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Où étaient-ils les responsables de la construction à Montréal ?

Publié le 03 octobre 2012 par Jclauded
Le 13 mai 2009, cinq mois avant que la députée Sylvie Roy demande à l’Assemblée Nationale la tenue d’une enquête sur la construction au Québec, j’écrivais le billet suivant sur mon blog :
Des prix de fous !
Rien ne va plus dans les coûts de construction à Montréal. Les dépassements des estimés prévus pour les grands projets d’infrastructures et de bâtiments importants sont incompréhensibles…. Tout passe du simple au double quand ce n’est pas au triple.
Nous avons tous constaté la flambée des prix de la construction de l’extension du métro à Laval, du projet de l’autoroute Ville-Marie, du contrat des compteurs d’eau de la ville de Montréal, des prévisions budgétaires pour les garages et les centres d’entretien pour l’Agence métropolitaine de transport (AMT), du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour ne mentionner que ceux-là… car il y en a des dizaines d’autres. Les observateurs avertis sont surpris de cette situation tout comme le sont les citoyens qui y voient des augmentations futures de taxes foncières et autres.
Que se passe-t-il ? Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Les estimateurs sont-ils de complets ignorants ? Y-a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? Ce ne sont pas les questions qui manquent…
…J’ai oeuvré dans le domaine de la construction durant plus de 40 ans. J’ai créé, avec des associés, un bureau d’ingénieur-conseil qui fut très actif dans le domaine de la mécanique et d’électricité, en informatique et en gérance de travaux de construction… Jamais ai-je été témoin d’augmentation si sauvage des coûts de construction !...
…Le battage journalistique des derniers mois sur les différents projets de construction de la ville de Montréal et des autres organismes gouvernementaux, mentionnés précédemment, a marqué profondément une majorité des Montréalais qui y voient des scandales honteux. Les personnages impliqués par les médias sont venus, tour à tour, sur la place publique pour se défendre des insinuations qui pèsent sur eux et leurs entreprises.
Frank Zampino, l’ex-président du comité exécutif de la ville de Montréal, Jean-Pierre Sauriol, président du groupe d’ingénieurs-constructeurs DESSAU et les présidents des associations des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec (ACRGTQ) et de la construction du Québec (ACQ), se sont tous expliqués. Pour eux, tout est beau et « tout le monde il est gentil » car ils ne voient pas vraiment de problèmes puisque tous les intervenants de leurs groupes respectifs sont qualifiés, efficaces, productifs, compétitifs et respectueux de l’éthique corporative et professionnelle…. À peine quelques uns admettent-ils la présence de quelques moutons noirs dans leurs rangs mais ils seront vite, disent-ils, chassés de la bergerie.
La Sûreté du Québec fait actuellement enquête sur certaines entreprises et plusieurs y voient là la solution au problème actuel. Je ne le crois pas, car la police ne traitera pas de ce que j’estime être les racines du mal qui ronge la construction, soient : une collusion malsaine chez plusieurs entrepreneurs, fournisseurs de matériaux et d’équipements; une improductivité grandissante chez les travailleurs; une incompétence évidente dans la planification des projets; une inexpérience manifeste dans l’estimation des coûts des projets; un manque de contrôle et de surveillance chez les donneurs d’ouvrage; une complicité malsaine entre les politiciens, les entrepreneurs et les professionnels; un manque de respect du principe des soumissions publiques dans le domaine publique; une éthique inexistante chez plusieurs intervenants, etc…
Une vraie solution serait la mise sur pied par le gouvernement du Québec d’une commission d’enquête sur les coûts de construction. Il est urgent de bien comprendre ce qui se passe afin de faire les corrections nécessaires car le Québec va entreprendre dans les cinq prochaines années plus de 45 milliards $ de travaux d’infrastructures….
CD

Pour lire ce billet en entier, voici le lien:
http://claudedupras.blogspot.fr/2009/05/rien-ne-va-plus-dans-les-couts-de.html">

