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Sahel, Mali et partitions

Publié le 30 septembre 2012 par Egea

Les préparants viennent de passer les dernières colles avant le jour J. Enfin, l'autre jour, l'un d'entre eux a pris un sujet que je proposai régulièrement : le Sahel d'un point de vue militaire. Une des difficultés réside bien sûr dans la définition du cadre (c'est quoi, le Sahel, finalement ?), et dans la conjugaison de l'angle politique (les États faibles, la communauté internationale, le développement...) et les acteurs militaires (milices, armées, CDEAO, Français...). Mais ce n'est pas là l'objet de ce billet. En effet, j'avais lu le très bon article de Matthieu Guidère paru dans Le Figaro.

Sahel, Mali et partitions
source

1/ Que dit M. Guidère ? que nous avons du mal à nommer l'opposant. On tourne autour du pot, on parle vaguement de terroristes, sans voir que la révolte est une très classique lutte de "libération nationale" (celle des touaregs), appuyée par quelques bandes de miliciens et quelques milices islamistes, qui ont eu l'habileté de prendre le dessus. Quant au modus operandi, il est d'un classicisme absolu au Sahel : des Pick-up chargé de miliciens qui se précipitent en raids et contre-raids. Les anciens de l'opération Tacaud retrouveront là les mêmes "tactiques" qu'il y a 35 ans.

2/ Mais alors, pourquoi ne pas tranquillement faire comme on faisait au Tchad ou au Katanga : envoyer des parachutistes (on en a encore quelques palanquées : des légionnaires, des colos et mêmes des chasseurs, c'est dire) et l'affaire serait pliée fissa. Oui mais... Les temps ne sont plus à ce genre de démonstration qui passent mal, et surtout, les "adversaires" ont un atout de poids. Ou plus exactement six atouts, six otages qui entravent forcement nos capacités d'action.

3/ Je retiens surtout l'idée de "libération nationale" : en effet, nous sommes obnubilés par l'islamisme et nous ne voyons pas le fait marquant de cette bande sahélienne : celle du fractionnement des États. La corne de l'Afrique est un peu loin, mais l’Érythrée a été la première. Le sud-Soudan a proclamé son indépendance (à coup de soutien américain et de calculs pétroliers) : cela se passe au Sahel. L'affaire ivoirienne a failli couper le pays en deux (au point qu'on se demande encore comment on a réussi à ne pas le diviser). Ce qui se passe au Mali, ce qui est en train de s'enraciner, c'est le même processus de fractionnement, de division étatique. Et ce que nous avons soutenu au Sud Soudan et refusé en nord-Ivoirie est en train d'advenir au nord Mali, nolens volens.

La petite musique en train de s'écrire est celle de la partition...

Références

  • Re parcourant les anciens billets d'egea sur le sujet, je découvre soit la persistance de mes idées, soit que je radote. En effet, dès avril je parlais de " grammaire traditionnelle (revendication des peuples, droit des minorités, ....)" : voir ici. Et le mois précédent, je posai déà la question des frontières dans la région, voir ici.

O. Kempf


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