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Ecrire, jusqu’où ?

Publié le 06 octobre 2012 par Triton95

Je ne suis pas parvenu à écrire beaucoup sur ce blog, bien qu’il a pu être pourvu à partir d’autres medias. J’ai pu grâce à lui toucher une centaine de lecteurs réguliers, et échapper aux inconvénients du carnet confidentiel, dont personne ne connaitra une ligne. J’ai augmenté ma production à l’automne 2009, et l’auto-édition m’a permis de conserver un petit livre par an de tous ces articles peut-être voués à disparaitre, car les données en ligne sont fragiles. J’ai aussi laissé quelques dessins, mais c’est un mode d’expression qui a eu son heure de gloire entre 1960 et 1980, et l’on est déjà passé à autre chose. Il me semble que ce moyen, qui m’a permis à une époque d’exprimer des choses extraordinairement profondes sous un aspect ludique, est passé de mode, et ne correspond plus aux attentes. Et puis, j’ai développé le sens des mots au cours de ma maturité, dont je sens bien qu’il me permet d’aller au-delà du simple dessin, un moyen commode de créer du sens en faisant se rencontrer des éléments éloignés et incongrus.

Il me reste à tenter l’écriture, mais plus celle de ces articles au fil des jours, celle d’un récit qui engloberait ces idées, tout en permettant d’aller plus loin. On peut facilement éditer un court récit, et le rendre très abordable financièrement, essayer de le vendre à quelques lecteurs.Outre que je n’ai pas de sens commercial bien poussé, et que je préférais mettre en ligne sans coût ce que j’écrivais, le blog ne peut convenir à un récit un peu plus long, et qui, pour moi, ne peut se développer qu’à travers un livre.

Autant un chanteur peut rencontrer un public, même modeste, une video peut facilement être vue quelques centaines de fois, autant la plupart des livres n’ont aucun lecteur et finissent au pilon. 99% des écrivains vont ainsi de rien vers rien, sans un lecteur, car ouvrir un livre, après l’avoir acheté, demande plus d’efforts, et ils ne seront pas consentis pour tous ces livres qui attendent.

Le pire dans un livre c’est le cliché, qui le transforme immanquablement en roman de gare. Il faut aussi rencontrer son lectorat, et pouvoir en être compris. Proust disait qu’un livre créait sa postérité, qu’il n’y avait rien avant. On met beaucoup dans un livre, on dissimule entre ses pages des choses intimes, cachées, on est parfois dans le minimalisme, on suggère, on espère que notre finesse rencontrera celle du lecteur, mais on peut ne pas être perçu du tout, une finesse peut passer pour de l’insignifiance.

Le ivre est un travail infini, le populaire croit que tout le monde écrit, les artistes, les vedettes, et que tout est au même niveau, c’est du texte, comme on pourrait avoir de la parole. La subtilité, c’est que tous les textes paraissent n’être formés que des mêmes mots, mais ce n’est pas vrai, et la différence ne saute pas aux yeux. Cela semble même être une activité à la portée de tout le monde.

Rencontrer le lecteur est difficile, il faut qu’il trouve une résonance dans le livre, c’est une complicité, je ne sais qui disait, peut-être Pessoa, que le lecteur écrivait le livre lui-même en fait. Il me semble au contraire, qu’il ne fait que lui offrir sa sensibilité, et résonner avec lui si affinités.

J’ai le sentiment d’arriver au bout de ce qu’offre un blog, une immense chance de présenter ses écrits, la rencontre purement textuelle, avec beaucoup d’autres gens, dont on ignore presque tout, et pourtant avec qui l’on partage beaucoup. Mais, avant qu’il ne soit trop tard, je voudrais aussi laisser un récit, je l’imagine simple, relativement court, accessible, et je voudrais toucher quelques sensibilités, il est impossible que personne n’ait ressenti les mêmes choses que moi, au moins en partie, ou que ces choses soient communicables. J’ai un recul de plusieurs décennies, ce récit pourrait se dérouler n’importe quand entre 1960 et 2010, ou peut-être dans le futur, pour moi la science-fiction n’est aucunement une sous-littérature, c’est un art difficile de mettre le présent en question, et d’imaginer les conséquences sociales et psychologiques des nouvelles techniques.

Ce que l’écrit doit procurer, c’est une possibilité de transmettre des émotions éloignées des clichés faciles, faire ressentir jusqu’au plus fin de la fibre humaine, et créer un monde d’images plus vrai parce que plus condensé que dans la vraie vie.

Je ne sais si j’aurais assez de volonté pour aller au bout de ce projet, dont rien n’existe à l’heure actuelle, pas même une idée, mais dont la nécessité m’apparait de plus en plus forte.



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