Avec les premières révélations de la commission Charbonneau, mandaté pour enquêter sur la construction, tout devient plus clair. Oui, il y a eu collusions d’entrepreneurs, de fournisseurs de matériaux, et oui les prix ont flambé à cause d’elles ? etc..
Si je reproduis ce billet aujourd’hui, c’est pour demander pourquoi, lors de la flambée des prix, les responsables-experts et la construction n’ont pas posé publiquement les vraies questions ? Où étaient-ils ?
Où étaient ceux qui préparaient les plans et devis et soumettaient avec ces documents leurs estimations des coûts des travaux à entreprendre ?
Où étaient les experts-estimateurs, engagés par les clients, qui avaient comme seule mission de s’assurer que le projet était bien soumissionné et que les prix étaient réalistes, corrects et respectés ?
Où étaient tous ces professionnels lorsque les demandes de changements et les prix les accompagnant prenaient des grandeurs inhabituelles et scandaleuses même si les documents de construction du projet avaient été élaborés sur la base de programmes techniques bien définis et un budget très réaliste ?
Où étaient les chefs de services techniques des villes, responsables de la bonne réalisation de ces projets, dont le personnel ou les professionnels privés qu’ils engageaient avaient comme tâche de veiller à la bonne exécution des travaux, au respect des plans, devis et budgets ?
Où étaient les fonctionnaires provinciaux responsables pour le gouvernement du bon contrôle de ses projets de construction et que les consignes budgétaires du gouvernement soient respectées.
N’y-a-t-il pas eu suffisamment d’alertes, à gauche et à droite, pour que tous les responsables se réveillent, déterminent les sources de ces flambées de prix et avisent les élus que quelques chose ne tournait pas rond ?
Où étaient leurs associations professionnelles pour dénoncer cette situation fortement anormale. La Corporation des Architectes et l’Ordre des Ingénieurs ont demandé une enquête de la construction mais pourquoi le silence du côté des associations particulières ?
Comment est-ce possible qu’au moment où les prix grimpaient par coup de 30% et plus, des intervenants importants comme ceux mentionnés dans mon billet du 13 mai 2009 (Zampino, Sauriol, et les présidents des organismes), répondent des conneries à des questions importantes ?
Où étaient ceux qui exerçaient le pouvoir : maires, députés, leaders politiques ? Alors que les budgets de construction éclataient, que journalistes après journalistes exposaient de nouveaux faits dans leur média, pourquoi ces élus n’ont-ils pas exprimé tout haut leur incompréhension devant l’évolution irrationnelle des projets de construction ? Et malgré que les demandes d’une enquête publique venaient de tous bords, pourquoi le parti libéral résistait-il ? Pourquoi le maire de Montréal devant la hausse incompréhensible des prix de construction, affirmait-il qu’il n’y avait pas de problème à Montréal puisque le système des soumissions publiques était bien implanté ?
Certes, le gouvernement du Québec a mis sur pied des unités policières pour enquêter mais seulement après que la gangrène des prix soufflés aient atteint toutes les parties du corps gouvernemental. Quant aux partis d’opposition, ils ont joué leur rôle, mais leurs critiques ont surtout concentré sur des questions de patronage, qu’il fallait dénoncer, mais sans toutefois attaquer de plein fouet la question de la flambée des coûts de construction.
Et le rôle de la mafia ? Pourquoi, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) qui connaissait tous les joueurs de cette association criminelle de Montréal et qui savait, avec preuves à l’appui, que la collusion dans la construction à Montréal était organisée par le milieu depuis 2002, n’a-t-elle pas mis en garde les responsables politiques du Québec. Combien d’argent les gouvernements et les villes auraient-ils sauvé s’ils avaient vu clair dans la combine des entrepreneurs protégés par la mafia ?
Si la GRC ne voulait pas que ses sources soient dévoilées, elle aurait pu au minimum aviser le PM du Québec et le maire de Montréal afin qu’ils réagissent. L’a-t-elle fait ? Le maire de Montréal Gérald Tremblay affirme pour sa part qu’il n’en savait rien alors que sa ville par son exécutif et son président d’alors, qui connaissait bien les mafiosos, n’a cessé de leur donner des contrats lucratifs de façon répétée suite à des soumissions « paquetées ». Jean Charest le savait-il ? Si Charest ne l’a pas appris. C’est grave. S’il le savait c’est encore plus grave. La vérité sur cette question doit être révélée aux Québécois. La GRC doit s’expliquer.
Tant d’interrogations et si peu de réponses.
J’espère que la Commission Charbonneau nous éclairera afin que la situation soit complètement changée. J’espère qu’elle s’attaquera aussi à l’improductivité grandissante chez les travailleurs; la baisse de l’éthique professionnelle; la collusion des fournisseurs de produits de construction, de matériaux et d’équipements; les manigances des syndicats avec des membres du groupe qui fraudaient Montréal, le manque de contrôle des donneurs d’ouvrage; la culture de corruption qui existe dans beaucoup de sphères de la construction dont celle des professionnels et autres éléments qui affectent les coûts de construction à la hausse.
Claude Dupras

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