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Ne surveillez pas ce que vos enfants font sur Internet !

Publié le 29 septembre 2012 par Guy Deridet

Un article de Katie Roiphe sur Slate.fr qui va complètement à contre-courant des idées habituellement reçues sur ce sujet et nous amène à nous poser des questions sur nos rapports avec nos enfants. Il est toujours bon de se poser des questions, surtout avec les enfants.



Ne surveillez pas ce que vos enfants font sur Internet ! Avant, quand on était petit, on pouvait faire du vélo ou jouer dehors sans surveillance jusqu'au dîner. Internet pourrait bien être cet espace ouvert permettant aux enfants d'explorer le monde extérieur.

La scène se passe chez moi: à presque 9 ans, ma fille est sur Internet à papillonner sans que je sois derrière elle, ni ne cherche même à la surveiller.

Est-ce de la négligence? Suis-je en train de la jeter dans la gueule du loup? Ne sachant pas quoi faire de ces épineuses questions, je suis allée déjeuner avec l'universitaire et chercheuse chez Microsoft, danah boyd (elle écrit son nom en minuscules pour de complexes raisons esthétiques et philosophiques), qui a étudié toutes ces problématiques de manière originale et stimulante.

boyd a un piercing sur la langue, porte de longues mitaines, des bas à rayures noires et blanches, et avec son débit très rapide, elle ressemble à un personnage du Dr. Seuss mâtiné à la sauce visionnaire. C'est une intellectuelle et une pionnière, avec une formation qui mélange informatique, anthropologie et étude des médias.

En d'autres termes, une sacrée énergumène. Dès qu'elle ouvre la bouche, elle fait un million de connexions –je n'ai jamais approché d'aussi près quelqu'un qui parle couramment l'hypertexte–, mais elle sait aussi faire preuve d'empathie, être sensible aux nuances des affects.

Le cœur des impressionnantes recherches menées par boyd sur les enfants consiste à dire que l'hystérie dans laquelle nous plonge souvent Internet n'a pas lieu d'être. «Certains jours, j'ai l'impression que mon unique but dans la vie est de faire office de disque rayé et de tenter désespérément de rappeler aux gens que “les enfants vont bien”... “les enfants vont bien”... “les enfants vont bien”», a-t-elle d'ailleurs écrit.

Panique morale

boyd lie nos peurs d'Internet –ces adolescents qui affrontent des situations d'adultes, tombent sur des contenus explicites ou rencontrent des inconnus–, à l'histoire de la panique morale qui tourne souvent autour de la technologie, de la sexualité et de la jeunesse. Sa panique morale préférée, m'a-t-elle confié, est celle associée aux machines à coudre, vues autrefois comme une menace contre la pureté des femmes car elles y frottaient leurs jambes.

D'une certaine manière, l'absurdité pittoresque de cette terreur des machines à coudre est en plein dans le sujet: de quoi avons-nous peur? Un ami m'explique qu'il craint que son fils chéri, âgé de 12 ans, se voie pour ainsi dire métamorphosé par la pornographie en ligne. Va-t-il tomber sur ce genre de trucs et se transformer en une espèce de monstre? Mais, comme le dit boyd, «l'exposition à un contenu est une question bien plus complexe. S'exposer à de la pornographie n'a pas automatiquement les conséquences que la plupart des gens redoutent».

Evidemment, elle ne dit pas que les enfants devraient être exposés à de la pornographie, mais plutôt que les réactions varient selon les enfants. A titre de comparaison, elle déclare que lorsqu'un homme de 40 ans est alcoolique, il ne s'agit pas de savoir s'il a été exposé à de l'alcool à 21 ans.

En analysant ces questions, elle a étudié la réaction d'adolescents à Chatroulette, un site de chat vidéo lancé en 2009 où les internautes discutent avec des inconnus du monde entier. (Et nous ne parlons pas ici d'enfants de 9 ans, mais d'un groupe un peu plus âgé).

On a beaucoup glosé sur le risque pour les adolescents d'y trouver un type en train de se branler et d'être traumatisés, ou de tomber ensuite mystérieusement dans les filets d'une vie de débauche, mais boyd affirme que lorsque les adolescents croisent le corps flasque et chauve d'un homme rivé à sa webcam et s'adonnant à des actes sexuels, ils poussent en réalité un simple «beurk» et passent à quelqu'un d'autre.

