Revue de détails du patrimoine de Saint-Léonard de Noblat

Par Eric Bernardin

J'ai vécu une expérience assez passionnante à l'occasion des journées du Patrimoine. Le dimanche à 15 heures était organisée une visite un peu particulière. Sous la houlette d'un guide dynamique et intarissable, Philippe Radonnet, nous (60 personnes) sommes partis à la recherches de petits détails architecturaux situés un peu partout dans le village. Cela nous a obligés à lever beaucoup la tête, car souvent ils pouvaient se nicher aux endroits les plus inattendus. Dès que nous en avions trouvé un, notre guide nous expliquait la genèse ou le contexte architectural de celui-ci. Si bien qu'au bout des 2h30 de visite, nous avions l'impression d'être calés en architecture civile du XIVème au XVIIIème siècle ;o)  

C'était assez inattendu : nous avons commencé la visite au cimetière. Pour deux raisons : c'est probablement sur cet emplacement le plus élevé du secteur que le village a pris naissance il y a un peu plus de 2000 ans (et déjà certainement un lieu de sépulture). Ce qui allait devenir le bourg de Nobiliacum était un carrefour entre deux axes de communication :  un national (la voie qui menait de Bourges à Bordeaux), l'autre local (le chemin vers l'Oppidum de Villejoubert, le plus grand des Gaules). 

L'autre raison est une curiosité locale. Nous sommes ici au pays de la porcelaine, et cela se retrouve jusque dans les monuments funéraires, comme vous pouvez le voir ci-dessus (la tombe d'un ancien grognard que Napoléon avait décoré de l'ordre de Sainte-Hélène – c'est la décoration qui figure sur la plaque).

Quelques autres exemples 

Vous voyez mal ? Je me rapproche...

Je n'avais jamais vu cela ailleurs. 

Il paraît qu'à Limoges, il y en a de beaucoup plus spectaculaires.

Non, ce n'est pas une pierre tombale, mais une plaque commémorative fixée sur le mur de la maison natale de Denis Dussoubs. Vous n'en avez jamais entendu parler. Un peu normal. Il est mort encore plus jeune que Mozart. Mais lui a vraiment été assassiné en défendant la république. Son frère Marcellin avait été élu député deux ans plus tôt en 1849. Lorsque Louis-Napoléon Bonaparte fait son coup d'état le 2 décembre 1851, un groupe de parlementaires tentent de résister. Ils mettent en place une barricade rue Montorgueil. Marcellin étant malade, Denis prend son écharpe pour y participer à sa place. Dans une volonté pacificatrice, il s'avance désarmé vers les soldats pour les convaincre de se rallier à la République. Ca marche pas vraiment : ils lui tirent dessus, les c...

C'est pas tout, mais il y a tous les "détails à trouver" :

là, un modillon sculpté en forme de lapin

Là, des fenêtres du XVIIIème siècle

Là, c'est plus subtil. A l'origine, c'est une fenêtre à meneaux du Moyen-Age, mais elle a été retouchée pour deux raisons :

- avoir plus de lumières

- payer moins d'impôts (car elle comptait avant pour deux fenêtres...)

Là, c'est une statuette de Saint-Léonard, sans qui la ville ne se serait pas autant développée, car son pélerinage amenait énormément  de monde au Moyen-Age. Avant d'être Saint, il se trouvait être le filleul du roi Clovis, obstétricien à ses heures. Ayant délivré la Reine Clothilde d'un accouchement difficile, il se voit octroyer des terres ... à Nobiliacum. Il est rejoint par des prisonniers libérés qui voient en lui leur saint-Patron (ben oui accouchement = libération. Je sais, c'est super tiré par les cheveux, cette affaire...). Une fois mort, les anciens prisonniers viennent de toute la France pour se recueillir sur ses reliques, et durant le Moyen-Age, ce ne sont pas les anciens prisonniers qui manquent... Même le Prince d'Antioche fait le déplacement.

Fenêtres géminées du Moyen-Age

Porte du XVIIème 

Ferronnerie de la même époque

Modèle d'une maison du XVIIIème

(pile poile comme celle que j'habite)

Là, ce sont les bas reliefs du Moyen-Age qui sont intéressants

(je les ai encadrés pour que vous les repériez)

Maison typique du Moyen Age avec les fenêtres du 1er étage retouchées XVIIIème

Alors là, c'était assez incroyable. Dans la rue, il y avait une maison qui ne payait pas de mine. Nous passons derrière ... et découvrons une façade totalement différente : c'était l'ancien théâtre de Saint-Léonard (actif jusqu'au début du XXème siècle).

Oui, encore un Saint-Léonard...

Un blason (fin XVIIème)

Un modillon

Encore un Saint-Léonard !

Un modillon

Rien à ajouter...

Maison du Moyen Age retouchée pour les raisons évoquées plus haut...

Un joli modillon

Où l'on voit que le montage d'une maison n'était pas improvisé...

 Le petit détail le plus haut perché...

Ferronnerie du XVIIIème

Un colombage sculpté

(fallait le trouver, celui-là)

L'ancien hôpital (= le lieu d'accueil des pélerins)

L'ancien Couvent des Filles de Notre Dame, 

devenu le Musée Gay-Lussac

Résumé de la visite, de droite à gauche :

Moyen-Age, XVIIIème, Mix XVIIème

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Une fontaine dont l'eau rendait fou, paraît-il... 

A mon avis, le gars qui la buvait était fou avant de la boire ;o)

Récup' d'une base d'un double pilier de l'ancient couvent

Chapiteau de la Collégiale

Historique de la Collégiale. On apprend que les pélérins circulaient sous les reliques

 Les reliques de Saint-Léonard

Derrière cette scuplture...

... une autre est cachée !

Alors, ça, c'est une copie d'un fragment de l'ancien portail de la Collégiale, dont l'original se trouve au musée des Cloîtres à New York. Il y a même un monsieur américain qui a écrit un livret dessus (voir ICI). Voilà une photo extraite du livret :

Fin de la visite !

Un merci infini à Philippe Radonnet

et au syndicat Monts & Barrages en Limousin !

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Merci pour cette visite, très intéressante... Il faut vraiment se promener le nez en l'air pour ne rien rater ! bon week-end !