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D’ailleurs, jetez un oeil, sans vous commander, sur le...

Publié le 03 octobre 2012 par Mmepastel
D’ailleurs, jetez un oeil, sans vous commander, sur le...
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D’ailleurs, jetez un oeil, sans vous commander, sur le travail de Sarah Jones.

Voici ce qu’en disaient assez justement les Inrocks en 1998 : “La photographe anglaise Sarah Jones invente la nature morte… vivante.”

“Pensive, elle pose une main sur la table du vestibule, les yeux dans le vague. Son amie se languit sur les marches de l’escalier : elles ont 14 ans et elles s’ennuient. Ce pourrait être la première scène d’un sitcom sur les affres de l’adolescence, mais Sarah Jones a préféré en tirer les ressorts de son “théâtre de photographie”.

En plein coeur du Middlesex, un petit village anglais regorge de maisons tapissées de moquettes et de photos de famille. Des univers clos et solides, enracinés dans la tradition de leurs meubles et de leur décoration. Un havre de paix régi par des règles immuables, la soupière d’argent bien astiquée sur la table du salon et le portrait de l’ancêtre en bonne place au-dessus de la cheminée. Classiques symptômes du kitsch britannique. Sauf que dans ce décor, trois jeunes filles apprêtées prennent la pause. Ou plus exactement se figent, sans jamais esquisser le moindre mouvement. La tête dans les mains ou les bras plaqués le long du corps, elles attendent, peu importe quoi. “Les filles sont interchangeables. D’ailleurs, elles s’échangent tout en permanence : leurs chemises, leurs jupes. Elles sont statiques, comme les meubles des maisons. Elles sont des icones. Elles sont sur scène, presque comme des prisonnières”, explique Sarah Jones, d’une voix timide de petite fille réfléchie.

Cheveux longs et cils maquillés, les filles passent d’une pièce à l’autre sans jamais se regarder, absentes de leurs propres portraits. Pour vider leur regard d’expression, la photographe leur a fait prendre la pause bien avant d’appuyer sur le déclencheur, veillant à éviter leurs chambres, cadres trop confortables à ces mises en scène rigides.

The Dining room, The Garden, The Sitting room : ces images sont des pièges. Sans aucune ambition documentaire ni sociologique, elles sont le reflet photographique des natures mortes et portraits peints depuis des siècles, de Vermeer à Vélazquez. “Un théâtre de l’adolescence et non un témoignage car il est impossible de faire le portrait d’un teenager”,continue Sarah Jones. Images d’un fantasme et réflexion sur l’illusion. Car les maisons offrent un refuge moins paisible qu’il n’y paraît. La moquette des escaliers est élimée, le tapis du salon secoué de vaguelettes et les intérieurs traversés de zones d’ombre. Ces petites touches d’abstraction perturbent le paysage immobilier du village et rappellent que la middle-class n’est plus ce qu’elle était. Autrefois preuve d’opulence, l’accumulation de porcelaine, de coussins fleuris et de services à thé est aujourd’hui une valeur refuge. Autant que l’attitude des adolescentes, le cadre bourgeois de ces maisons est trompeur. Mais Sarah Jones agit par petites touches, cultivant l’allusion et le non-dit. Discrète jusque dans la présentation de ses oeuvres. Son accrochage privilégie le blanc, l’espace, le vide. Elle a délaissé les pans de mur du Consortium habituellement choisis par les artistes, donnant à son exposition une respiration sereine, inédite. Contraste entre les photos surchargées de meubles et le blanc clinique des salles qui rappelle un précédent travail de l’artiste (également montré au Consortium). Depuis deux ou trois ans, Sarah Jones photographie les divans d’un institut de formation en psychiatrie. Au fil des pièces, les murs se succèdent, identiques. Seules changent la profondeur du creux de l’oreiller, l’inclinaison du pli du drap. C’est dans cet infime détail que se concentre le regard de Sarah Jones, pour ce qu’il traduit de douleur et de joie, de tension et d’apaisement.

C’est avec la même application qu’elle s’attarde sur les moues des filles et l’écaille de la peinture au mur des maisons du village. Loin de raconter l’histoire des trois copines, ses photos évoquent des instants solitaires, offrant ainsi une multitude d’interprétations possibles : “C’est au spectateur de décider ce qu’il se passe.” Au vu des clichés, les parents ­ et propriétaires des maisons ­ se sont déclarés satisfaits et les filles se sont prises pour des stars. La vie est un songe.”


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