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La démocratie contre l’islamophobie

Publié le 27 septembre 2012 par Nicolas007bis

FrançoiseL’islam a encore fait l’actualité ces derniers jours et on ne peut pas dire que son image en soit sortie grandie dans l’opinion française. L’islam fait peur comme le titre, peut-être un peu excessivement, l’Express.

Même si la notion d’Islamophobie reste à préciser et ce sentiment à quantifier, ce qu’on peut lire à travers les commentaires et les blogs laisse à penser que l’islam est de moins en moins bien perçue par de plus en plus de français.

Paradoxalement, ce sont des « agressions » contre l’Islam qui sont à l'origine de ce regain d’islamophobie en France.

La méfiance à l’égard de cette religion semble grandir en France et certains (certaines) comme Marine Le Pen ou Jean-François Coppé surfent allègrement sur cette vague.

La montée en puissance de l’islamophobie comme beaucoup de ce qui, au niveau d’une nation, se termine par phobie ou commence par anti en désignant une partie de la population, n’est certainement pas une bonne chose. L'islamophobie est un signe parmi d'autres de la difficulté que nous avons à vivre au sein d'une même nation en bonne harmonie avec l'autre, le différent, celui qui n'a pas la même religion, les mêmes pratiques alimentaires ou les mêmes tendances sexuelles.

Pour autant, expliquer cette méfiance par une mentalité xénophobe ou raciste est à la fois extrêmement réducteur et injurieux à l’égard de beaucoup de français. Le jugement est faux et lapidaire, il évite souvent de s’interroger sereinement sur les causes du ressentiment et en conséquence sur les remèdes à y apporter.

Parlons des causes :

Il faut bien avouer que l’Islam donne un certain nombre de raisons sinon de la rejeter au moins d’être circonspects vis-à-vis des messages qu’elle véhicule et du comportement de certains de ses pratiquants.

Les agissements criminels que ses extrémistes commettent au nom de l’Islam sont largement diffusés et contribuent à donner une image déplorable de cette religion.

Dans un environnement mondialisé ou dans les 30 secondes qui suivent, le monde entier est informé d’un attentat sanglant à Karachi ou qu’un tribunal Iranien a condamné une pauvre femme au fouet puis à mort par lapidation pour cause d’adultère présumé, tout cela en se référant à l’Islam, comment éviter que cette religion ne soit jugée par beaucoup à l’aulne de ces évènements.

D’autant plus que les plus modérés ont beau répéter que tout cela ce n’est le fait que d’une petite minorité de fanatiques et que l’Islam n’est pas intrinsèquement une religion qui prête à la violence, la répétition quasi quotidienne des méfaits commis en son nom et leur brutalité sinon leur barbarie, semblent contredire cette affirmation.

Sans évidemment amalgamer les islamistes avec la très grande majorité des musulmans vivant en France, il est difficile pour un démocrate républicain d’avoir une perception positive d’une religion au nom de laquelle on condamne les auteurs de soi-disant blasphème à une mort atroce, on persécute ceux qui n’adorent pas le bon prophète, on convertit de force, on assassine, on incite à l’assassinat, on lapide et on exécute.

Au delà de ces faits extrèmes, certains comportements plus généralisés et qui apparaissent à tort ou à raison comme très liés à l’Islam, semblent être en contradiction avec nos propres valeurs. Citons en vrac, la soumission imposée aux femmes, l’homophobie violente ou encore les limites à la liberté d’expression dès qu’il s’agit de religion.

Plus inquiétant encore, pour certains musulmans la loi de l’Islam prévaut sur les lois civiles, à tel point que certains ont imposé ou veulent imposer la charia dans la constitution de leur pays (exemple Tunisie).

Dans ces conditions, il n’est pas facile de considérer positivement cette vision de l’Islam …de l’étranger. Mais il faut néanmoins considérer tout cela avec un peu de recul. Les agissements et comportements les plus visibles sont souvent, même dans les pays musulmans le fait d’une minorité, d’une très petite minorité lorsqu’on parle de terrorisme. De plus, les motivations sont souvent autant d’ordre politique ou culturel que religieux. Dit autrement, beaucoup d’agissements que nous réprouvons se produiraient dans le cadre d’une autre religion que l’Islam.

De toute façon, l’Islam de France n’a pas grand-chose à voir avec tout ce qui a été présenté ci-dessus. Pourtant, son image auprès des français se détériore.

Elle pâtit, tout d’abord, d’être associé dans l’esprit de beaucoup à une immigration plus ou moins bien acceptée et dans certains cas pas toujours bien intégrée. Le lien, largement entretenu par le Front National entre immigration et Islam fait que cette religion apparait comme un mauvais corolaire d’une intégration ratée. Le jeune qui brule une voiture, caillasse les pompiers et s’adonne au trafic de drogue est nécessairement un musulman.

Pire encore, le discours de l’extrême droite consistant à présenter l’immigration comme invasive, laisse à penser que d’ici peu de temps la religion musulmane sera majoritaire. Le mauvais débat sur la viande hallal lancé il y a quelques mois par Marine Le Pen en est une illustration parfaite. Vous voyez, ils sont tellement nombreux qu’ils commencent à nous imposer leurs rites d’abatage. Sous entendu, cela commence comme ça et ensuite ce sera voile obligatoire sur toutes les têtes féminines.

Il pâtit également d’une incompréhension de l’importance qu’à la religion pour beaucoup de musulmans, dans notre pays qui ne pratique plus guère ses propres cultes.

L’affaire des caricatures a mis en valeur les réactions des uns et des autres par rapport au fait religieux. Chrétiens (à plus forte raison athées) et musulmans ne réagissent pas de la même manière lorsqu'on raille leur religion. Ce que les uns considèrent avec plus ou moins d’indifférence, les autres le ressentent comme une agression insupportable.

On peut avoir du mal à comprendre cette sensibilité exacerbée, comme on peut souhaiter que les musulmans soient capables de prendre un peu plus de recul par rapport à la religion, mais c’est un fait qu’il est nécessaire d’intégrer si on souhaite une société apaisée et œcuménique.

En tout cas, il ne sert à rien de rejeter une partie importante de la population française sous prétexte qu’elle pratique une religion qui ne nous convient pas, c’est le meilleur moyen pour favoriser la montée des extrémismes.

Plus généralement, il faut avoir confiance en nos valeurs républicaines et dans nos capacités de les promouvoir. L’Islam tel qu’il est pratiqué par la très grosse majorité de nos compatriotes est tout à fait soluble dans la démocratie. Aucune incompatibilité entre la pratique juste et modérée de cette religion et les lois de la république et notamment la loi de 1905 qui a instauré la séparation des églises et de l'État. N’oublions pas d’ailleurs que cette même loi dès son premier article rappelle que « la République assure la liberté de conscience ».

Il faut savoir être ferme sur nos valeurs et sur les grands principes qui régissent notre société laïque, tout en respectant les croyances de tous. Surtout, il faut croire en l’effet d’entrainement de notre modèle de société pour amener progressivement tous les français, d’où qu’ils viennent, à adhérer à nos valeurs, jusqu’au moment ou on ne pourra plus dire que l’Islam est un problème.


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