«C'est peut-être l'une des meilleures campagnes de promotion de l'abstinence», s'amuse-t-elle. Son argument, c'est que nos pires angoisses sur la confrontation de nos enfants à du matériel pornographique, et sur ce qui se passe au moment-même où ils voient de la pornographie, sont peut-être exagérées et irrationnelles.

La suite ici
Ne surveillez pas ce que vos enfants font sur Internet ! N.D.L.R
En ce qui me concerne, je suis tout à fait d'accord avec Mme Roiphe.

Il faut cesser de vouloir à tout prix protéger nos enfants car l'éducation, à mon sens, ce n'est pas préserver à tout prix ses enfants, c'est leur permettre de s'insérer sans trop de problèmes dans la société qui comporte dés avantages mais aussi de nombreux inconvénients. Il faut de plus, autant que faire se peut, faire confiance à sa progéniture.

En tout état de cause dites-vous bien qu'en dépit de tout ce que vous pourrez tenter pour les préserver, ils feront ce qu'ils voudront. En matière de protection par rapport à Internet par exemple peu de parents sont actuellement capables de contrôler ce que font leurs enfants. Et même si vous êtes un expert en informatique, votre enfant pourra toujours aller voir ailleurs comment ça se passe. Ce qu'il faut en fait c'est, comme toujours, dialoguer le plus possible avec votre enfant, et être capable en permanence de détecter ses problèmes éventuels, à propos d'Internet ou de tout autre choses.

Personnellement, lorsque j'ai eu 14 ans, mon beau-père, grand amateur d'érotisme et de pornographie, m'a pris à part et m'a ouvert en grand les portes de sa bibliothèque très particulière. Bien entendu à l'époque, je vous parle des années 60, il n'y avait pas d'Internet et on ne parlait pas encore de sexe à la radio. Je me suis trouvé donc dans la même situation qu'un gamin d'aujourd'hui face à Internet.
Je ne suis pas devenu pervers sexuel pour autant. En revanche, ma sexualité ne m'a jamais posé aucun problème et la "culture" sexuelle que j'ai acquise depuis mon plus jeune âge m'a toujours été de la plus grande utilité. Et pour mon plus grand plaisir.

Comme il est dit fort justement dans cet article, si un enfant tombe sur un site particulièrement "dégueu" comme ils disent, il fera "beurk" et il passera à autre chose. S'il ne fait pas "beurk", ce qui est toujours possible, ce ne sera pas la faute à Internet mais à une facette de sa personnalité qui existait chez lui avant d'être confronté à Internet. Et à laquelle il conviendra peut-être, en qualité de parents, de s'intéresser de plus près.

Même chose s'il s'avère qu'il préfère regarder les histoires de fesses entre garçons... Ce n'est pas sale, comme dit le docteur Difool, et c'est encore moins une maladie.

S'il tombe dans la masturbation compulsive et que sa santé ou ses notes de classe en pâtissent, il faudra simplement faire en sorte, si c'est possible, qu'il passe moins de temps sur Internet.

Enfin, comme il est dit également dans cet article, les prédateurs sexuels se trouvent rarement sur Internet mais plus souvent dans l'entourage immédiat. Donc, facilement repérables, à condition de regarder autour de soi. Encore une fois, c'est aux parents de faire, comme on disait dans le temps, attention à leurs enfants.

Beaucoup de psychologues observent, en ce moment, que le contact des enfants avec la pornographie par l'intermédiaire d'Internet (qui existait déjà avant Internet avec les cassettes pornos piquées aux parents, aux parents des copains) n'a pas de conséquences aussi dramatiques que certains se plaisent à le dire. Internet, en fait, remplace souvent l'éducation sexuelle que ni les parents ni l'école ne sont actuellement capables de délivrer aux enfants.

La publicité à haute dose, en revanche, qui est infligée de nos jours aussi bien aux enfants qu'à leurs parents me semble beaucoup plus nocive à long terme, que la pornographie sur Internet. Cette publicité omniprésente qui fait de nos enfants, et souvent de leurs parents, des consommateurs passifs, sensibles uniquement aux aléas de la mode, et des citoyens indifférents, insensibles à la misère humaine.

Pour terminer, je rappelle que cette phobie de la pornographie sur Internet qui viserait nos enfants, nous vient des États-Unis, comme le politiquement correct à la sauce républicaine. Il se trouve que le premier pays du monde en ce qui concerne l'exportation de la pornographie c'est l'Amérique !

Il est réconfortant de voir que c'est une américaine, professeur à l'université de New York, qui a écrit cet article, un des (très) rares actuellement à préconiser la liberté (contrôlée) en matière d'accès des enfants à Internet.

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