[SONDAGE] Quel est le jeu de cette génération dont l'histoire vous a le plus marqué ?

Il y a des jours comme ça où il fait nuit. Et comme c'est un peu le cas en ce moment, mon cerveau est momentanément hors-service donc il se peut que les lignes à venir soient totalement incompréhensibles pour le commun des gens sains d'esprit. Mais n'ayez crainte jeunes gens, car je ne suis point ici pour déverser toute l'absurdité qui rêgne en permanence dans mon crâne, ce serait bien trop long... et puis de toute façon, l'heure n'est pas aux gâteaux. Non, Mesdames et Mesdames, le temps est à la réflexion et à l'introspection.

De quoi est constitué un jeu vidéo ? Pour le savoir, prenons un jeu vidéo "normal" et assez représentatif du milieu. Exemple, un jeu d'aventure à la troisième personne. Si nous le découpons dans le sens de la longueur, que voyons-nous ? Tout d'abord, un amas de scripts déclenchant des prouesses graphiques et pyrotechniques à faire pâlir d'envie Michael Bay, des scènes de bravoure où tel Indiana Jones dans son frigo, vous tentez de survivre face au monde entier qui vous en veut et bien sûr, quelques passages riches en émotion qui n'ont rien à envier aux meilleurs épisodes de Ca te barbera. "Comment, un scénario ? Ah mais c'est accessoire ça et puis, au pire on dit que c'est une histoire de vengeance ou alors que c'est un mec qui cherche un truc dans le monde entier et coup de théâtre, à la fin du jeu, il le trouve. Y'a pas besoin de se creuser la tête, de toute façon, les gens achèteront si y'a des explosions en haute définition." Si tous les créateurs de jeu tenaient ce discours alors le monde du jeu vidéo serait un monde bien triste, heureusement, il reste de nombreux défenseurs du scénario, de l'intrigue, du travail bien fait et cohérent et pour ceux-là, le scénario n'est pas un élément superfétatoire que l'on ajoute au dernier moment, mais bien la colonne vertébrale du jeu, celle qui structure, explique et motive chaque détail au sein de celui-ci. Forcément, il est bien des titres où l'absence de scénario ne nous gêne pas, mais c'est totalement voulu et revendiqué et les lister n'aurait que peu d'intérêt. En revanche, d'autres vous ont sans doute durablement marqué par la profondeur des personnages introduits, la complexité de l'intrigue voire par leur traitement original de la narration et c'est de ceux là que nous allons discuter aujourd'hui. Enfin, plus précisement de ceux qui ont marqué, durant ces dernières années, les lecteurs et commentateurs un peu dingues (mais souvent inventifs et pertinents) de NeoGaf. Voyons de plus près si entre nos opinions et les leurs, les avis divergent (et dix verges c'est énorme, comme le rappelle si bien Pierre Desproges).

Tout d'abord, dans ce topic (puisque c'est là que la question a été posée), un des noms qui revient sans doute le plus souvent est celui de Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots. Chose peu étonnante lorsque l'on connaît le soin apporté dans ce domaine par Hideo Kojima, d'autant plus lorsque ce quatrième épisode multiplie les références aux précédents opus. Selon tous ces avis donc, le scénario n'est pas si épais qu'incroyablement riche et en lien direct avec l'actualité. Détail amusant, c'est aussi ce jeu qui tient le haut du podium dans le topic inverse "Quel jeu a le selon vous la plus mauvaise histoire/plus mauvais traitement de l'intrigue ?". Le deuxième en termes de votants est un soft de Rockstar, Red Dead Redemption. Outre son ambiance western, le badboy des saloons et son histoire semblent en avoir séduit plus d'un. Après, nous n'allons pas aborder tous les titres cités (le sondage est fait pour ça), mais donner quelques explications sur certains ne semble pas superflu. Ainsi, j'ai volontairement omis le gagnant de ce top en termes de citations car il est tout simplement inconnu par chez nous. Il s'agit de 999 : Nine Hours Nine Persons Nine Doors. Un roman interactif que l'on pourrait rapprocher sur certains points de la série des Ace Attorney, mais à un niveau au-dessus concernant l'intrigue et la façon d'arriver au dénouement final. C'est simple, ce jeu ne comporte pas une seule fin, mais cinq fins alternatives, chacune étant une pièce de puzzle à assembler pour comprendre la véritable et sixième fin. Bloqué aux Etats-Unis et au Japon, le jeu n'est jamais parvenu en Europe, mais est toujours trouvable en import en sachant que la DS n'est pas zonée (contrairement à ses petites soeurs) et que le jeu est traduit en anglais. On retrouve le même problème de localisation pour le non-moins excellent The World Ends With You.

