Avec ses deux victoires d’étape à la Vuelta, Philippe Gilbert fait partie des grands favoris du Mondial, à Valkenburg (Fauquemont en français), là où s’était imposé la dernière fois, en 1998, le Suisse Oscar Camenzind.
Un final que Gilbert connaît parfaitement et qui lui convient bien, comme il l’avait prouvé en gagnant de belle façon sur les hauteurs du Caubert l’Amstel Gold Race en 2011. Depuis ce succès, la roue a tourné, d’abord dans le mauvais sens pour le Wallon qui a galéré cette saison avant de retrouver les bonnes sensations. Mais son retour en forme est confirmé et l’esprit revanchard qui l’anime est source de grande motivation pour aller cueillir un succès de prestige qu’il avait déjà entrevu en 2010 sur le circuit australien de Geelong avant d’être éclipsé par le Norvégien Hushovd, aux abonnés absents depuis plusieurs mois !
Gilbert est à la tête d’une très belle équipe de Belgique (Boonen, van Avermaet, Deveninjs, etc.) appelée incontestablement à jouer les premiers rôles sur un circuit usant et stressant, qui emprunte les petites routes du Limbourg et comportant de nombreux petites bosses. D’abord un tracé en ligne de 106 km au départ de Maastricht avec 7 côtes, puis une boucle finale de 16 km à parcourir à dix reprises avec deux difficultés : le Bemeleberg (900 m avec passages à 7 %) et surtout le fameux Cauberg (1,2 km avec pente maximum à 12 %) dont le sommet est situé 1700 mètres avant la ligne d’arrivée. Un final pour hommes forts, avec une redoutable rampe de lancement, et qui devrait fournir un magnifique champion du monde.
On eût pu faire figurer Peter Sagan parmi les favoris, mais le phénomène slovaque ne s’estime plus suffisamment en forme pour justifier la confiance des parieurs. Info ou intox ? La course le confirmera vite. Celle-ci pourrait profiter à l’équipe d’Espagne qui, une semaine après la Vuelta, aligne une véritable dream team avec Contador, Valverde, Rodriguez, Freire (déjà trois fois titré), Rodriguez, Flecha et Samuel Sanchez alors que Luis-Leon Sanchez n’a pas été retenu !
Plusieurs autres formations ont des éléments en vue qui peuvent à leur tour avoir un rôle à jouer : l’Australien Gerrans, le redoutable Norvégien Boasson-Hagen ainsi que les Italiens Nibali et Moreno Moser, ce dernier, âgé de 22 ans seulement, et déjà vainqueur cette saison du Trophée de Laigueglia en ouverture italienne, du GP de Francfort, du Tour de Pologne et vice-champion national ! Un jeune talent très prometteur, que Bettini a décidé de « protéger » au sein de la squadra azzurra et qui pourrait créer la sensation à condition de tenir la distance (267 kilomètres).
Reste quelques individualités comme le Danois Fuglsang, le Portugais Rui Costa, les Allemands Burghardt et Degenkolb (cinq succès au sprint à la Vuelta), le Suédois Kessiakov et le Suisse Albasini, très en vue cette saison. En revanche, qu’attendre des Britanniques Cavendish, Wiggins, Froome après un Tour de France exceptionnel mais des JO en demi-teinte pour ce qui concerne la course sur route ? Même question pour les Français organisés autour de Voeckler ? Sans le jeune Pinot mais avec encore Chavanel, Tony Gallopin et Arthur Vichot, l’équipe de France a cette fois des arguments à faire valoir sur le terrain. Ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années. Quant à la Hollande, soutenue par son public et emmenée par Lars Boom et Robert Gesink, il faudra s’en méfier.
Un championnat du monde très attendu au milieu d’une foule immense, dans une région proche de la Belgique et où le vélo est roi. Parmi les principaux absents, on note les deux Schleck, l’Américain Farrar, le Suisse Cancellara, l’Espagnol Luis-Leon Sanchez, les Australiens Evans, Rogers, Goss et O’Grady.
Bertrand Duboux