Bon j’ai cinq minutes. Je vais me confesser auprès de vous. Asseyez-vous. Respirez un grand coup et écoutez-moi bien. Je n’aime pas les battues au cerf en forêt. Je n’aime pas le coup de massue de Maïté sur l’anguille mais j’aime les civets et le goût persillé des anguilles grillées. Il me faut donc accepter les étapes préalables.
Vous êtes encore là ? Ce n’était qu’un début. Je n’aime pas la guerre mais je pourrais défendre mon pays, comme l’ont fait mes parents, armes à la main. J’en assume les risques car la mort n’est que le prolongement naturel de la vie.
L’animal et l'homme ont un point commun ; ils peuvent être brave et affronter les dangers. Ils peuvent également refuser et se soumettre ; une liberté offerte à tous. Cette forme de renonciation n’est pas dans ma culture et chez moi (comme dans d’autres contrées du Sud Ouest) on apprécie tout particulièrement ceux qui savent affronter les dangers sans reculer. Le toro est des nôtres, on le respecte car il "refuse" rarement les risques de l'affrontement.
J’aime aussi le rugby (décidément j'ai décidé de perdre des lecteurs). Un sport de voyou pratiqué par des gentlemen, mais un sport avec des règles établies et connues. J’aime également la corrida pour son code et ses coutumes. Hélas, ces règles, quelques peu obscures et méconnues échappent à de nombreux spectateurs qui n’apprécient guère de cette apparente «boucherie »(1) et ses falbalas ringards, dommage.
Ainsi là où d’autres voient une tuerie je peux vibrer devant la vaillance d’un animal d’exception au combat. Car il s’agit de cela. J’aime cette force et cet instinct qui pousse le toro vers ses agresseurs (2). Je n’assiste qu’à peu de corrida mais j’aurais aimé être présent à Mont de Marsan le 20 juillet pour voir la justesse de l’indulto (3) de Jazmin (voir vidéo ci-dessous)Car la corrida moderne, n’est pas un cirque. Il y a des passages obligés et des étapes qui commencent bien avant le spectacle.
Parfois, des usurpateurs peuvent ternir ces règles ; comme au rugby, il peut y avoir des tricheurs. Comme au rugby, il faut savoir «avaler» cinq toros avant de vibrer à une séquence mémorable, et sentir la noblesse du combat. Il y a, en effet, des temps forts et des ombres au tableau. Il faut donc de la patience et connaître. Avant de souhaiter l'irrémédiable interdiction aussi.
En quelques
mots, voilà pourquoi, tout comme M. Valls ou N. Mamère, j’aime la corrida (et les politiques courageux qui la défendent). Vous avez le droit de m’opposer votre point de vue. Je le respecte.
Pour vous éviter de reproduire de longs textes en commentaires j’ouvre directement le lien sur les 19 mauvaises raisons de défendre la corrida.Pour ma part
je reste sur mes positions et espère que le conseil constitutionnel me laissera encore voir quelques beaux combats spectacles sur mes terres du sud.
L'indulto de Jasmin à Mont de Marsan à visionner jusqu'au bout...
(1 (1) Je n’insisterais pas sur les bouchers et les abattoirs ; trop l’ont fait avant moi.
(2) (2) Ce n'est pas le terme exact...mais je respecte mes
contradicteurs potentiels
L (3) L ’indulto est intraduisible ; il s’agit d’une reconnaissance exceptionnelle faite à l’animal d'une grâce accordée par le Président mais, excusez du peu, avec l’accord du propriétaire qui généralement réintègre à la prairie son toro comme «semental». Le toro participe ainsi à la préservation de la noble race des combattants.