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Les Pigeons sont les canaris de l’économie

Publié le 03 octobre 2012 par Copeau @Contrepoints

Créée vendredi dernier, la page Facebook du mouvement des pigeons a déjà plus de 28000 fans. Pourquoi cette page est-elle si populaire ?

Par Xavier Chambolle.
Il paraît que, jadis, les mineurs emportaient avec eux des canaris qui annonçaient le danger en s’agitant, en suffocant ou en mourant.

Les Pigeons sont les canaris de l’économie
Aujourd’hui, les canaris de l’économie, ce sont les Pigeons, des entrepreneurs. Leur page Facebook a été créée vendredi dernier et a plus de 28 000 fans en 5 jours seulement. Pourquoi cette page est-elle si populaire ?

Une réponse à cette question : la France a un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus élevés d’Europe, 43,9% en 2011. La fiscalité y change en permanence. Et dans ce contexte-là, le gouvernement a l’intention d’alourdir encore un peu plus la barque. Plutôt que de couper parmi les 1244 agences de l’État, plutôt que de réduire le nombre de salariés rémunérés avec de l’argent public (6,9 millions), ministres et ministres délégués (39), députés (577) ou sénateurs (348), le gouvernement a tout simplement l’ambition de passer de l’autre côté de la courbe de Laffer, celui de l’enfer fiscal (certes, nous y sommes certainement depuis longtemps…).

Les Pigeons sont les canaris de l’économie

Explication de la courbe sur la page Wikipédia : Courbe de Laffer. T = recettes fiscales de l’État ; t = taux d’imposition. En résumé : trop d’impôt tue l’impôt.

Concrètement. Il n’était déjà pas très intéressant de prendre des risques en France ; avec ce projet de loi ce sera encore moins le cas. Or, comment voulez-vous dynamiser l’économie sans entrepreneurs qui entreprennent, sans investisseurs qui investissent ? Car ce ne sont ni les fonctionnaires, ni les associations qui relanceront l’économie.

Comment faire de nos pigeons des aigles ?

Le marché, les clients, les concurrents. Tout cela bouge sans cesse. Le monde de l’économie est instable par nature. Qu’attend l’entrepreneur de l’État ? Tout simplement qu’il ne rajoute pas une couche d’instabilité et qu’il fasse le strict nécessaire :

  • garantir la sécurité des personnes et de leurs biens (police, armée, diplomatie),
  • sanctionner les rapaces (voleurs, escrocs, menteurs, personnes violentes, etc.).

Vous noterez que ces deux fonctions régaliennes sont particulièrement mal assurées par l’État français, qui préfère d’ailleurs financer son Ministère de la Culture, plutôt que celui de la justice. Ainsi les procédures judiciaires, notamment commerciales, prennent un temps fou, pour le plus grand bénéfice des individus malhonnêtes et mal intentionnés, au détriment des victimes.

Vu le contexte actuel, les entrepreneurs français ont également besoin :

  • d’une stabilité fiscale et légale,
  • d’un allègement et d’une simplification des impôts, taxes et charges sociales (en contrepartie, pourquoi ne pas supprimer les niches fiscales et les subventions aux entreprises ?).

Plutôt que de vouloir aligner le statut d’auto-entrepreneur sur celui des « entrepreneurs classiques », il vaudrait mieux tout aligner sur le régime simple et peu gourmand de l’auto-entrepreneuriat.

Comme le montrent plusieurs exemples (Nouvelle-Zélande, États-Unis, Allemagne), une baisse du fardeau fiscal peut être synonyme de hausse des recettes pour l’État. Donc non seulement on « relancerait l’économie », mais en plus l’État pourrait espérer avoir un budget à l’équilibre.

Comment faire de nos pigeons des cigognes ?

La cigogne, magnifique volatile, symbole de l’Alsace, est un migrateur. Il s’en va là où il peut prospérer (se nourrir et être en sécurité). Ce projet de loi de finances pour 2013 annonce l’hiver fiscal et, si le gouvernement persévère, les pigeons se transformeront en cigognes. Les entrepreneurs (actuels et potentiels) s’installeront dans des contrées plus accueillantes, moins gourmandes.

Ce n’est pas seulement une évasion fiscale, mais également une évasion de l’énergie, des compétences et des idées. Ce n’est pas seulement un assèchement de la rivière, c’est le tarissement de la source.

Combien de Huguenots qui ont fuit les persécutions sont rentrés en France par la suite ? Combien d’entrepreneurs exilés rentreront après la fin de leur persécution fiscale ? La France hypothèque une nouvelle fois son avenir. Cela va au-delà de l’impact de l’ISF et de la progressivité de l’impôt, c’est une leçon encore plus rude que la fiscalité par la bière.

Finalement, ce mouvement de défense des entrepreneurs français a fort bien choisi son nom : il faut vraiment être un pigeon pour créer une entreprise localisée en France.

Les Pigeons sont les canaris de l’économie

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