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Marcuse, Culture et société

Par Chalet

Marcuse, Culture et société
Pour changer, le chalet s'aventure aujourd'hui dans de redoutables sables mouvants: la lecture de quelques pages de Marcuse, philosophe avec lequel la génération de mai 68 s'est trouvé beaucoup d'affinités. Au détour d'une échoppe de bouquiniste, nous sommes tombés cette semaine sur Culture et société, publié aux Editions de Minuit en 1970. Il s'agit d'un recueil d'essais écrits par Marcuse, des années 1930 à 1968:
                  - Les fondements philosophiques du concept économique de travail (1933)
                  - La lutte contre le libéralisme dans la conception totalitaire de l'Etat (1934)
                  - Réflexion sur le caractère affirmatif de la culture (1937)
                  - La philosophie et la théorie critique (1937)
                  - Contribution à la critique de l'hédonisme (1938)
                  - L'existentialisme (1948)
                  - Le vieillissement de la psychanalyse (1963)
                  - Industrialisation et capitalisme chez Max Weber (1964)
                  - L'éthique et la révolution (1964)
                  - Remarques à propos d'une redéfinition de la culture (1965)
                  - Liberté et théorie des pulsions (1968)
                  - La notion de progrès a la lumière de la psychanalyse (1968)

Marcuse, Culture et société

Mai 68, affiche.


C'est le premier essai qui a plus particulièrement attiré notre attention. Qui ne s'est jamais posé la question du sens de son travail et du travail en général? Bien incapable ne serait-ce que d'esquisser une critique de cet essai, nous nous bornerons à citer le passage qui nous a le plus marqué, page 46.
 "C'est seulement dans le travail et à partir du moment où il travaille que l'homme, en tant qu'il est historique, devient réel, qu'il accède à un état déterminé dans l'histoire. L'individu qui est devant sa machine, qui extrait du charbon, qui sert les clients derrière son comptoir, qui est intégré dans un appareil bureaucratique, qui enseigne, est sorti de la sphère prive du soi et a pris sa place dans un monde environnant déjà subdivisé, articulé, façonné, divisé en plusieurs états, professions, classes, etc. C'est seulement parce que le travail se trouve dans une situation qui lui pré-existe que l'individu est enraciné à une place qui n'a pas sa pareille dans le monde historique et de son mouvement et qui conditionne la possibilité de son existence, de l'acceptation, et de la modification de sa situation. Avant le travail et en dehors de lui, autrement dit avant la pratique au service de la production et de la reproduction et en dehors d'elle, l'existence humaine a peut-être beaucoup de possibilités mais elle ne peut en réaliser un seule; par le travail, en revanche, elle s'est donné un éventail déterminé de possibilités: elle a acquis une permanence historique."
Marcuse, Culture et société

L'essai "Remarques à propos d'une redéfinition de la culture", reprend quant à lui un des grands thèmes de Marcuse: l'asservissement sournois de l'humanité par la société de consommation.

Marcuse, Culture et société

Yoyogi Village, un mall culturel à Tokyo.

"L'absorption administrative de la culture par la civilisation est le résultat de la direction actuelle du progrès scientifique et technique, de la soumission croissante des hommes et de la nature à des forces qui organisent cette soumission et qui utilisent l'élévation du niveau de vie pour fixer et éterniser leur mode de lutte pour l'existence.(...) Education à l'indépendance intellectuelle et personnelle, - on a l'impression qu'il s'agit d'un but universellement reconnu. En réalité, il s'agit d'un programme qui n'est que trop subversif et qui inclut la violation de quelques-uns des tabous démocratiques les plus puissants. Car la culture démocratique en vigueur favorise l'hétéronomie sous le masque de l'autonomie, entrave l'épanouissement des besoins en faisant mine de les promouvoir et restreint la pensée et l'expérience sous les prétextes de les élargir et les étendre à l'infini. La majorité des hommes jouissent d'une large liberté d'action quand il s'agit d'acheter ou de vendre, de chercher ou de choisir un travail; ils peuvent exprimer leur opinion et sont libres de leurs mouvements, mais leurs opinions ne transcendent à aucun moment le système social établi, qui détermine leurs besoins, leurs choix et leurs positions. La liberté elle-même agit comme un moyen de mise au pas et de limitation."

Marcuse, Culture et société

En même temps, tant qu'on peut choisir son gâteau....


Pour aller plus loin on peut citer deux ouvrages majeurs de Marcuse: Eros et civilisation (1955) et L'homme uni-dimensionnel (1964). 
Enfin, pour se replonger dans les préoccupations des étudiants de l'époque, le recueil suivant nous parait des plus interessants:,La fin de l'utopie (1968) — Compte-rendu des débats organisés par le Comité des étudiants de l'Université libre de Berlin-ouest du 10 au 13 juillet 1967.



















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