Paso Doble n°296 : Anti-chapelière, mais pas anti-chapelet !

A las cinco de la manana…

Kippa le plus, peut le moins

Marine Le Pen fait sa rentrée et elle a choisi de donner la chasse à la burqa en allant plus loin que la loi votée sous la précédente mandature sur l’interdiction du voile intégral. Chez les Le Pen, le sujet ne fait pas consensus. En 2010, Le Pen père s’était montré réservé sur la loi d’interdiction : «Il n’y a pas besoin d’une loi pour interdire ce qui relève du simple bon sens, à savoir que les gens ne se promènent pas masqués, (…) La législation française ne manque pas de volumes pour traiter une affaire comme celle-là». Marine Le Pen, elle, s’était dissociée de son père en réclamant une loi d’interdiction beaucoup plus massive.

Derrière l’affrontement père/fille, il faut peut-être voir une tentative de virage idéologique mal assumé. Sous Jean-Marie Le Pen, la base militante du Front National se recrutait chez les catholiques intégristes, un milieu où le curé est cité bien avant l’instituteur dans la hiérarchie des valeurs. L’islam y est surtout critiqué car il supplante la Chrétienté. Or, Marine Le Pen a choisi de se détacher de cette étroite base militante, en mettant un terme à l’antisémitisme paternel. Ses propos récents sont un pas de plus puisqu’ils permettent de reprendre le fonds de commerce des laïcards, ce qui lui fait un point commun (de plus ?) avec Mélenchon.

In caud(ill)a venenum

Le changement de pied n’est cependant pas net. La caudilla ne va pas jusqu’à la caude (la queue) car si elle propose d’interdire les voiles et les kippas, elle reste muette sur les croix et les chapelets. C’est un positionnement politique complexe à suivre : soit on décide que la manifestation de la foi n’a pas sa place dans l’espace public, soit on décide qu’il l’a. Interdire une chose à certains et permettre à d’autres apparaitrait inégal et injuste. L’attaque sur les kippas est d’autant plus étonnante qu’on sait que ce n’est pas le fond du problème et que c’est un risque pour le FN de faire renaître le vieux soupçon d’antisémitisme qui le caractérise depuis des années.

Pour ma part, j’ai un positionnement singulier sur cette question : tout signe distinctif qui est manifeste de la liberté de penser, au sens individuel, doit être autorisé. En revanche, lorsque ce signe devient collectif, un élément identitaire de communautarisme anti-républicain, alors il faut sans doute interdire. Le voile intégral est imposé de l’extérieur, ce n’est pas une obligation religieuse, et son caractère uniforme en fait un élément de singularisation d’une foi musulmane intégriste qui refuse les lois de la République. Je suis pour l’interdiction.

En revanche, pour le reste, je rappelle qu’il y a encore 30 ans, toutes les femmes sortaient avec un fichu sur la tête…

BurqakippaMarine Le Pen

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