Plus étonnants peut-être, quelques jeux téléchargeables viennent se mêler à la bataille. C'est le cas de Journey, Braid et même Bastion. Et il est vrai que, chacun à leur façon, ils possèdent tous une manière unique de raconter une histoire. Cela prouve parfaitement que ce n'est pas parce que l'on fait un "petit" jeu, que l'on ne doit pas avoir de grosses ambitions. Le dématérialisé a vraiment du bon et à eux trois, ces titres en sont un exemple parfait. Atypique, Xenoblade Chronicles est un des rares (le seul ?) jeu cité qui soit sorti exclusivement sur une console de salon Nintendo. Il est d'ailleurs avec Lost Odyssey, l'un des seuls représentants des J-RPG de ces six dernières années. Et là on parle de Nintendo et tout le monde s'étonne... pas de Disaster : Day of Crisis ? Eh oui, grande asbence remarquée du jeu qui aurait pu être scénarisé par un Roland Emmerich sous LSD : "Attends... y'aura pas une catastrophe naturelle, mais plein... et des explosions... et puis y'aura des terroristes... et ils voleront une bombe nucléaire... et le héros qui devra sauver le monde, bah, il courra plus vite qu'un Tsunami ! Hahahaha !". Dans un registre bien plus sérieux, la présence de Nier est logique tant le soft, au confluent des genres et soufflant constamment le chaud et le froid, en aura marqué plus d'un par sa maturité de ton et l'émotion suscitée par toutes les fins. Bien plus récent, Spec Ops : The Line a vraisemblablement trouvé lui aussi son public, probablement des joueurs qui se sont lassés du manichéisme ambiant présent dans bien trop de FPS contemporains.

Que reste-t-il de nos amours ? Des licences bien connues dans l'héxagone mais aussi quelques pépites passées totalement inaperçues telle To the Moon, petit jeu indépendant sorti en 2011 ayant pour pari de ne proposer qu'une belle histoire à raconter et (presque) rien d'autre. Dit comme ça, cela parait tout à fait étrange voire ennuyeux, mais tous ceux qui s'y seront essayés pourront vous le confirmer, To the Moon est un jeu à faire au moins une fois dans sa vie. Actuellement à 8 euros sur Steam (oui, je fais de la pub et c'est mal), ce serait un crime de ne pas en profiter. Plus controversé, mais dans un registre similaire Dear Esther est également cité.

Et vous, puisque vous êtes chacun l'objet de la question initiale et ce malgré mes nombreuses digression nocturnes, quel est le jeu vidéo sorti durant cette génération dont l'histoire ou son traitement vous aura le plus bouleversé ? Le sondage ci-dessous étant loin d'être exaustif au niveau des réponses, si le jeu auquel vous pensez n'y figure pas, faites-le savoir dans les commentaires, qui sait ça pourrait donner des idées à certains. De même, trouvez-vous que les six ans qui viennent de s'écouler ont été plus riches dans ce domaine que la décennie précédente ou au contraire, pensez-vous que l'on manque cruellement de Chrono Trigger, de Xenogears et autres Legacy of Kain ? Pour ma part, Lea Passion : Soirées de rêve, ça c'est du scénar ! Des dialogues sentant bon Pimkie et le Biactol, des Pyjama parties de folie où l'on se raconte tous nos petits secrets sous la couette... voilà un vrai jeu qui pousse l'identification à son maximum et qui refuse les clichés. Ceux du dessus, tout aussi bons qu'ils soient, devraient en prendre de la graine.

Si vous êtes sages, la semaine prochaine, je vous promets le top des jeux ayant la plus mauvaise histoire ou la plus complexe sans raison. Eh oui, c'est ça le talent. Et puis ça vous intéressera sans doute plus qu'un top des ventes japonais où nobody cares, non ? En attendant, à vos claviers, à condition que vous ne vous soyez pas endormis dessus durant la lecture de cet article.