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Quand ma douce amie D revient à moi...

Par Jeuneanecdotique
16 septembre 2012

dépression


Aujourd'hui, pas de pourquoi, pas de parce que. J'ai besoin d'écrire à cœur ouvert, je n'ai pas forcément besoin d'être lue, je n'ai besoin que d'une chose : écrire.
Ma douce amie D (dont je parle ici), j'ai bien l'impression qu'elle revient. Il arrive souvent qu'on rechute quelques jours, puis que ça s'en aille aussi vite qu'un petit nuage passager. Mais il y a des fois, où ça ne revient pas qu'un peu. Ça revient complètement.

Depuis quelques semaines, je ne suis pas au top de ma forme, mais je ne peux pas dire que je ne vais pas bien. Je suis « neutre ». Pas heureuse, parce que je suis encore dans une période de transition un peu désagréable qui me servira dans minimum un an (j'espère) à avoir une meilleure vie. Pas malheureuse, parce que je me sens trop vide pour ressentir quoi que ce soit pouvant me heurter.
Mais hier, j'ai explosé. Je n'ai rien contrôlé.
Ça ne devait être qu'une soirée géniale de plus avec l'homme que j'aime, et j'ai tout gâché. D a tout gâché.
Généralement, lorsque nos disputes ou mes boudages ne sont dirigés que par mon mauvais caractère, je le sais. Lorsque j'explose, que je crise, que je suis plus moi-même, je vois largement la différence avec un simple caprice, car je ne ressens pas du tout la même chose.
En l'espace de deux heures, j'ai fait deux crises atroces. Pour des histoires bêtes d'horaires ou de promesse non-tenue. Des histoires qui il y a quelques jours ne m'auraient énervée que trois minutes avant que je n'oublie.
J'ai pleuré, erré dans l'appartement, je l'ai engueulé, je me suis complètement griffée les bras parce que je ressentais de nouveau cette vague d'émotions impossible à neutraliser. J'avais tellement envie de hurler, de pleurer, de jeter tout ce qui me passait sous la main contre le mur, que pour me calmer, il fallait que je m'attaquer à quelque chose qui ne se remarquerait pas, et qui ne faisait pas de bruit : moi.
Lorsque je me suis calmée, j'ai visualisé mon comportement et j'ai eu honte. J'ai voulu mourir de honte. J'ai fait souffrir mon copain, je l'ai traité comme une merde, je lui ai jeté mes problèmes psychologiques à la figure, alors que le problème, c'est moi, ce n'est pas lui. Mais c'est à lui que je le fais subir, parce qu'égoïstement, j'ai souvent l'impression qu'il est le seul qui restera à mes côtés même si je me permets de lui montrer mon côté complètement psycopathe.
Une heure plus tard, j'ai recommencé. Pour une idiotie sans limite. Au fond de moi, je savais que je devais arrêter, je savais qu'il fallait qu'on me coupe la langue pour que je me taise, qu'il fallait qu'on me crève les yeux pour que je ne pleure plus, et qu'il fallait qu'on m'assomme pour freiner ce flux insupportable de colère, de haine et de tristesse qui m'assaillait sans aucune bonne raison.
Hier, j'avais l'impression d'être retournée au lycée. C'est au lycée que j'ai eu mes crises les plus violentes. L'année qui a suivi, ma déprime était plus passive qu'active : je me sentais plus vide et désemparée que haineuse et sur le point de mourir de douleur. Mais je sais qu'importe, ce sont là des sentiments qui, s'ils perdurent, mènent au même résultat.
Ce résultat, ce sont des crises. J'ai peur de recommencer. J'ai peur que la soirée d'hier ne soit que le début d'une nouvelle période un peu noire. J'ai peur, pour de vrai. Je suis consciente qu'il ne tient qu'à moi de me taire, et d'aller m'enfermer dès que je sens que je suis sur le point de craquer pour la énième fois : mais que faire pour arrêter de souffrir ? Se cloîtrer dans une pièce limite les dégâts sur nos proches, mais pas sur nous...

