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Sydney-Dubaï

Publié le 03 octobre 2012 par Toulouseweb
Sydney-DubaïEmirates tisse sa toile mondiale.
L’accord, annoncé le mois dernier, est maintenant signé, en vue de son application ŕ partir d’avril prochain : Emirates et Qantas vont s’unir dans le cadre d’une alliance trčs ambitieuse. Pour ce faire, la compagnie australienne a rompu ses accords de longue date avec British Airways, jetant aux orties la complicité qui fut celle de compagnies du Commonwealth. Et, dčs l’année prochaine, c’est Dubaď qui servira de plaque tournante aérienne entre Sydney et l’Europe.
L’événement revęt une importance considérable. En effet, pour la premičre fois, Emirates se lie avec un partenaire (pour une premičre période de 10 ans) aprčs avoir affiché depuis sa naissance une volonté de totale indépendance et écarté toute idée de rejoindre Star, SkyTeam ou Oneworld, qui n’étaient de toute maničre pas demandeurs. Aujourd’hui, c’est le contraire qui se produit, Qantas choisissant de quitter Oneworld, un coup dur pour cette derničre et pour l’ensemble des grandes compagnies Ťclassiquesť. Une autre maničre d’exprimer ce męme constat : Emirates, une fois de plus, marque des points et devient, en męme temps que le hub de Dubaď, tout ŕ fait incontournable.
Emirates aurait-elle l’intention de s’entourer d’autres partenaires ? C’est plausible, pour autant que des candidats francs tireurs témoignent d’un intéręt pour cette quatričme voie, celle accessible ŕ des ténors du transport aérien bien décidés ŕ contourner le canal historique. Star, SkyTeam et Oneworld assurent plus des deux tiers du trafic mondial mais doivent se préparer ŕ perdre des parts de marché, principalement dans le Golfe, face ŕ l’irrésistible ascension d’Emirates et, dans une moindre mesure, de Qatar Airways et Etihad.
Cette derničre a conclu un accord de partage de codes avec Air France-KLM, sans que l’on sache jusqu’oů cette coopération sera étendue, cette association, sans ętre contre-nature, étant pour le moins déroutante. Air France tire en effet ŕ boulets rouges contre Emirates, depuis plusieurs années, Jean-Cyril Spinetta a exprimé ŕ plusieurs reprises sa réprobation face ŕ l’application systématique d’une stratégie bâtie sur la subliminale Ť6e libertéť (on se souvient de déclarations musclées dans le cadre du Cannes Airlines Forum). La réponse de Tim Clark, directeur général d’Emirates, avait été cinglante mais le débat n’avait mené nulle part. En revanche, l’accord d’Air France avec Etihad a suscité un certain étonnement, voire de la perplexité, compte tenu des épisodes antérieurs des relations de la compagnie française avec ses concurrentes du Golfe.
Reste le fait qu’Etihad applique une stratégie qui lui est propre, celle des petits pas, en multipliant accords et prises de participation (Air Berlin, Virgin Blue, etc.) lui assurant respectabilité et accčs ŕ des marchés trčs diversifiés. En clair, les ambitions d’Emirates font peur, celle d’Etihad sont tout au contraire amicales.
La success story d’Emirates continue d’étonner. Cette compagnie a été créée en 1985, dotée de deux avions seulement. Aujourd’hui, elle dispose d’une flotte de 180 long-courriers, en attend 230 autres d’une valeur totale de 84 milliards de dollars et dessert 120 destinations dans 70 pays. C’est un ténor respecté du transport aérien, redouté, doté de moyens importants, dont la flotte d’A380 la plus importante du monde, et dont la structure financičre est saine. Tim Clark a dit et répété maintes fois qu’Emirates n’est pas subventionnée, qu’elle est tout au contraire financičrement autonome.
Le męme Tim Clark, avec un flegme bien britannique, se bat aussi contre les idées reçues. Ainsi, il s’efforce d’expliquer qu’Emirates paie le kérosčne au prix du marché, tout simplement parce que Dubaď …n’a pas de pétrole. Alors que chacun semble persuadé du contraire.
Dubaď, qui construit le plus grand aéroport de la plančte, espčre ętre choisie pour organiser l’exposition universelle de 2020. D’ici lŕ, sa compagnie aérienne aura sans doute battu tous les records d’expansion, confirmé sa prédominance, une certaine forme de suprématie. Et conduit le transport aérien mondial tout entier ŕ se remettre en question.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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