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Belle : Cycle André Delvaux

Publié le 07 octobre 2012 par Naira
Belle Cycle André Delvaux

« Mathieu Grégoire, poète archiviste de son état, vit mal le départ de sa fille du cocon familial pour convoler en justes noces avec un chevelu. Un soir, qu’il rentre d’une lecture de ses poèmes, il heurte un chien avec sa Volvo mais continue sa route et rejoint sa femme à Spa. Tourmenté par cet accident, il décide de revenir sur le lieu d’impact et découvre que le chien appartient à une étrange femme muette qui vit en sauvage totale au fond des Hautes Fagnes. Il s’éprend de la Belle et entretient avec elle une liaison. Jusqu’à ce qu’un étranger revienne prendre ses quartiers dans la bicoque en ruines… »


Ce quatrième long métrage du maître Delvaux a la particularité d’être le seul d’après scénario original, entendez signé Delvaux himself. On y retrouve donc encore plus ses thèmes de prédilection : le jeu sensible entre rêve et réalité et la question de la communication à travers la langue. Plus que jamais, le réalisateur joue avec la perception spectatorielle, l’emporte dans des élans oniriques, pour revenir aussi abruptement sur la terre ferme et les basses considérations qu’elle engendre. Ainsi, plusieurs fois nous est-il donné à voir les rêves de Mathieu, méli-mélo d’images étranges dans lesquelles se succèdent le chien, la voiture, sa fille Marie nue dans une gare (cf l’affiche du film et le clin d’œil à son homonyme le peintre Paul Delvaux), Belle, bien sûr…
Belle, cette jeune étrangère qui ne parle pas le français et dont le poète s’éprend pour ne pas s’éprendre de sa fille. Belle, malade, qu’il soigne puis saute et qu’il rêve d’emmener loin de cette vie qui lui devient de plus en plus insupportable. Belle, perdue dans les Hautes Fagnes, si chères à André Delvaux. Belle, enfin qui semble rendre un peu plus son amour à Mathieu, à chacune de ses visites. Mais tout est question de faux semblants et de désirs rêvés. Mathieu prend ses désirs pour la réalité et s’aperçoit trop tard qu’on s’est joué de lui. Le spectateur aussi se demande si on se joue de lui. Impossible de savoir si ce que le film montre à voir est la réalité ou la vision de Mathieu. Tout a l’air réel, puis tout paraît irréel, mais ensuite tout se normalise à nouveau. Dans un paysage de Fagnes magnifié par la caméra, Mathieu court après Belle et, ce faisant, court à sa perte. Mais Belle existe-t-elle ou est-ce une chimère que le poète tente désespérément d’attraper ? A cette question, Delvaux le malicieux a une réponse : « Belle est-elle réelle ou imaginaire ? Si vous pensez qu’elle est imaginaire, allez chercher dans le film des indices qui prouvent le contraire ; c’est très stimulant. Si vous trouvez qu’elle est bien réelle, ce qui est favorable à votre état sentimental, vous trouverez bien d’autres indices qui prouvent le contraire. » A vous de choisir ! Pour ce faire, rendez-vous au Cycle André Delvaux à Flagey, un cycle qui vous permettra de vous familiariser avec un des grands noms du cinéma belge, si tant est que vous vous y rendez avant le 31 octobre.

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