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lettre à D.S.

Publié le 11 septembre 2012 par Lironjeremy

Ce sont des coïncidences qui ne font peut-être au fond qu’accuser la nécessité évidente de certaines connexions. Toujours est-il qu’après vous avoir contacté j’ai attrapé un de ces livres qui sont de vous et que j’ai dans mes rayonnages ; un peu au hasard, pour me replonger. Un ancien : La lumière du deuil. Et je ne crois pas sur l’instant avoir porté une attention particulière au titre : seulement relire un Sampiero pour retrouver le goût, peut-être au fond chercher à anticiper le fragment qui viendrait s’insérer dans le livre en projet. Il se trouve que j’ai la fâcheuse habitude de me laisser aller à entamer plusieurs livres à la fois, traînant un peu dans l’un, cherchant dans un autre la réponse à une question du moment, cédant à la curiosité d’un troisième qui vient de sortir et ainsi de suite. Alors que j’avance doucement le dernier tome des Carnets de note de Pierre Bergounioux, que je résiste à entamer (j’ai pourtant mordu un jour dans les premières pages pour un avant-goût) un vieux François Bon qui manquait à ma bibliographie (Limite), que je remets à plus tard quelques essais dont je suis curieux et qui s’accumulent sans que j’ai le temps d’y plonger, j’avance dans l’œuvre de Bernard Noël, tentant de combler mes lacunes grâce à la réédition en cours de POL. Conjointement aux Larmes d’Eros donc, j’ai en cours Les premiers mots, texte qui comme le votre attrapé sans y prendre garde dans la bibliothèque, entend fouiller la question du deuil (le langage dans le corps etc.). Je dois préciser encore que je ne savais pas que cette question se cachait derrière ce titre simple qui aurait plutôt évoqué le début d’une vie que sa fin. Coïncidence donc que de me retrouver en vacances pour un week end avec deux livres dans mon sac serrant si fort la mort. Là où j’ai commencé un peu à me sentir cerné, c’est lorsque j’ai reçu vos fragments en miette de l’inquiétude : « on ne dit jamais au revoir à celui qui part… » (...) « Le deuil est un long retour de l’âme dans le corps de celui qui reste. ». Vous répondez par ce texte à cette série d’images sombres que vous avez choisi sur mon site et qui, comme vous l’avez lu, s’intitule « images inquiètes ». Saviez vous alors que la prochaine exposition personnelle que j’aurais à Paris en septembre porte le titre de « l’inquiétude » ? Vous ne pouviez pas savoir qu’après avoir cédé à l’invitation d’Armand Dupuy de réaliser un petit livre en commun sur mes images aux triangles (faire-monde&papillons), j’avais proposé à Bernard Noël d’écrire sur cette seconde série, les « images inquiètes » précisément. De vous savoir conjointement réagir à ces images m’évoque cet autre livre que j’ai dans ma bibliothèque et qui vous réuni dans un long entretient sur l’espace du poème, et cela m’amuse un peu. Vous savez, c’est Philippe Massardier qui, alors qu’il m’avait invité à réaliser une exposition pour le lab labanque à Béthune, m’avait offert le premier livre que j’ai lu de vous. Nous avons publié un catalogue de l’exposition et j’avais demandé à Armand Dupuy d’en rédiger le texte (Lyon-Béthune / l’évidence feuilletée d’un monde). Et si vous voulez du vertige je peux vous préciser aussi que très prochainement sortira le dernier recueil d’Armand, et qu’il sera préfacé par Bernard Noël. Et que le catalogue du lab labanque, nous l’avions édité chez Nuit Myrtide, le même que j’ai sollicité pour ce projet que nous avons ensemble. Une chose que vous ne pouviez pas savoir en revanche, c’est que le dernier texte que j’ai en cours d’écriture et que j’imagine comme un complément à celui que j’ai publié en juillet (l’être&le passage) a pour titre « fragments ». Hier je rédigeais dans un carnet en complément d’un paragraphe de ce petit essai : « On peut expliquer : faire le deuil de quelqu’un ou de quelque chose ne consiste en rien d’autre que s’expliquer la disparition, la séparation, la perte ou le manque. C’est remplacer la chose, sa brutalité inconcevable, par des mots. C’est initier la dégradation du souvenir dans la fabrique de son récit, du réel dans l’image. Mourir, c’est passer du réel à la fiction. ». 

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