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What's next ? Mahomet à poil ?

Publié le 20 septembre 2012 par Juan
What's next ? Mahomet à poil ? L'hebdomadaire humoristique a réussi son coup: un car de CRS de la République a été envoyé pour protéger ses locaux, des polémiques en tous genres ont agité les blogs et les réseaux sociaux; et il a soulevé une levée de boucliers dans le monde politique et médiatique jusqu'à l'Elysée. Bref, la publication, dans l'édition du mercredi 19 septembre a rempli sa promesse: faire vendre le journal.
On peut imaginer qu'un tel hebdomadaire a néanmoins deux objectifs plus éditoriaux: faire rire et faire réfléchir. La transgression des humoristes est une expression de liberté essentielle en démocratie. Elle provoque régulièrement d'insondables débats sur ses limites ou l'absence de limite. L'humour d'un dessin est une affaire de goût personnel. Susciter la réflexion est en revanche un objectif qu'il est plus facile d'appréhender de façon neutre et impersonnelle.
Quand Charlie Hebdo publie les fameuses caricatures de Mahomet en 2006, il apporte en France une manifestation de soutien au journal danois qui les avait publié en premier lieu, et se trouva alors pris d'un tourbillon de censure et de pressions politiques inédites dans le pays. Charlie Hebdo faisait preuve d'indépendance - comme souvent - et de solidarité. Il testait, une fois de plus et à juste titre, notre liberté d'expression et le sens de la dérision de certains. Qu'importe le tollé, les pressions, le procès ! Charlie Hebdo faisait réfléchir.
Quand le 19 septembre 2012, l'hebdomadaire décide de publier de nouvelles caricatures de Mahomet, la situation, sa situation est bien différente. Il en fera peut-être rire certains.
Espérons-le.
Espérons aussi que la démarche ne visait pas qu'à provoquer seulement des rires ou des sarcasmes mais aussi un minimum de réflexion sur l'état du monde, ou, en l'occurrence, notre liberté d'expression face aux religions en général, l'islam en particulier. Si c'est le cas, s'il s'agissait bien de faire progresser notre liberté de pensée, alors le coup est objectivement raté, et triplement raté.
Divers pays où l'islam est la religion dominante voient les rangs des manifestations d'indignation grossir après la diffusion - instrumentalisée - d'un film provocateur d'un extrémiste égyptien caché aux Etats-Unis: On peut imaginer que toute provocation supplémentaire émanant d'un pays occidental n'améliorera pas la situation. Certains supporteurs de l'initiative humoristique clament en retour qu'il faut justement affirmer sa fermeté.
Vraiment ? Charlie Hebdo n'apporte rien dans l'affaire. Bien au contraire!
On n'ose imaginer que l'hebdomadaire veuille exprimer une quelconque solidarité avec les auteurs dudit film. Cette mauvaise polémique est tellement instrumentalisée par les salafistes et l'Iran qu'on pouvait penser que la meilleure des attitudes aurait été de fustiger ces derniers plutôt que de se moquer de Mahomet...
Partout, les gouvernements sont surpris par l'ampleur et la violence de manifestations sur un prétexte aussi fallacieux et absurde. Les opinions occidentales sont choquées, les autorités religieuses appellent calme. Tous ou presque ont conscience de l'absurdité et de la stupidité de ces réactions. Nul besoin de Charlie Hebdo pour comprendre ni réaliser.
Du coup, l'attitude du journal apparaît franchement contre-productive: Charlie Hebdo s'est attiré des nombreuses réactions négatives de la part de critiques peu suspectes de complaisance envers l'islamisme radical voire les religions en général. Le journal est suspecté d'opportunismed'instrumentaliser lui-même l'affaire, d'agiter les esprits, ou d'être suiviste dans une polémique gravissime qui le précède. A l'inverse, il fallait chercher loin, du côté d'Yves Rioufol, le polémiste ultra-catholique du Figaro et François Fillon, enfin seul en campagne contre Jean-François Copé, pour trouver quelques soutiens à cette initiative médiatique.
Le sujet religieux est enfin, une fois encore, une diversion des vrais problèmes: la mise en oeuvre des emplois d'avenir, la hausse des prix du gaz, le traité européen ou les menaces sur l'emploi public et l'austérité en général...


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