Magazine Environnement

La décroissance est-elle vouée à l’échec ?

Publié le 04 octobre 2012 par Leblogdudd
La décroissance est-elle vouée à l’échec ?

Ils se surnomment les escargots.

Apparue dans les années 60, avec le maintenant célèbre rapport Meadow, la décroissance est une théorie qui séduit de plus en plus. Les pays latins, au naturel pessimiste, comme la France ou l’Italie, en sont les plus grands clients. Cependant, derrière une façade irréprochable, cette philosophie est vouée à un échec certain.

Nous vivons dans une société de croissance. Nul n’est nécessaire de le rappeler. Nos systèmes économiques, sociaux, financiers et bien d’autres, sont basés sur la recherche d’une croissance constante. Si l’augmentation de la population contribue à ce phénomène, les dynamiques aujourd’hui mises en place dans nos échanges économiques et dans les pressions que nous exerçons sur les systèmes naturels sont immensément plus importantes. Les objecteurs de croissance opposent à ces pratiques un monde fini dans lequel les ressources ne sont pas infinies et où la recherche du toujours plus se heurtera tôt ou tard à des limites physiques.

Evidemment, cette remise en question profonde de toute l’organisation de notre société dérange. Elle chamboule nos habitudes et remet en question les socles communs les plus robustes de notre époque. Le progrès est vu comme un mot toxique, cheval de Troie des plus grandes catastrophes de l’humanité : la pollution de l’air, la bombe atomique, le réchauffement climatique, la disparition des abeilles, Tchernobyl et plus récemment Fukushima. La notion de travail en prend également pour son matricule. Vue comme un véritable outil d’aliénation, elle est souvent considérée comme une entrave à l’engagement citoyen, l’épanouissement personnel ou même la vie de famille. Les enseignements qui découlent de ce questionnement sont multiples, profonds et hautement enrichissants.

A la boulimie de l’homme moderne, les décroissants proposent une mise à la diet radicale. C’est dans la simplicité, que l’homme et l’espèce humaine doivent s’épanouir. Oublier le superflue et le matériel pour se recentrer sur les valeurs de partage, de simplicité, d’oisiveté ou de contemplation devient un nouvel idéal pour que l’homme puisse atteindre la prospérité. En somme, les crises écologiques et économiques pourraient être surmontées grâce à une sobriété volontaire et heureuse. Il est vrai qu’en supprimant un problème à sa source, ses conséquences disparaissent immédiatement. Pas de feu, pas de fumée. Pas de société industrielle, pas de déplétion de l’environnement. Pas d’objectif de croissance, pas de crise économique. Mais si sur le papier le projet est implacable, lorsque l’on passe à la pratique, la complexité de la réalité nous revient rapidement au visage tel un boomerang.

Ce que veulent les décroissants, c’est un changement de paradigme. Mais lorsque l’on veut organiser une mutation, surtout de cette envergure, cela se prépare, se planifie, s’échelonne, se réfléchi. Des ruptures brutales, naît la tension. Favoriser le changement c’est avoir une vision modérée aujourd’hui mais des ambitions réelles sur le long terme. Or, dans le cas de la décroissance, nous avons à faire à un idéal lointain qui n’a de sens que dans le monde des idées. Mettre en oeuvre au quotidien les enseignements de la décroissance est, comme pour la plupart des pensées radicales, discriminant, marginalisant et peu attractif, surtout pour un individu moyen peu intéressé par les sujets de société.

Ce n’est que progressivement que nous arriverons à faire évoluer nos modes de vie. Etapes après étapes. Plutôt que de vouloir l’utopie maintenant, il serait plus judicieux de construire la première marche de l’escalier qui nous y mènera. Les pensées philosophiques pointues sont inefficaces dans la poursuite d’un nouveau paradigme. Trop inaccessibles et difficiles à communiquer, elles n’ont comme adeptes que les penseurs extrêmes, et surtout pas la société dans son ensemble. Ce sont des thèmes positifs et engageants qui permettront de rassembler vers la création d’une nouvelle société. La décroissance est une idéologie lointaine et radicale qui est incapable de créer l’adhésion. Ses observations fondatrices sont saines et pertinentes mais elle offre une alternative qui restera, de part sa nature, cantonnée à des milieux minoritaires de convaincus.

Les escargots sont cuits !

_

Pour ceux et celles qui voudraient (tout de même) creuser le sujet, je conseille :

Survivre au développement – Serge Latouche
La simplicité volontaire contre lo mythe de l’abondance – Paul Ariès
La convivialité – Ivan Illitch (! Attention lecture ardue !)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Leblogdudd 772 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog