Grosse injustice à Anfield ce week-end : United a volé trois points aux Scousers grâce à la complicité du referee Mark Halsey.
Non, le tacle de Jonjo Shelvey sur Evans, les deux pieds en avant et ne jouant visiblement pas le ballon ne méritait pas la rouge. Tout au plus, Jonjo et Jonny eurent dû partager le bristol jaune. C'est vrai quoi, si on siffle Evra parce qu'il est victime d'injures raciales, on peut bien punir Evans d'être sur le chemin de l'affreux troll chauve quand il s'élance toutes cales en avant ! Aussi incroyable, le penalty sifflé en faveur de United en fin de match. Comment Halsey a-t-il pu faire ce cadeau à United ? Le retour de Johnson est tout ce qu'il y a de plus propre, tellement qu'il n'a même pas discuté. Valencia n'est pas déséquilibré et les mains de Johnson dans le dos de l'équatorien ne représentaient qu'une simple caresse d'un homme qui en aime un autre. Et puis Valencia n'était pas du tout sur le point de marquer de plein jeu. Il a décidé de ne pas faire la passe à Giggs ou RVP pour faire semblant de vouloir marquer et s'écrouler, comme il le fait tous les week-ends...
Ces précisions faites, penchons-nous un peu sur la rencontre :
Débutée par un hommage dans la plus pure tradition british, où Sir Bobby Charlton offrit 96 roses à un autre vieux monsieur que je n'ai pas reconnu mais qui doit être son équivalent chez les gens qui ne marchent jamais seuls. Les deux équipes pénétrèrent ensuite sur la pelouse vêtus de survêtements floqués du chiffre 96 et Giggs revisitait le tube de Nena, 96 luftballoons (prononcer avec l'accent allemand), en libérant autant de ballons qui s'envolèrent vers un ciel où les victimes d'Hillsborough espéraient, comme nous, assister à un beau derby. Dans ce contexte, la petite guéguerre Evra-Suarez méritait bien une trêve et donc, une poignée de main tout ce qu'il y a de plus amicale...
C'est un superbe résultat pour nous mais nous n'avons pas bien joué. En première période, Liverpool nous a dominés. Je suis déçu de notre performance pour être honnête.
Sir Alex n'a pas encore perdu la boule : effectivement, nous avons été horribles quasiment de la première à la dernière minute. Liverpool nous a dominés, dans les duels, dans le jeu, dans l'envie. On le savait à l'avance, ce ne serait pas facile, les Reds jouant le match de leur vie. Pourtant, Rodgers la jouait comme Wenger en alignant une classe biberon où Gerrard faisait office de vieux crouton. Une équipe bien loin du niveau du Liverpool d'il y a quelques années, avec Xabi Alonso, Mascherano, Kuyt ou Torres. Là au moins, il y avait du répondant. Hors cette fois, aussi motivés fussent-ils, les Reds n'avaient rien. Leur possession, leur domination, c'est à United qu'ils la doivent. Nos joueurs étaient paralysés, incapables d'aligner trois passes, de supporter le petit pressing des locaux, de mettre le nez à la fenêtre. Heureusement, dans ce marasme footballistique, notre défense faisait exception : Lindegaard fut impérial et justifie le choix de Fergie d'alterner entre ses deux gardiens ; Rafael endossait le rôle du sauveur en égalisant cinq minutes après l'ouverture du score par Gerrard, bien servi par Scholes, d'un but absolument magnifique signant performance de haut vol ; et mon homme du match, Rio Ferdinand, intraitable au coeur de la défense et bien assisté par Evans. Dans ce back four où l'absence de Vidic était pour le moins inattendue, seul Evra décevait, encore. Au milieu de tout ce beau monde, Luis Suarez enchaînait les crochets et les plongeons. Visiblement ses coéquipiers ne l'avaient pas briefé sur le complot pro-United...
