Un ami a partagé une photo sur Facebook intitulée: Comment s’appelle votre bonne ?
Un petit texte accompagnait également la photo : « Les familles aisées ne peuvent pas se passer de leur employée de maison, mais n’ont pas de mots satisfaisant pour la désigner. L’hebdomadaire Tempo revient sur les différents termes utilisés au fil du temps – qui marquent tous, d’une façon ou d’une autre, la supériorité de l’employeur.”
Cela m’a interpellée et donné envie de vous raconter mon expérience.
Dans mon petit chez moi au fin fond de ma Lorraine j’ai toujours tout géré ménage , repas , lessive, repassage sans problème. J’avais un enfant, c’était facile,ensuite j’en ai eu un autre et il m’a fallu juste un peu plus d’organisation mais j’avais les choses bien en main.
Nous avons ensuite déménagé à Ouakam, j’ai dit à mon mari que ce n’était absolument pas nécessaire de prendre quelqu’un pour m’aider , j’étais absolument contre le principe, mon mari a rit en me disant qu’on allait en reparler très vite. Deux ou trois semaines sont passées avant que je n’envoies les fusées de détresse !Enceinte de 5 mois, avec un bébé de 10 mois et un grand qui se faisait un malin plaisir de mettre sa chambre sans dessus dessous sans compter que mon appartement était envahit chaque jour par plusieurs vagues de poussière orange qui se déposait nonchalamment sur nos meubles noirs…j’ai craqué !!
Nous avons donc pris une fille, puis une deuxième, puis une troisième, puis une quatrième qui sont toutes reparties dans leur Casamance natale pour diverses raisons. Et puis un jour alors que j’étais submergée par la poussière et mes trois enfants nous avons demandé au gardien de l’immeuble s’il ne connaissait pas quelqu’un .Dans la journée plusieurs femmes sont venues , aucunes d’entre elles ne parlaient français , ce qui n’allait pas être très pratique vu mon niveau de Wolof.Puis une femme a toqué,elle s’est assise dans le couloir, elle parlait fort d’une voix rauque , elle avait l’air d’avoir (excusez moi du terme ) une « grande gueule » (d’ailleurs moi aussi j’en ai une).Elle mélangait le wolof ,le français, du wolof francisé, du français wolofisé et même du créole portugais.Dès le lendemain allez savoir pourquoi malgré une première impression pas géniale de mon côté , elle commençait. Son prénom signifie « envoyée », et je pense sincèrement qu’on me l’a envoyée !
A la question comment s’appelle votre bonne, je vous répondrais : « je n’ai pas de bonne ,j’ai une aide précieuse! »
Elle s’occupe des taches ménagères, OUI et c’est ce qui me permet de me consacrer pleinement à mes enfants et çà en France jamais je n’aurais pu me le permettre.
Mais au delà de ça , depuis qu’elle est là le niveau de wolof de la maison toute entière a fait un bond phénoménal, le petit du haut de ses 18 mois comprend le wolof, le grand se met à le parler sans s’en rendre compte et moi je me prend au jeu , j’essaye de communiquer avec elle pratiquement qu’en wolof alors que jusqu’il y a deux mois mon niveau était au ras des pâquerettes.
Mais ce n’est pas tout grâce à elle je sais maintenant préparer du thiou , du tiep bou yapp, du tiep bou dienn, des fatayas et j’en passe.
Grâce à moi elle sait faire un marbré, des muffins, des sablés et des tartes…
C’est un échange humain tout simplement !
Elle m’apprend tout un tas de choses sur la culture sénégalaise, sur les croyances, les traditions. C’est une pro du thiouraye qu’elle prépare elle-même à merveille, elle m’a appris à masser ma fille avec du karité. La liste des choses qu’elle m’apprend et m’apporte quotidiennement est longue, c’est mon aide précieuse. J’admire son parcours, c’est une guerrière je ne vais pas vous raconter sa vie, ou le peu que j’en sais mais je pourrais faire un livre sur cette femme courage .La vie ne l’a pas épargnée mais chaque jour que Dieu fait c’est avec un grand sourire qu’elle passe la porte de chez moi et son rire communicatif résonne à chaque instant dans ma maison.
Alors je peux te dire que mon aide précieuse, je pourrais t’en trouver des tonnes de qualificatifs pour la désigner.
Il n’y a qu’un mot entre nous deux : le RESPECT, et çà n’est pas courant malheureusement au Sénégal mais surtout dans les pays Arabes au vu des articles publiés récemment dans les journaux sur les employées de maison Africaines travaillant dans ces pays.
En tout cas j’espère garder mon aide précieuse longtemps à mes côtés et apprendre un peu plus chaque jour sur le Sénégal grâce à elle et qui sait peut-être qu’un jour je vous publierais un article entier en wolof!