au gré des humeurs, des états d’esprit, et des événements. Peut-être, même, servent-ils à la nation, collectivement, à accepter et à dépasser les drames qui secouent ses certitudes, et la vision qu'elle a d'elle-même. En particulier, le 11 septembre a été un choc terrible qui a marqué de son empreinte quasiment l’ensemble de la création de cette décennie.
On y voit aussi s’exprimer les fantasmes nationaux, comme la passion sado/masochiste de la torture. Et que les superhéros, les zombies et les extraterrestres sont un moyen pour des réalisateurs, de gauche, de régler leurs comptes avec le pouvoir, quand il est tenu par George Bush.
Cinéma d’une culture au croisement entre Bible et bande dessinée, il reflète la vision naïve qu’à l’Américain d’un monde qui se réduit à son pays, d’une apocalypse qui attend au coin de la rue, et d’une lutte du bien et du mal, dont il est le champion. Mais voilà que les superhéros ont perdu leur perfection. Ils ont été contaminés par les faiblesses humaines. « Le sentiment dominant de ce cinéma est l’inquiétude (…) il s’agit surtout de l’angoisse intérieure d’un pays qui se sent sur le déclin. »
Est-ce vraiment le déclin qui fait peur à l’Amérique ? Ou son bel optimisme vacille-t-il au spectacle de ses actes et des revers qu’elle a subis ? En est-elle arrivée à douter de son élection divine ? me suis-je demandé.