En souffrant, en ayant cet énorme nuage orageux au dessus de la tête, je fais souffrir la personne que j'aime.
Hier, je lui ai dit. Je lui ai dit que je ne me sentais pas bien, que j'en avais complètement marre de faire mes crises, et d'avoir mal pour tout et rien, des tout et des riens dont je sais pourtant objectivement qu'ils n'ont aucune importance. Je le sais, mais ce n'est pas la gravité d'un acte, d'une parole, d'une situation qui décide d'une crise : c'est juste madame D qui s'infiltre par toutes les voies possibles, qui se dit « j'ai vu de la lumière donc je suis passée », qui se réveille de son sommeil plus ou moins long.

J'ai demandé à mon copain s'il me croyait, quand je lui disais que j'allais mal. Il m'a dit oui. Je lui ai dit que j'étais désolée, tellement désolée de ressentir tout ça, de lui faire du mal, de le rendre malheureux, mais que je ne faisais pas exprès. Il a dit qu'il savait, et qu'il était surtout désolée pour moi. Il n'est normalement jamais très compréhensif, alors ces mots m'ont fait un peu de bien.

Même quand je n'ai plus eu aucune raison d'être en colère ou triste, le nuage est resté. J'ai pris ça comme un très mauvais présage.
Pendant ma seconde crise, comme la pire idiote au monde, j'ai été prendre de mon anti-dépresseur, caché dans un coin depuis quelques mois. Je voulais m'assommer. Arrêter de penser, arrêter de ressentir. Ne plus être un cœur, mais juste un corps.

Ce matin, j'ai mis une heure avant de pouvoir me lever. J'étais trop molle. Je n'arrivais pas à bouger.
Mon copain m'a fait l'amour. Moi qui suis habituellement très ouverte à ce petit plaisir, je n'arrivais même pas à émettre le moindre bruit. J'ai dû rassembler toutes mes forces pour faire bonne figure et ne pas jouer à l'étoile de mer – l'étoile de mer que j'exècre de tout mon corps. Mais d'habitude heureuse et très impliquée, ce rapport n'a rien suscité en moi. Peu de plaisir, peu de curiosité, peu de vivacité. Ce n'était pas faute d'être objectivement aussi bon que les autres fois.

Mon copain m'a conseillée d'aller voir une psychologue. J'ai dit qu'il avait sans doute raison, mais au fond de moi, je n'y vois aucune utilité. J'ai été suivie pendant 4 ans par une psychologue que j'appréciais beaucoup, et qui était souvent à l'origine de mes (éphémères) coups de boost. Mais je n'allais jamais en profondeur, je restais à la surface. Je disais ce qu'il se passait dans ma vie, mais je ne lui confiais jamais ce que je ressentais. Je biaisais en lui parlant de choses sans importance. Serais-je plus aidée par quelqu'un que je ne connais pas comme elle ? Je ne pense pas.
Lorsque je vais mal, je m'imagine assise sur une plage, le vent dans les cheveux, face à la mer. J'imagine les vagues qui s'échouent sur mes orteils, et souvent, ça me relaxe. Une relaxation de courte durée, mais ce sont quelques secondes de tranquillité dont D ne peut me priver.
Parce que, chère D, tu n'es pas que mon amie, une douce amie qui reviendra toujours à moi quoi qu'il se passe, tu es aussi mon ennemie, le genre d'ennemie qui me fait vomir et que j'essaierai de chasser de ma vie du mieux que je peux. J'essaierai. Mais il y a comme qui dirait un énorme problème : D est maligne. C'est un Diable, une Diva. Elle sait que pour la chasser, il nous faut de la force, de la motivation, une certaine envie de vivre. Et son but, son rôle, sont justement de vous arracher tout cela.
Courage.

(cet article a uniquement pour but de mettre des mots sur ce que je ressens, c'est ce que je fais depuis toujours quand ça ne va pas. Ca ne guérit pas, mais on a l'impression de parler à quelqu'un, et ne pas être seul.)

Quand ma douce amie D revient à moi...

Quand ma douce amie D revient à moi...

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