J’ai abordé le sujet Open Data à quelques reprises sur ce blog, ici, là ou encore là, et même là. Le sujet m’intéresse donc et je pensais avoir un bon vernis pour m’attaquer à la lecture du bouquin gagné chez Flavien (encore merci 1000 fois).
Open Data – comprendre l’ouverture des données publiques est disponible aux éditions FYP, et sur Amazon pour moins de 24 €.
Son auteur ? Simon Chignard, un Breton sympathique et précurseur puisqu’il a participé à l’ouverture des données publiques de Rennes Métropole. Ce vice-président de la Cantine rennaise tient également un blog dédié aux données ouvertes qui complète et prolonge son livre.
Le pitch
Simon Chignard décrypte un phénomène complexe et multi-facettes. Les enjeux de la libération des données publiques sont à la fois techniques, économiques, juridiques, sociétaux, culturo-politiques, voire philosophiques. Le principe de l’open data peut sembler simple : en France, les acteurs publics ont l’obligation légale de mettre à disposition les données qu’ils traitent avec l’argent de nos impôts. Pourtant, si cette contrainte peu également être utilisée comme une opportunité, sa mise eu oeuvre pratique rencontre des freins, notamment culturels. L’ouvertures des données publiques prend sa source dans les théories de gouvernement ouvert à l’anglo-saxonne, où les notions de transparence et d’accountability (rendre des comptes) sont plus ancrées. Simon Chignard évalue les chances de succès d’un open data à la française, en détaillant les arguments et les positions des différentes familles de pensée politique.
L’auteur s’attache à dresser une typologie des données concernées et de leurs applications dans la vie quotidienne, mais brosse également un panorama des acteurs : détenteurs, réutilisateurs et utilisateurs finaux. Sa revue des initiatives en France s’accompagne d’une analyse des facteurs de réussite ou d’échec.
Mais l’intérêt de cet ouvrage tient également à son volet pratique : comment un détenteur peut ouvrir ses données et les valoriser. Sur ce point, j’ai particulièrement apprécié l’approche. Plutôt que de commencer à faire la liste des données disponibles, le détenteur doit en amont choisir ses priorités et concevoir une vraie stratégie. En gros : 1. je détermine ce que je veux publier, et 2. je regarde ce qui est disponible. Mettre l’open data au service d’un stratégie permettra ainsi de légitimer les choix en interne les choix et de lever les éventuels blocages. S. Chignard détaille ensuite par le menu comment donner de la visibilité à la démarche, comment animer et mesurer les résultats.
Le dernier chapitre se fait prospectif et s’interroge sur les nouvelles frontières de l’open data : le crowdsourcing appliqué à la production de données, la libération des données par les entreprises privées et les données personnelles, pour l’instant exclues du champ des données publiques.
Mon avis
Vous l’avez compris, j’ai été enthousiasmé par cette lecture. Sur le fond, il s’agit d’un sujet totalement maîtrisé, aussi bien sur les aspects théoriques que sur les volets pratiques. S. Chignard a le bon sens d’éviter tout idyllisme et le manichéisme que j’ai pu dénoncer parfois chez les partisans de l’open data. Sur la forme, l’ouvrage est bien écrit, tout à fait accessible à des novices. Il donne toutes les clés pour concevoir et mettre en oeuvre une stratégie maîtrisée d’ouverture des données publiques. Bien pensé, bien exécuté, bravo M. Chignard !