Que pouvait bien emporter un shinobi dans sa besace quand il partait en mission ? On imagine toujours des armes cachées dans le moindre faux pli de ses vêtements, mais c’est bien les méconnaître que de penser cela. N’oublions jamais que les shinobi étaient avant tout des espions.
Le shinobi alias ninja, n’avait pas pour habitude d’emporter partout avec lui une tonne d’armes en tous genres. Ceci est un fantasme né du cinéma et de notre tendance contemporaine à penser que celui qui en a le plus est le plus fort. Le shinobi ne s’encombrait pas souvent d’armes, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que ce n’était pas toujours pratique à transporter et qu’il risquait de se faire repérer s’il avait un ninjato sur lui par exemple. Son rôle premier était de passer inaperçu et de se fondre dans la foule ou le paysage. Ensuite, parce que son corps était rompu à une multitude de formes de combat et qu’il était une arme en soi.
En revanche, le shinobi avait toujours en tête de prendre avec lui des outils ou des objets qui pouvaient lui être utiles dans sa mission d’espionnage. Certains étaient indispensables comme nous l’avons vu dans l’article précédent, et d’autres occasionnels. Ce sont ces objets que nous abordons ici.
Le riz coloré
Lorsqu’il travaillait en équipe à explorer les montagnes, le shinobi laissait des signes distinctifs à l’intention des autres. L’un de ces signes était du riz coloré. Chaque équipe avait du riz d’une certaine couleur pour attirer l’œil des autres membres. La façon de les disposer servait de messagerie pour les suivants, tout en conservant le message bien au secret. Il était possible également de combiner toutes les couleurs de la part d’un messager. La technique dite Goshiki mai, consistait à colorer le riz en cinq couleurs (jaune, rouge, noir, bleu et violet), puis à combiner les couleurs pour créer des messages complexes.
Les échelles
Le shinobi avait à sa disposition une large palette d’échelle pour escalader. Certaines étaient pliables, extensibles, en corde, en bois, en bambou, avec des crochets, démontables…etc. Chaque type d’échelle servait pour améliorer l’infiltration du shinobi dans une place forte, selon une situation particulière.
La corde
Autre outil indispensable pour le shinobi, la corde pouvait servir à mille et une choses. Monter à un arbre, tendre un piège, faire tomber un cheval avec une corde tenue, pendre quelque chose ou quelqu’un, attacher un prisonnier. À l’aide d’un crochet, la corde devient un grappin efficace pour escalader les murailles des places fortes.
La tige à grappin
Moins connu et moins évident à imaginer, le grappin pouvait avoir une tige raide. Cette tige était constituée de bambous creux que l’on enfilait sur une corde, avec au bout le grappin. L’avantage de ce système est double : si on tire sur la corde, les bambous se fixent les uns sur les autres et forment une tige raide ; si on détache les bambous en laissant la corde dedans, le tout peut se plier et se transporter aisément. Cette tige servait à agripper toutes sortes de personnes ou de choses, notamment des bateaux.
Le matériel d’écoute
Déjà à l’époque, les systèmes d’écoutes pouvaient être d’une redoutable efficacité. Ils consistaient généralement en une sorte de petite corne ou cornet qu’il plaçait contre une porte et contre son oreille, afin d’amplifier les vibrations sonores. Des tubes faisaient l’affaire également.
Les outils d’effraction
Le shinobi était un voleur remarquable, mais pour éviter de se faire surprendre, il devait savoir ouvrir n’importe quelle porte ou serrure, et entrer dans toutes sortes de pièces. La scie dans sa version la plus simple lui permettait de couper des portes. Une mèche à percer lui servait à faire des trous pour observer ce qui se passait de l’autre côté d’une porte, cloison ou mur. Une série de crochets métalliques lui permettaient de crocheter les serrures fermées de l’intérieur. Un burin, un ciseau à bois et un marteau faisaient aussi partie de cet attirail. Enfin, le kunai que l’on associe aux armes offensives du shinobi, servait souvent à gratter la maçonnerie pour desseller les pierres et créer un passage dans un mur.
Les radeaux
Croire, comme le montrent certaines scènes de film, que le shinobi nageait dans les douves d’un château avant d’en escalader
la façade est une grave erreur, historiquement complètement fausse. Le shinobi ne se mouillait jamais s’il n’était pas obligé de le faire. Les raisons sont forts simples : un vêtement humide est
moins souple et plus lourd, ce qui ne facilite pas l’escalade. De plus, l’eau laisse des traces et on imagine mal un shinobi trahi par des flaques d’eau à chacun de ses pas. Sans parler du bruit
des chaussures qui feraient pfuit, pfuit. Enfin, le shinobi devait toujours protéger son nécessaire à poudre et à feu, pour éventuellement créer un incendie. C’est pourquoi il était passé maître
dans l’art de traverser un cours d’eau sans se mouiller les pieds. Une foule de radeaux différents étaient construits, avec des formes ingénieuses et si variées que cela mérite un article à
part.
Remerciements à Antony Cummins pour son amitié, pour partager avec moi ses connaissances et me laisser utiliser ses documents pour la réalisation de cet article.