C'est donc grâce à un penalty sifflé à la 80ème minute que nous avons remporté une si précieuse et inespérée victoire. Le héros se nomme à nouveau Van Persie, invisible jusque là, à quoi bon se fatiguer après tout ! Mais de nos jours, l'obtention d'un penalty est davantage source de stress pour le supporter mancunien que de satisfaction. Un stress qui dura plus de quatre minutes, deux scousers s'étant téléscopé en voulant stopper la fusée Valencia, partie à toutes enjambées s'écrouler sans raison dans le petit rectangle de Reina. RVP s'élance finalement, mais le portier espagnol choisit le bon côté et le bruit du ballon sur ses gants nous fait penser, le temps d'une fraction de seconde, que plus jamais nous ne marquerons un tir au but. Mais le filet bouge et les supporters de United exultent ! Le tir était trop puissant et la malédiction est, fingers crossed, terminée.
Cinq ans après sa dernière victoire à Anfield, United renoue avec le succès chez son plus grand rival historique. La manière laisse à désirer, c'est certain, mais c'est le genre de résultat qui peut peser dans la balance au final. Prendre trois points à Anfield, peu importe la manière, est un événement qui se savoure. Les frustrés peuvent dire que l'arbitre nous a offert ce succès, et après ? Ils disaient quoi quand Carragher découpait impunément Nani ou Owen il y a deux ans ? Halsey a eu les couilles de prendre des décisions qui n'ont rien de choquant mais qui n'étaient pas faciles à siffler, dans un stade où la pression peut être énorme. Les réactions ne tardèrent pas, puisque de gentils et intelligents scousers lui ont souhaité la mort par cancer (Halsey a vaincu la maladie) sur Twitter.
Pour la performance, le glamour, la fierté, on repassera, à nouveau. Notre équipe ne tourne pas comme elle le devrait. Sir Alex fait toujours des choix curieux : titulariser Giggs au milieu dans ce genre de rencontre, et donc laisser Scholes, Cleverley et Anderson sur le banc, ce n'est pas rendre service à l'équipe ni à Sir Ryan... Nos ailiers sont beaucoup trop inefficaces : Nani, qui semblait retrouver un bon niveau, fut grotesque, et Valencia, même s'il est impliqué sur les deux buts, a du mal à faire honneur à son numéro 7. Même Scholes, entré à la mi-temps, n'a plus son influence habituelle. dans ce contexte, Kagawa s'est bien démené mais devait se sentir bien seul. Le souvenir du jeu spectaculaire pratiqué à Dortmund doit être bien loin actuellement pour le japonais. On espère à chaque fin de match que le déclic aura lieu à la prochaine rencontre, mais rien ne vient.
Allez, ne boudons pas notre plaisir : cette victoire à Anfield et les réactions qu'elle provoque sont jubilatoires, elle nous permet de rester deuxièmes juste derrière Chelsea, pendant que Liverpool croupit dans les bas fonds du classement à une honteuse 18ème place. Cerise sur le gâteau de ce beau week-end ? L'annonce de la retraite internationale de John Terry. Elle est pas belle la vie ?
Casting : Lindegaard, Rafael (Welbeck), Ferdinand, Evans, Evra, Valencia, Carrick, Giggs, Kagawa (Chicharito), Nani (Scholes), Van Persie.
Recalés : De Gea, Anderson, Cleverley, Büttner.
Homme du match : Les pleureuses diront Mark Halsey. Moi je dis Jonjo Shelvey ! Pour son prénom, pour sa tronche de bandit, pour ses interventions chirurgicales... Et puis pour avoir eu le courage (qui a dit la bêtise ?) de s'en prendre à Sir Alex, coupable selon lui de son expulsion ! Ce n'est décidément jamais leur faute. Sans déconner, Rafael et Ferdinand sont les grands artisans de cette victoire, mais si le superbe but du petit brésilien nous remit sur les rails, ponctuant une belle prestation d'ensemble, c'est bien le vieux Rio qui m'a le plus impressionné. Après nous avoir fait craindre le pire (Carrick en défense centrale !) en boîtant en début de match, il nous a rappelé à tous pourquoi, quand il n'est pas blessé, il est toujours l'un des meilleurs défenseurs centraux au monde.